© Domenech dans l'Equipe du jour?
Domenech : «Lourd le hasard»
Le sélectionneur reste optimiste (L'Equipe)
Raymond Domenech a sévèrement critiqué l'arbitrage, mardi, deux jours après que Patrick Vieira a inscrit un but de 2-0 valable mais refusé contre la Corée du Sud (1-1). «Nous, on peut constater que sur deux matches, il y a eu trois décisions qui nous pénalisent vraiment, a indiqué le sélectionneur des Bleus en référence à la main de Muller non sifflée contre la Suisse (0-0) et à la suspension de Zidane. Je ne l'explique pas. Je trouve que ça fait lourd le hasard. » Après avoir visionné Suisse - Togo (2-0), le sélectionneur «pense que les Suisses ont été largement favorisés par l'arbitrage sur les deux premiers matches, car il y a aussi penalty non sifflé pour le Togo.» Voici le détail de sa pensée :
« Raymond Domenech, après ces deux matches nuls, le pessimisme s'est installé en France autour de votre équipe. Le comprenez-vous ?
Je ne le comprends pas. Et je ne l'explique pas. Ce qui compte, c'est ce que l'équipe vit, ce qu'elle a encore à vivre à l'intérieur du groupe. Ce que vous traduisez, vous journalistes, c'est votre logique. Nous, on sait que l'avenir dépend de nous. Avec une victoire de deux buts d'écart contre le Togo, nous sommes en huitièmes de finale et nous continuons à exister. Je n'y peux rien si ça vous inspire la morosité. Ce qu'il y avait contre la Corée devrait donner espoir. On demande seulement aux arbitres de nous accorder les buts qu'on marque ou de siffler les penalties quand ce doit être le cas. Une première fois, on n'a rien dit, seulement qu'ils avaient le droit de se tromper.
Vous avez trouvé l'arbitrage inquiétant depuis le début du tournoi ?
C'est inquiétant, oui. Ça tombe deux fois sur nous, c'est un petit peu lourd. Ce sont des fautes évidentes. Sur le penalty contre la Suisse, à la rigueur, on peut être mal placé. Mais si on ajoute à ça le but refusé à Vieira et le carton jaune donnée à Zidane contre la Suisse, je constate que ça ne s'équilibre pas, comme on le dit souvent. J'ai vérifié : il n'y a pas eu d'autre carton distribué pour un coup franc vite tiré. On veut bien être gentil, mais on attend aussi que les arbitres dressent sans attendre un bilan.
Quand Sepp Blatter (président suisse de la FIFA) observe que la France ne peut s'en prendre qu'à elle-même car elle tenait ce match en main, que lui répondez vous ?
Rien. A part la chose suivante : s'il faut marquer six buts pour se mettre à l'abri, si le deuxième ne suffit pas et si les arbitres ont le droit de nous refuser des buts parce qu'ils pensent qu'on est trop forts, je peux être d'accord avec lui. On ne peut pas dire ça... Il faut distinguer deux choses complètement différentes : le jeu et l'arbitrage. Sur le jeu, chacun a le droit de donner un avis technique. Blatter a été joueur, je respecte ça, et je vous accorde que si on avait converti toutes nos occasions, on en serait à 180 buts sur 20 matches. Pour le reste, on ne peut pas accepter des fautes d'arbitrage répétées en notre défaveur.
Pour résumer, la France est désavantagée par l'arbitrage ?
Sur les deux matches, oui. On a un but refusé qui peut faire 2-0 à chaque fois. "Zizou" est suspendu pour avoir tiré un coup franc sans se précipiter et alors que tout le monde est en place. Ça fait beaucoup. C'est un constat. On n'a pas les moyens de se dire : "ah tiens, on a été avantagé sur ce coup-là"...
Et le deuxième carton de Zidane, contre la Suisse ?
Ça se situe dans le même le registre. C'est très pointilleux. S'il mérite un carton là-dessus, il n'y a pas beaucoup d'équipes qui vont finir à onze. Il y a une forme d'excès dans ces décisions qui me paraît surprenante. Je n'en connais pas les raisons, mais on peut constater que sur deux matches, trois décisions nous pénalisent vraiment. Ça peut être le hasard, mais ça fait lourd le hasard quand même...
En somme, les résultats ont été faussés ?
Pour le moment, oui, je peux le dire. Je pense que les Suisses ont été largement favorisés sur deux matches par l'arbitrage, c'est vrai. Sur deux coups bien particuliers. Il y avait aussi penalty pour le Togo. Patrick Müller semble avoir le droit de jouer au handball dans la surface de réparation.
Une telle situation peut-elle marquer les joueurs ?
J'espère que ça les marque dans le sentiment de la révolte. Ces décisions, c'est de l'injustice. Pour un sportif de haut niveau, ça n'entraîne pas de l'abattement mais de la révolte. On sait qu'il faut lutter contre ça. On va se battre.»
Pour en revenir à notre première question, ne pensez-vous pas que vos joueurs contribuent au pessimisme ambiant en donnant une image triste d'eux-mêmes, renfermés. Ils ne sont pas allés saluer les supporters samedi...
Je suis content que vous me posiez cette question. Je trouve que si on a commis une faute dans ce match, c'est vraiment celle-là. On se doit d'y aller, parce qu'on doit rendre quelque chose aux supporters. Leipzig, c'est le bout du monde. Là, je plaide coupable, l'équipe, nous plaidons coupable. On essaiera de faire en sorte que cela ne se renouvelle pas. Je le regrette mais je comprends aussi le dépit des joueurs. Il n'y a pas d'excuses, je ne peux pas dire plus. On leur dit, pourtant, d'y aller. Il y a des gens qui font des kilomètres pour venir. Ils étaient nombreux, ils étaient bruyants et ils ont participé.Il y a des explications mais pas d'excuses. Pour le reste, l'image qu'on renvoie est celle que vous colportez. Nous, on veut donner l'image d'un groupe solide qui fait tout pour ne pas se disperser. Si vous voulez mettre autre chose, je n'y peux rien. Les joueurs ont l'expérience du Portugal en 2004 et du Japon - Corée en 2002, où ils ont rencontré ces problèmes. Les journalistes leur avaient reproché de se disperser à l'époque ! Ils font ce qu'il ont à faire : se concentrer sur le jeu.»
"Patrick Müller semble avoir le droit de jouer au handball dans la surface de réparation."
"Les socialistes, c'est comme Christophe Colomb, quand ils partent, ils ne savent pas où ils vont et, quand ils arrivent, ils ne savent pas où ils sont" © Winston Churchill
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