Cisco raconte dans Sud Ouest sa relation avec les joueurs, avec son ton bougon.
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« Je ne vais pas affirmer que l'on est bon, quand on n'est pas bon. Si je passais mon temps à dire que tout va bien, depuis trois ans, on serait en National ! ça fait partie du métier d'entraîneur de dire quand ça va mal. Je fais un constat. Je dit voilà ce qu'on a fait, voilà ce qu'il faudrait faire. »
Selon lui, les joueurs ne sont de toute façon pas dupes. « Ils savent quand ils ont été mauvais. Mais ils aiment bien qu'on leur dise ce que l'on ressent. Ce n'est pas pour détruire, c'est pour progresser, pour faire avancer les choses. Après, il y a une façon de dire les choses aux joueurs. Ce n'est jamais en public et toujours avec le respect des joueurs. »
Eux préfèrent la sincérité des sentiments, les relations fondées sur la confiance. Au fil des années, le coach sochalien a su tisser des liens solides avec les hommes qu'il a dirigés et ils le lui rendent bien. D'ailleurs, certains d'entre eux l'appellent toujours, comme Seydou Keita et, plus surprenant, El-Hadji Diouf. « Seydou, quand il était à Lens, je lui reprochais de ne pas marquer de buts. Je lui ai dit " tu es milieu de terrain mais tu ne vas jamais dans la surface. Il y a pourtant des opportunités." »
Cette année-là, Keita signa douze buts en évoluant au poste de milieu défensif ! « Aujourd'hui il s'en souvient. Il est à Barcelone et j'en suis très heureux ! », affirme notre homme. « Je ne sais pas si c'est grâce à moi, mais si je n'étais pas allé le titiller de temps à autres, peut-être qu'il n'en serait pas là. »
Il en va de même pour le joueur de Blackburn Rovers. « Diouf m'a appelé la semaine dernière », témoigne Gillot. « Pourtant, Dieu sait si je l'ai secoué, il y a dix ans quand il était à Sochaux. Mais jamais je ne l'ai insulté. Aujourd'hui, peut-être est-il content de se trouver là où il est. »
Le coach sochalien reste modeste face à la réussite de ses anciens élèves, dont il ne tire aucune fierté. « Il ne faut pas se la raconter », affirme-t-il. « Ce sont les joueurs qui font l'entraîneur et non pas l'inverse. On fait notre boulot. Si on peut apporter quelque chose à un joueur, on essaie de l'apporter. Mais un bon joueur est bon avec n'importe quel entraîneur. » Il n'empêche, Francis Gillot est un découvreur de talent, qui ne craint jamais d'accorder sa confiance aux jeunes. Dernier en date, Pierrick Cross, gardien de but talentueux, lancé du jour au lendemain à Gerland et qui, du haut de ses 19ans, sut s'imposer avec une belle autorité. « Personne ne pourra me reprocher de ne pas avoir lancé de jeunes », lâche-t-il. « Cross, c'est le 14e ou le 15e que je lance. » Dont le nom est venu s'ajouter à celui de Mervin Martin, 22 ans, à qui Gillot, en début de saison, confia les clés du jeu, dans un style offensif, à deux attaquants.
Cela marche pourtant, puisque le FC Sochaux occupe la 10e place de la L1. Gillot sait cependant qu'il est condamné à voir ses joueurs partir ailleurs et à recommencer. « On a failli payer très cher le départ d'Erding il y a deux ans. Martin, il n'est pas prévu qu'il parte. Mais c'est sûr que si l'on veut constuire, à un moment donné, il va falloir garder nos meilleurs joueurs… »