jeudi 30 mars 2006, 16h59
Jacques Chirac promulguerait le CPE dès vendredi
LE RECOURS AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
PARIS (Reuters) - Le Conseil constitutionnel devrait valider la loi sur l'égalité des chances, qui serait promulguée dès vendredi par le président Jacques Chirac, apprend-on de sources parlementaires.
L'article 8 de cette loi institue le contrat première embauche (CPE) dont le retrait est exigé par les organisations syndicales, l'opposition de gauche et des centaines de milliers d'étudiants et lycéens qui ont manifesté à plusieurs reprises dans la rue.
Les neuf "Sages" du Conseil constitutionnel devraient rendre leur décision jeudi en début de soirée, aux alentours de 19h30, a-t-on précisé de mêmes sources.
Jacques Chirac, dont l'intervention est attendue, devrait s'exprimer à la suite de la promulgation de la loi, vraisemblablement vendredi soir, a-t-on indiqué.
Forts d'une mobilisation mardi dans la rue sans précédent depuis 1968, douze syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens ont appelé à une nouvelle journée de grèves et de manifestations mardi prochain, le 4 avril.
Ils ont aussi demandé à Jacques Chirac d'intervenir pour que le CPE soit abandonné, ce qui ne serait apparemment pas le cas.
Un passage en force du CPE serait lourd de conséquences, a prévenu jeudi le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.
"Il semble que la majorité parlementaire et le président de la République choisissent d'ignorer le discrédit qui frappe l'action gouvernementale pour imposer, par un passage en force, la mise en oeuvre du CPE", écrit-il dans un communiqué.
"Ce serait une décision très lourde de conséquences."
"Les salariés ne comprendraient pas qu'en ces circonstances de petits calculs politiques inspirent le chef de l'Etat", ajoute le leader de la première confédération syndicale du pays.
LA GAUCHE UNIE
Un nouveau sondage publié jeudi confirme l'opposition des Français à ce nouveau contrat de travail réservé aux moins de 26 ans et doté d'une période d'essai de deux ans pendant laquelle un employeur peut licencier sans justification.
Cette enquête CSA pour le journal Le Parisien montre que 42% des personnes interrogées estiment que la mesure doit être suspendue "le temps de trouver une solution" et 41% veulent son retrait. Seuls 12% des sondés veulent le maintien du CPE.
La crise du CPE explique aussi la rechute au mois de mars de la confiance des ménages qui se redressait depuis trois mois après le point bas touché en novembre, sous l'effet des violences urbaines qui avaient agité les banlieues.
L'indicateur résumé du moral des ménages est passé à -26 ce mois-ci après -24 en février.
Les retombées négatives de deux mois de crise entament aussi nettement la cote de popularité du Premier ministre.
De 47% d'opinions positives en janvier, Dominique de Villepin est passé à 29% en mars, son plus mauvais score depuis qu'il a été nommé à Matignon en juin dernier, selon le baromètre CSA pour La Vie et France Info.
Le chef de l'Etat a affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours sa "pleine confiance" en Dominique de Villepin.
Sa dernière intervention remonte à vendredi dernier, à l'issue du sommet européen de Bruxelles. Il avait alors exclu tout retrait du CPE, refusant les "ultimatums" de la rue.
Réunis au sein d'un comité de riposte à la politique de la droite, partis et organisations de gauche préparent une déclaration commune anti-CPE qu'ils présenteront vendredi matin.
Les responsables de onze organisations seront présents à l'Assemblée nationale lors d'une conférence de presse pour appuyer cette initiative, dans la droite ligne du comité formé début février sur les ruines de l'ancienne gauche plurielle.
En mobilisant mardi entre un et trois millions de manifestants dans toute la France, les syndicats et les jeunes hostiles au CPE ont fait la démonstration de leur puissance dans le bras de fer qui les oppose au Premier ministre.
Dans une déclaration publiée mercredi après une réunion à Paris, les douze organisations syndicales opposées au CPE estiment "urgent que les plus hautes autorités de l'Etat prennent la mesure de la situation".