Tu étais de ceux qui qualifiaient le FN de "premier parti de France", tu as révisé ton jugement ?
Ca n'est pas contradictoire avec ce que j'ai dit, le FN est le parti qui recueille le plus de voix au 1er tour, l'UMP l'emportant et le PS limitant les dégâts seulement avec les alliances (UMP-UDI-UD à droite et PS-PRG-UG).
Après les municipales et les européennes l'an dernier, ça ne rentre plus dans la case de l'accident de parcours.
Et par le jeu du mode de scrutin (avec la proportionnelle, ça serait différent, non ?) et du (re)découpage électoral, ce parti obtient finalement peu de sièges.
Je me suis fait incendier il y a quelques semaines lorsque je disais que le problème du FN était que, derrière ses cinq ou six technocrates experts de la politique, c'était le néant absolu au niveau local. Je suis heureux de voir que tous deux avez ouvert les yeux sur ce point. J'aimerais désormais vous alerter sur le fait que ce sont ces mêmes personnes qui, derrière la famille Le Pen et ses quelques proches (Philippot, Collard, Saint-Just ..), seraient amenés à occuper des postes au niveau national en cas de victoire à la présidentielle. A défaut de vouloir continuer à voter pour le PS ou l'UMP (ce que je conçois), j'espère que vous vous rendrez compte de l'ineptie consistant à vouloir donner les clés de la maison à ces gens qui, désolé Shogun, ne sont pas de simples citoyens de bonne volonté, mais sont souvent des gens qui franchissent la ligne jaune (le compte-rendu des propos tenus durant cette campagne par les candidats FN est stupéfiant).
Mouais, tu dois me confondre avec quelqu'un d'autre.
Et si le "potentiel FN" existe, il n'est rien face au potentiel blocage à son égard qui ne sera pas ébranlé dans une élection de premier ordre avant bien longtemps.
J'en suis moins sûr que toi.
Il faut prendre le problème un peu à l'envers. Tout commentateur a tendance à se cristalliser sur le fait que 25% des votants se soient tournés vers le FN ; moi je vois qu'il y a toujours, par la plus implacable logique, 75% des gens qui ne votent pas pour le Front National, sans compter ceux qui ne votent pas.
Faut-il être d'un optimisme/pessimisme (chacun se positionne comme il veut) indécrottable pour penser que le FN pourrait faire se retourner dans son sens un votant sur trois ! Pour remettre en perspective les choses, je rappelle juste qu'en 13 ans, le FN a grosso modo gagné entre 5 et 7% (rapport au second tour de la présidentielle 2002). Et vous voudriez (ou pensez) qu'il pourrait en gagner 25 en deux ans ? Soyons sérieux !
Si l'adhésion envers le FN, comme le réflexe de se tourner vers lui pour sanctionner les deux partis préhistoriques, étaient si forts que cela, les gens auraient déjà voté pour lui à ces élections, et son score aurait explosé entre les municipales et les départementales. Or, il a stagné. Parce qu'il atteint les limites de son réservoir, et que sur les 75% qui ne votent pas pour lui, une grande majorité reste hermétique (Dieu merci) à donner sa voix à un parti d'extrême-droite. Les autres, ils s'abstiennent, et si les abstentionnistes avaient, dans une proportion susceptible de faire basculer les scrutins, l'envie de se tourner vers le FN, ils avaient trois occasions en un an de le faire, et ils ne l'ont pas fait.
Je ne compte plus les gens "de gauche" que j'entends dire que, quitte à perdre le pouvoir, chose inéluctable, autant se tourner directement et dès les primaires à droite vers Juppé pour éviter le pire, à la fois Sarkozy et Le Pen.
Ce "peuple de gauche", bien qu'anesthesié, il existe, et tu ne devrais pas sous-estimer le fait qu'il se tournera sans sourciller vers un Juppé (bonne chose ou mauvaise, là n'est pas la question) pour éviter le FN. Et la mère Le Pen restera dans ses 25% habituels.