Posté 02 juin 2024 - 10:06
Je suis plutôt d'accord avec Tool.
Sur le plan personnel, les émotions comptent plus que tout dans mon rapport au football. C'est pour cela que l'épopée du FCSM avec Renard m'importe plus que les statistiques de Mbappé, ou que les 2 minutes mémorables que ce dernier nous a offert en finale de CDM au Qatar m'ont finalement plus marqué que toute la finale de 2018.
C'est pour cela que je serai toujours plus fasciné par George Best, Mickael Pagis et Dennis Bergkamp que Cristiano Ronaldo, Messi et Neymar.
Je cherche des émotions, chez les hommes et dans les récits qu'ils écrivent, qu'importe au final les palmarès. Ce Real de Madrid gargantuesque depuis 10 ans me laisse froid comme du marbre.
Mais sur le plan du sport en tant que tel, s'il faut y poser un regard clinique et impersonnel, je suis désolé de dire que la France, ce n'est pas le tiers-monde du football, mais pas loin.
Vos combats de chiffres et d'indices UEFA, pour moi, c'est au mieux du charabia, au pire de l'arnaque. Calquer des pourcentages sur des performances sportives selon des barèmes un peu obscurs et des exigences financières et mercantiles, non seulement je m'en fous, mais ça ne dit strictement rien de l'attrait et des performances véritables d'un pays.
Que la France du foot en soit rangée depuis 15 ans à être béat d'admiration devant le PSG version Qatar, attendant chaque année sa potentielle victoire en LDC comme une sorte de libération et d'expiation d'une malédiction millénaire (qui n'est en réalité qu'une médiocrité structurelle), veut absolument tout dire du niveau moyen de nos championnats, et surtout que les Pays-Bas et le Portugal n'ont pas grand chose à nous envier dès lors qu'ils ont des Ajax, PSV, Feyenoord, Porto, Benfica, Sporting, largement capables de rivaliser avec ceux que nous prétendons être nos meilleurs clubs derrière le QSG (Marseille, Lille, Lyon, Monaco, Rennes).
Mais ces derniers, en effet, pour au moins certains d'entre eux, gagnent sur le terrain continental.
C'est ainsi. C'est une culture.
Une culture de la gagne, une culture du sport, une culture de l'effort, une culture du respect, de l'engagement, d'une institution.
Il ne faut pas négliger l'existence d'une sorte d'imprégnation séculaire d'un état d'esprit qui se transmet inconsciemment d'années en années, bien que les joueurs passent, et qui fait que tu ne joues pas à l'Ajax comme tu joues à De Adelaarshort, ou à Porto comme à Estoril.
En France, même dans des clubs comme Marseille, on subit une forme de paupérisation généralisée des esprits qui tirent vers le bas et donne la sensation qu'un Clauss y joue comme il jouerait à Toulouse.
Ce qui fait que l'OM arrive de temps en temps en demi-finale d'une tierce coupe d'Europe, parce qu'ils ont un peu plus de sous et donc des meilleurs joueurs que Trabzonspor, génial, mais sans ne jamais gagner, parce qu'ils finissent toujours pas trouver face à eux un club, une ville, un pays qui pour X raisons a su préserver un état d'esprit de gagneur et dont la France s'est délestée, au profit d'un seul club qui n'est d'ailleurs qu'une sorte de franchise NBA, et non un club de foot.
Il faut vraiment que vous vous rendiez compte combien on passe pour des rigolos à l'étranger avec nos clubs français, le tout PSG et les guignols qui leur servent de faire-valoir.
Moi qui connais très bien l'Angleterre, je peux certifier combien un Anglais respecte cent fois plus le FC Porto ou l'Ajax Amsterdam que Lyon. Lyon n'existe pas dans leur esprit. Et l'OM n'est perçu que comme une bande de troubadours sudistes agités bons à les divertir de temps en temps.
En fait, la France n'est perçu, pour les grands pays européens, que comme un centre de formation géant, comme le Portugal ou les PB, mais la différence, c'est qu'il est juste indigne pour la France d'avoir ce statut là en 2024, eu égard au rang supposé du pays dans le monde, alors que le Portugal est à sa place.
Alors je le redis, ce n'est pas quelque chose qui m'importe, je me fiche globalement des palmarès qui ne font plaisir au final qu'aux supporters des clubs qui trouvent leur armoire se garnir de trophées - et je serai très heureux que le FCSM en remportent encore - mais d'un point de vue objectif et rationnel, le sport, et s'il faut parler de comptes d'apothicaires, c'est la gagne. Le sportif travaille pour cela. Le supporter va chercher autre chose (en tout cas pour beaucoup d'entre eux, il y a ici même des gens qui ne sont obnubilés que par les statistiques plutôt que par les émotions) mais le joueur et le club, eux, sont programmés pour gagner. Et gagner une Ligue des Champions restera toujours plus significatif que faire 3 demi-finales en 20 ans.
Il ne sert à rien de prétexter le temps long pour expliquer que l'OM est plus grand que Porto, il n'y a pas de travail du temps long à Marseille où l'on change tous les joueurs chaque année et l'entraîneur tous les six mois.
Le temps long, c'est une atmosphère à préserver qui, malgré des moyens parfois limités, transmet un état d'esprit et permet de temps en temps d'aller décrocher le Graal. C'est ce qui se passe à Porto, au Benfica, à l'Ajax. C'est ça le temps long. Une humeur.
La France n'a pas cela, elle débat pendant des semaines d'arrêter les matchs en cas de "ho hisse enculé" descendu des tribunes. Pendant ce temps, Porto va gagner sa Coupe d'Europe.
Ça me paraît hiérarchiser assez clairement les compétences des uns et des autres.
"Hé camarade, si les jeux sont faits, au son des mascarades on pourra toujours se marrer !"