Posté 14 mars 2006 - 18:28
Hier, il y a eu à la faculté de Pau une grande AG, tellement importante (2000 personnes au moins) qu'il a fallu la tenir en plein air. Depuis mardi dernier, jour de la première grand manifestation, l'UFR Lettres a totalement été bloqué. Le blocage a été reconduit au lendemain, puis au lundi suivant, à savoir hier. Entre temps, les deux autres UFR (Droit puis Sciences) ont également été bloqués, sous l'impulsion (assez forte) des Lettres.
A l'ordre du jour de cette imposante AG, la poursuite ou non du blocage. Tenants des deux positions ont pu s'exprimer devant "la foule", en grande majorité des étudiants. Au final, le blocage a été reconduit jusqu'à jeudi prochain à une majorité de 1700 contre 600 (pour la fiabilité, cela n'engage qu'eux).
Cette "victoire" éclatante me laisse perplexe, non pas du pas du point de vue de la décision de poursuivre le blocage, mais plutôt de celui du contexte dans lequel cette décision a été prise.
En effet, deux clans se sont nettement affrontés (et de manière (très) relativement courtoise) à la fois chez les orateurs et le public.
Du côté des pro-blocage, on aura reconnu des syndicalistes de l'UNEF, de la FSE (très active sur Pau), une membre d'ATTAC déguisée en vieille étudiante, une prof de l'IUT de la LCR, ainsi que des étudiants "lambda" à ma connaissance tout du moins. L'ensemble était supporté par la majorité des personnes présentes.
Du côté des anti-blocages, même proportion d'étudiants et de profs, mais tous à 99% en droit, supportés notamment par un groupe peu nombreux mais particulièrement motivé d'étudiants, qui ne représentait au final qu'une minorité chez les anti-blocages, plutôt silencieux m'a-t-il semblé.
Jusque là, c'est classique, limite caricatural, et c'est bien cela qui est génant. En effet, on a pas échappé à certains clichés, d'un côté comme de l'autre : look "saltimbanque skateur de lettres" chez certains pro-blocage, dégaine de "flambeurs m'as-tu-vu affilié UNI de droit" chez certains de leurs adversaires.
Ce qui est encore plus génant, c'est aussi ça :
- L'attitude du noyau dur des anti-blocage, leurs regards, évoquaient clairement leur haine du blocage, et éventuellement des tenants de ce blocage (ce qui peut laisser présager d'un clash). Argument principal : les diplômes, les concours à préparer. Tout serai OK si quelques temps après l'AG, je n'avais pas vu quelques minutes après une partie de ce groupe si "scandalisé" et inquiet pour leurs études boire un coup au café et passer tout ce mardi après-midi (14h30-17h30) à fumer des clopes affalés dans l'herbe juste en face de mon bureau. Pour des gens qui veulent travailler, qui sont les premiers à dénoncer les grévistes vacanciers, ça la fout un peu mal (surtout que la BU n'a pas été bloquée).
- De l'autre côté, le noyau dur des bloqueurs m'a laissé une impression assez tiède. Illustration : après le vote reconduisant le blocage, ils se sont rendus compte qu'ils avaient oublié de mentionner la durée du blocage ! Dans un premier temps, ils ont demandé un vote à main levé pour reconduire jusqu'à la semaine suivante. Réponse positive, puis, à ce moment là, ils s'excusent pour dire que finalement, ils s'étaient préalablement mis d'accord pour mercredi-jeudi. Revote. Le choix de jeudi est approuvé, mais entre temps, certains avaient déjà quitté l'AG. Bravo le vote ! Dans la foulée, ils appellent à aller manifester dans la foulée, tout en avouant qu'ils ne savaient pas encore où...
En clair, une partie des anti-blocage m'a vaguement foutu les jetons tout en reconnaissant que l'attitude générale des pro-blocage peut facilement apporter de l'eau à leur moulin de ressentiment.