Vu 2012.
J'ai beau chercher, je ne me rappelle pas avoir vu un tel ramassi d'idées préconçues, de mièvreries et de consensualité ailleurs que dans les propos de Francis Lalanne.
Certains nuanceront avec les effets spéciaux -les fameux, la promo du film ayant été axé sur ce seul critère et, finalement, tu m'étonnes- qui en foutent plein la gueule. C'est vrai, certaines scènes sont prenantes et, en 3D, ça pourrait créer quelques crises cardiaques. En dehors de ça, c'est une succession de scènes prémâchées moralisatrices et cul-cul que je liste en partie en jaune pour ceux qui n'ont pas peur de se gâcher un suspense qui n'existe pas vraiment :
- Un président américain noir, tiens tiens. On avait déjà eu le sosie de Clinton dans Independance Day, la mèche toujours bien en place sur le crâne du golden boy.
- Une famille décomposée, le mari qui aime toujours sa femme mais porte tout le poids du monde sur ses épaules. Les mioches qui préfèrent le beau-père parce que le papa s'est, à leurs yeux, barrés. Le beau-père qui meurt et toute la famille sauvée par un Jackson héroïque qui survit à 72 volcans en furie, des milliers de crevasses de 120km de profondeur, 12 tsunamis, des centaines de gratte-ciel qui s'effondrent ...
- Les pauvres ouvriers survivent, les cruels milliardaires claquent avec un bâtard de Russkov qui trahi tout le monde après les avoir rongé jusqu'à la moelle.
- Un pauvre type qui n'a piloté qu'un monomoteur dans sa vie et parvient à faire slalomer un 747 entre des immeubles qui s'effondrent.
- Un tuyau d'arrosage qui met à mal un engrenage pharaonique permettant au héros désenchanté de devenir le sauveur de l'Humanité.
- Un scientifique de salon qui parvient en 2 minutes et à 10 minutes de la fin du Monde à convaincre dirigeants russes, français, canadiens, espagnols, britanniques, japonais, chinois et allemands que tous ces pauvres gens là-dehors ne méritent pas de mourir, même si eux seraient mis directement en danger.
- Le directeur de Louvre qui roule en DS en 2010.
- Un voyage Los Angeles / Himalaya à travers l'apocalypse en 12h à peu près et alors que le Wisconsin s'était retrouvé au niveau du Pôle Sud. Quel beau hasard de tomber sur l'Everest, lieu que l'on cherche, alors qu'on pensait être au-dessus de la Mer de Chine.
- La morale du film : il aura fallu attendre 6 milliards de morts pour qu'une fillette de 7 ans arrête de porter des couches.- Les Jeux Olympiques de Londres suspendus au bout de quelques jours alors qu'on est en décembre ... (Celle-là, je voulais que tout le monde la voit !)
Et c'est une infime partie ...
Certains pourront y trouver leur compte, Emmerich répond à ce qu'on attend de lui : du bon gros bourrin qui défonce tout à travers le monde histoire de toucher le plus de personnes possibles. J'aimerais, pour ma part, qu'un film catastrophe aille un jour plus loin. Parce que l'idée de départ est bonne. Mais les happy end dans un film où tu comprends bien que c'est strictement impossible de survivre où que tu sois, au terme d'une chevauchée fantastique familiale à laquelle tout le monde survit, c'est saturant. La détresse et la souffrance des gens est totalement éclipsée, on ne ressent aucune compassion, le drame humain est mis de côté pour nous contraindre à nous farcir les épiques aventures de la Jackson's family.
A éviter, sauf pour s'en prendre plein la gueule pendant 5 minutes sur une scène. Après ça, il reste 2h35. En se tirant au début du générique de fin, on peut réduire à 2h25. Vous pouvez même réduire à 0, ce ne sera pas plus mal.
EDIT : J'ai appris, par ailleurs, qu'Emmerich avait supprimé au montage une scène où l'on voit La Mecque et ses milliers de pélerins se faire défoncer la tronche de peur de se prendre une fatwa à vie ...
A la limite, c'est toujours 5 minutes de moins.