Maurice-Belay, la vie d’altruiste
S’il veut devenir enfin efficace, le nouveau milieu offensif de Sochaux doit davantage penser à lui.
SOCHAUX –
de notre envoyé spécial
« C’EST UNE LONGUE histoire. »L’intéressé admet d’emblée que son été, a priori banal, ne fut pas si simple à
gérer. Nicolas Maurice-Belay a quitté Monaco pour s’engager quatre ansavec Sochaux. Alors que les deux clubss’étaient rapidement mis d’accord surles conditions de la transaction, le
joueur a longtemps hésité.
Car à l’issue d’un prêt à Sedan,« où j’ai pri sdu plaisir », il aurait naturellementaimé se raccrocher au Rocher. « Le plus dur est de se sentir en situation
d’échec quand on sort d’un centre deformation », explique-t-il.
Préformé à l’INF Clairefontaine, internationalmoins de 19 ans et vainqueur du Tournoi Espoirs de Toulon en 2006,le Parisien (Sucy-en-Brie) d’origine martiniquaise a longuement réfléchi à lla pertinence de quitter le cocon de la Principauté : « J’avais besoin d’un temps de réflexion. » L’analyse un peu abrupte de Jacques Crevoisier n’a pas dû faciliter son choix. « C’est un garçon talentueux, mais calamiteux au niveau de ses statistiques », déclara le nouveau coordinateur sportif de Sochaux, en charge du recrutement. Le
joueur finit par être convaincu à l’issue de quelques entretiens, notamment avec son futur entraîneur, Frédéric Hantz.
À vingt-deux ans, Nicolas Maurice-Belay ne peut évidemment effacer une ligne sur son CV : 46 matches de L 1,0 but ! « Quand tu vois ça, tu prends peur, en sourit-il. Il est évident que j’attends ce premier but, mais c’est un peu lourd de se l’entendre rabâcher. Il me manquede la confiance. Mais, évoluant
dans le couloir gauche, je n’ai jamais beaucoup marqué et j’ai toujours pris plus de plaisir à donner. »
Sur un terrain, son principe « philosophique» serait donc : « Le jeu et les autres. » Poussé à son extrême puisqu’il affirme : « Longtemps, tellement focalisé à faire un centre, je ne voyais
plus le cadre. Quelle que soit ma position, je cherchais systématiquement la
passe. » Laurent Banide, son ancien directeur au centre de formation de Monaco et entraîneur adjoint, souligne « une timidité qui l’empêche de réellement s’exprimer, alors qu’il possède une excellente mentalité ; il n’a pas pris conscience de ses qualités, ilest trop collectif ».
La saison dernière, à Sedan, José Pasqualetti reconnaît avoir téléphoné à son confrère azuréen, « pour comprendre». « J’ai beaucoup de regrets par rapport à Nicolas, poursuit-il. Il a besoin de se faire violence. Très sensible,il intériorise trop. »Le joueur écoute afin de se libérer de ses blocages. « Le coach m’a fait comprendre que je devais être égoïste quand il le fallait, pour le bien de l’équipe. » Ce dernier, malgré une
entrée prometteuse face au PSG (0-0,1re journée), a noté qu’il avait tendance à « mal terminer ses actions ».On croit l’affable jeune homme sur la voie de la « guérison » quand ilannonce vouloir « ajouter un petit 1
devant le 0 du nombre de mes buts, d’ici à la fin de la saison ». Avant de cibler sa priorité : « Remporter un trophée avec Sochaux, car il n’y a pas de plus belle récompense que collective
Nicolas Maurice-Belay est un altruiste.
FRANCK LE DORZ