L'abbé Pierre à l'Assemblée pour défendre les logements sociaux
VISITE DE L'ABBÉ PIERRE À L'ASSEMBLÉE POUR DÉFENDRE LES LOGEMENTS SOCIAUX
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PARIS (Reuters) - L'abbé Pierre, âgé de 93 ans, est revenu à l'Assemblée nationale pour défendre la construction de logements sociaux, menacée selon lui par des "amendements inacceptables" présentés par des députés UMP.
"Si je suis là, 50 ans après l'époque où j'étais parmi vous, si je suis venu c'est que se trouve mis en question l'honneur de la France", a déclaré l'ancien député MRP (1945-1951) lors d'une rencontre avec la presse dans la salle des pas perdus.
Assis dans un fauteuil roulant, l'abbé Pierre a été accueilli à son arrivée par le député communiste Maxime Gremetz et par le président du groupe socialiste Jean-Marc Ayrault, avant d'être conduit dans les tribunes du public spécialement aménagées pour les handicapés.
Le président UMP de l'Assemblée, Jean-Louis Debré est, venu le saluer dans les tribunes, de même que Patrick Ollier, président (UMP) de la commission des Affaires économiques.
L'honneur, "dans la définition que tout le monde comprend, c'est quand le fort s'applique à aider le moins fort, à aider le faible", a dit l'abbé Pierre, qui est resté une demi-heure.
Il a dénoncé les "amendements qui voudraient détruire, en tout cas atténuer, l'effort qui avait été entrepris" dans le domaine du logement social.
L'amendement le plus controversé propose que le quota de 20% de logements sociaux imposé aux communes de plus de 3.500 d'ici 20 ans s'applique en fait à la communauté d'agglomération.
Cela permettrait à des villes d'échapper au quota, en principe imposé depuis janvier 2002 en vertu de la loi sur la solidarité et le renouvellement urbain ("loi SRU"), les communes de leur agglomération très dotées en HLM compensant leur déficience en la matière.
Le fondateur d'Emmaüs a cependant dit avoir confiance dans les hommes politiques. "Les politiques ne sont rien d'autres que des humains et ils sont capables et ils en ont donné des preuves en bien des circonstances", a-t-il dit.
"Ils sont capables de générosité, d'être touchés par la condition difficile de l'insuffisance de logements propres, silencieux", a-t-il poursuivi avant d'en appeler au président de la République, Jacques Chirac.
"Faites pression si certains députés auraient la tentation de réduire les soutiens apportés aux petits. Faites pression sur eux pour qu'ils ne s'abaissent pas à cette indignité qui serait de faire supprimer ce quota de 20%", a conclu l'abbé Pierre.
"CAMPAGNE DE DESINFORMATION"
La gauche accuse le gouvernement et sa majorité de vouloir revenir, à la faveur de l'examen du projet de loi sur le logement, sur la disposition de la loi de décembre 2000 sur les 20% de logements sociaux. Une accusation réfutée par le gouvernement et les députés UMP.
Le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a défendu avec force en séance son bilan et son projet de loi en faveur de la construction de logements, sociaux notamment.
"Le gouvernement est hostile", à une modification de l'article 55 de la loi SRU, a-t-il affirmé.
Il a accusé l'opposition "d'être hostile à l'accession sociale à la propriété".
Le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, a pour sa part accusé l'opposition de mener une "campagne de désinformation".
"Je voudrais dire de façon très claire que l'agitation que l'opposition est en train d'engager est tout simplement destinée à masquer son incurie en matière de logement", a-t-il dit.
Le gouvernement n'est pas favorable à l'amendement sur les 20% et "le groupe UMP ne souhaite pas qu'il soit adopté", a affirmé Bernard Accoyer.
Il a en revanche précisé que son groupe était favorable à un amendement qui dispose que, lorsque le locataire d'un HLM acquiert son logement, celui-ci continue pendant cinq ans d'être comptabilisé comme logement social par la commune.
L'examen du projet de loi, engagé la semaine dernière, devrait s'achever dans la nuit de jeudi à vendredi, l'Assemblée devant se prononcer le mardi 31 janvier par un vote solennel sur l'ensemble du texte que le Sénat débattra, en seconde lecture, au printemps.