Gillot: "Une certaine fraîcheur"
29/02/2008 - 11:47 Débarqué dans le Doubs cet hiver en remplacement de Frédéric Hantz, Francis Gillot a redonné envie et confiance à une équipe sochalienne qui voyait l'espoir de rester en Ligue 1 s'envoler. Avec sept points pris en onze matches, l'ancien entraîneur de Lens a l'esprit entièrement tourné vers le maintien et Sochaux ne compte plus que quatre points de retard sur le premier non relégable. Pour le natif du Nord, "cela va se jouer sur la dynamique", et ce dès samedi avec la réception de Rennes pour le compte de la 27e journée de Ligue 1.
Quel bilan tirez-vous de vos deux mois à la tête du FC Sochaux Montbéliard ?
Nous avons pris onze points en sept matches de championnat et nous sommes toujours qualifiés après deux tours de Coupe de France, donc c'est plutôt un bilan satisfaisant. Je pense tout de même que nous aurions pu avoir trois ou quatre points de plus, notamment contre Lille, Caen et même à Monaco. Nous sommes dans une phase où cela va mieux, où nous sommes beaucoup plus performants, personne ne nous a surclassés et c'est un bon point. Même à Lyon, à 1-1 à quinze minutes de la fin, on pensait plus prendre un point voire trois plutôt que d'encaisser trois buts dans le dernier quart d'heure ! C'était tout de même satisfaisant au niveau de la manière, nous progressons. Nous savons qu'il y a des matches compliqués qui arrivent, notamment à Toulouse face à une équipe qui va jouer le maintien comme nous. Les deux, trois prochains matches seront donc importants au niveau du contenu et par rapport au résultat que l'on pourra obtenir face à ces équipes.
Vous êtes donc revenu à Sochaux, club où vous avez débuté votre carrière d'entraîneur, avec notamment un titre de champion de France des moins de 18 ans en 2003 avec des joueurs comme N'Daw, Sène ou Quercia...
J'ai débuté dans le Doubs aux côtés de François Blaquart (nommé la même année que moi), qui était directeur du centre alors que j'étais entraîneur des jeunes. J'ai pu apprendre mon métier avec lui puisque pendant trois années nous étions dans le même bureau, il avait de l'expérience et cela m'a aidé à bien lancer ma carrière. En 2003, Quercia était dans la catégorie des 16 ans, je le prenais parfois et il était sur le banc lors de la finale, Sène était également remplaçant alors que N'Daw occupait une place de titulaire. Après, ceux qui jouent ont été contents de me revoir, alors que ceux qui ne jouent pas l'étaient forcément moins ! (Rires) Mais je n'ai pas de préférence et je mets tout le monde sur le même pied d'égalité.
Avec le retour des joueurs présents à la CAN ainsi que des blessés vous commencez à vous rapprocher de votre équipe-type ?
On s'en rapproche depuis un petit moment quand même, notamment au niveau de la base des huit ou neuf joueurs qui jouent régulièrement. Après, nous avons des joueurs comme Grax ou Traoré qui reviennent après avoir été blessés ou suspendus, d'autres qui ont bien assuré l'intérim des Africains, et tout cela nous donne une certaine fraîcheur. Beaucoup de joueurs ont été blessés longtemps comme Jérémie Bréchet ou Omar Daf, et j'espère qu'ils vont nous amener leur envie sur les douze derniers matches. Dans beaucoup d'autres clubs, certains joueurs ont joué toute la saison et commencent un peu à tirer la langue, alors que chez nous beaucoup de joueurs ont juste une dizaine de matches dans les jambes, ce qui va être intéressant pour la fin du championnat.
"Il y avait pas mal de choses à rectifier"
Lors du mercato, vous avez recruté l'ancien buteur du Havre, Kandia Traoré, alors que vous comptiez déjà sept d'attaquants au sein de votre effectif. Comment se passe la concurrence ?
Kandia Traoré, je le connais depuis son passage au Havre, j'étais encore entraîneur à Lens et Didier Sénac était allé le voir, et nous avions de très bon rapports sur lui. C'est un buteur et beaucoup de clubs le suivaient de près. Je n'avais pas eu d'informations sur lui depuis son passage à Dubaï, mais lorsque j'ai su qu'il était libre et qu'il nous fallait un buteur, c'était l'occasion de le faire venir. Il a malheureusement été suspendu pour trois matches lors du match de Coupe contre Montpellier, ce qui était embêtant vu qu'il manquait déjà de compétition. En ce qui concerne la concurrence, c'est leur problème !(Rires). Mais c'est vrai que je préfère avoir le choix, car contre Caen par exemple, j'ai du composer sans Erding et Traoré qui étaient suspendus. Après cela fait partie de leur boulot, on ne peut pas partir avec seulement onze joueurs, et ils savent très bien qu'il y a de la concurrence, que ce soit au cours des entraînements ou des matches.
Beaucoup d'observateurs louaient la qualité du jeu sochalien malgré les défaites. Qu'en pensez-vous ?
J'ai fait taire tout ça, car les gens qui disent que nous jouons bien et que nous perdons, cela ne m'intéresse pas. C'est vrai que c'est quelque chose que j'ai souvent entendu, et j'ai demandé à ce que l'on n'en parle plus. Si nous perdons, c'est qu'il y a une raison donc on essaie d'améliorer les choses. Je préfère bien jouer, prendre des points et que nous nous sauvions. Je pense que l'on peut bien jouer et gagner des matches mais il y a d'autres éléments qui peuvent rentrer en compte comme le manque de réussite, les décisions arbitrales...ou d'autres choses à modifier. Bien jouer ne veut pas dire ne pas être agressif, ne pas faire d'efforts dans la récupération du ballon. Il y avait pas mal de choses à rectifier, et nous avons essayé de le faire. Après, nous sommes loin d'être sauvés, et nous allons faire le maximum. Même en faisant les choses correctement, c'est dur de se sauver, nous allons donc essayer d'avoir un peu plus de réussite que depuis le début de saison.
Comment appréciez-vous le parcours de Lens, que vous avez quitté cet hiver ?
Ce sont des joueurs que j'ai eu pendant trois ans, que j'ai apprécié et je peux dire que nous avons bien travaillé ensemble. Quand je les vois gagner ça me fait plaisir, parce que franchement, j'avais des bons mecs et cela m'a un peu embêté de les quitter. Quand on voit leur demi-finale de Coupe de la Ligue, on se rend compte qu'il y a quand même eu des choses intéressantes de faites depuis trois ans avec eux et le fait de les voir se qualifier pour la finale au Stade de France procure une émotion particulière car nous entretenions de très bons rapports.
"Nous ne nous occupons pas des autres"
Dans un championnat aussi homogène, la moindre série de bons ou mauvais résultats peut s'avérer déterminante.
Cela fait trois ans que cela dure. J'avais fait le même constat l'année dernière, ainsi que l'année d'avant lorsque j'entraînais Lens. Je me souviens notamment d'une période où nous n'étions pas au mieux, et en enchaînant trois succès nous nous étions retrouvés en sixième position. C'est très très serré, excepté avec Lyon, même s'ils ont un plus de mal à faire la différence cette saison. Toutes les équipes travaillent bien, ont de bons joueurs et entraîneurs, et Lyon fait la différence car ils ont les meilleurs joueurs: une douzaine d'internationaux français plus trois ou quatre étrangers haut de gamme. Après c'est une question de réussite, de chance et de petits détails qui vont faire basculer les rencontres d'un côté ou de l'autre.
Vous allez de nouveau vous déplacer à Lyon en huitièmes de finale de la Coupe de France...
On ne joue pas dans la même cour que l'OL. L'an dernier, avec Lens, nous avions explosé sur trois coup-francs au match aller, n'ayant pas pu faire tourner l'équipe après un match de Coupe d'Europe. Au match retour, nous étions «rincés» et avions encaissé un (3-0) alors que l'année précédente nous avions fait jeu égal avec eux. Si on n'a pas la fraîcheur physique contre Lyon, ce n'est même pas la peine de jouer contre eux. Sochaux est le tenant de la Coupe, mais nous avons hérité du plus mauvais tirage avec la meilleure équipe, celle qu'il fallait éviter, surtout chez elle. Après un match reste un match et nous allons y aller pour essayer de faire quelque chose, bien évidemment.
Vous êtes actuellement à un point de Toulouse, et à quatre de Lens et du PSG, les premiers non-relégables. Comment voyez-vous cette fin de saison ?
Nous ne nous occupons pas des autres. Nous savons qu'il nous faut 43 points pour obtenir notre maintien, soit 16 points à prendre en 12 matches. Si nous sommes sur une bonne dynamique, c'est largement possible. Il faut réaliser une série. Si nous restons sur le rythme de nos sept derniers matches, à savoir 1,5 à 1,6 points par match, ça va passer, et on compte là-dessus. Nous sommes confiants et cela va se jouer sur la dynamique. Certaines équipes sont en train de peiner, alors qu'à l'inverse nous sommes en progrès. Douze matches c'est quand même énorme, il y a encore beaucoup de points à prendre, donc reprendre quatre, cinq, voire six points sur certaines équipes est loin d'être impossible.
Pour finir, comment envisagez-vous la lutte pour le maintien, notamment le match de ce week-end face à Rennes ?
Les douze derniers matchs sont tous très importants, mais je ne pense pas que nous lutterons avec Rennes. Ils ne resteront pas dans cette zone car ils ont un effectif leur permettant d'aller voir beaucoup plus haut. Ce n'est donc pas un adversaire direct mais bel et bien un adversaire contre qui il va falloir prendre trois points pour s'en sortir. Sur ce que j'ai vu contre Lorient, Rennes ne sera pas à lutte pour le maintien, ils possèdent un effectif de qualité et à un moment donné ils vont faire une série et se sortir de là. Je pense que le Paris SG devrait s'en sortir, alors que Strasbourg ou Toulouse pourraient bien lutter avec nous. Après je ne regarde pas vraiment les autres équipes, nous sommes concentrés sur le nombre de points que nous devons prendre, et après, on verra bien ! Sur les six derniers matches, nous recevons à quatre reprises, ce qui peut être un avantage dans le sprint final...
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