Tiens, en parlant non pas de l'huître bleue (merci pour l'info) mais des radiations qui auraient pu aboutir à ce résultat, j'ai commencé à regarder, ce matin, le fameux "pièces à conviction" de mercredi dernier (
ici). Sur ce que j'ai vu (les 35 premières minutes), le moins que l'on puisse dire c'est que ça fait pas très sérieux. Ca fait un peu "scandale du siècle qui débouchera sur quelques clotures pour empêcher les gens de trop aller sur les lieux", franchement...
Rien que la présentation ("déchets radioactifs extrêmement dangereux") est ridicule. C'est "extrêmement dangereux" mais pas de problème, la présentatrice en prend à pleines mains sans protection...
Ah, pour montrer du compteur Geiger qui crépite, ça y'a du monde. Pour faire la distinction entre normes autorisées et seuil de toxicité, y'en a un peu moins. Je développerai peut-être plus quand j'aurai vu la fin.
Auto-quote et modeste analyse de l'émission citée ci-dessus...
De façon générale, c'est une enquête menée à charge, en considérant qu'AREVA est une boîte fondamentalement malhonnête, et que les élus et agences diverses (ASN, IRSN, DRIRE...) sont de mèche avec eux. J'ai pas dit que c'était pas parfois le cas, j'y reviendrai. Mais le travail journalistique impose une sorte d'objectivité, au moins dans un premier temps. Là les journalistes se font balader uniquement par des gens "orientés", c'est plutôt curieux...
La CRIIRAD est présentée comme "indépendante", mais les journalistes omettent de dire qu'elle a été créée par une ex-Greenpeace afin de donner une caution scientifique aux thèses défendues tant bien que mal par les illuminés du style "Sortir du nucléaire". Bref. Indépendante, peut-être (vis-à-vis du gouvernement en tout cas), objective, certainement pas.
Comme je le disais plus haut, on voit du Geiger à gogo, ça crépite dans tous les sens, mais JAMAIS il n'y a de mise en perspective par rapport à la santé des gens, et c'est bien dommage. Ou plutôt si, un amalgame douteux est fait entre gens qui habitent à proximité des mines d'uranium remblayées, et mineurs qui ont passé leur vie à sniffer de la poussière de minerai radioactif et du radon. Ces derniers, forcément, ont parfois eu des problèmes de santé, et personne ne le nie. S'il s'agissait de montrer que la radioactivité peut être dangereuse, on aurait pu s'épargner 5 minutes de reportage...
Bref, ce reportage un peu léger pose deux questions :
1) Est-ce que les autorités ont un comportement transparent et raisonnable vis-à-vis des "restes de mines" (stériles, etc) ?
2) Est-ce que la radioactivité présente sur ces zones présentent un danger pour les gens qui les fréquentent ou habitent à proximité ?
A la première question, la réponse est incontestablement "non, pas assez". J'en avais déjà parlé avec l'incident du Tricastin, d'ailleurs. On l'a vu ici avec AREVA qui truande, cache des trucs, ne surveille pas les zones sensibles, avec les contrôles qui ne sont pas effectués par des labos indépendants, etc. Bref, en moyenne c'est très insuffisant, et cette insuffisance réside principalement dans la paranoïa collective autour de la radioactivité (que cette émission contribue à nourrir, et le cercle vicieux continue...)
A la deuxième question, les journalistes ne répondent jamais (et pour cause, ça enlèverait beaucoup du sensationnel de l'émission...). Les termes "dangereux", "toxique", "extrêmement dangereux" sont utilisés sans la moindre justification. Les notions de "seuil légal", de "norme" sont allègrement confondues avec les seuils de toxicité (ex : Elise Lucet incrédule qui s'exclame "Quoi ? La norme est dépassée mais c'est pas dangereux ?!?!?" Ben oui ma belle, désolé, entre la norme et la toxicité, y'a une - grosse - marge due au principe de précaution...).
Un exemple tout simple : à un moment, le type de la CRIIRAD ramène un caillou d'un parking de club de ski de fond.Le caillou crépite de 10 à 65 microSievert (µSv) par heure. Prenons la valeur maximale (65 µSv). Pour qu'une source radioactive commence à avoir des effets observables sur un corps humain, il faut que celui-ci se prenne une dose de 200 milliSievert (mSv) soit 200 000 µSv. Ce qui revient à prendre le caillou et le serrer contre soi pendant... 128 jours ! (en supposant que le corps ne s'adapte pas à ce niveau de radiation...) Et encore, là on ne parle que d'effets observables... Pour les maladies spécifiques, il faut multiplier tout ça par 5. Autrement dit, le caillou laissé tranquille ou il est, même s'il crache 300 fois la radioactivité naturelle, ben il n'est pas dangereux. Tu goudronnes le parking, y'a plus de problème, les gamins iront pas farfouiller les cailloux d'en-dessous. Tous les autres exemples de ce reportage sont du même ordre de grandeur, voire largement inférieurs. Les pires échantillons mentionnés n'atteindraient pas le seuil de toxicité, même en étant plaqués contre le ventre ou les c.... de quelqu'un pendant un an. Alors vous pouvez continuer à garer votre bagnole près du stade de Gueugnon si ça vous chante, pas de problème...
J'ai relevé au moins une dizaine d'incohérences ou d'inexactitudes (volontaires ou pas ?), j'en ferai part si ça intéresse quelqu'un !
On peut apprendre de l'Histoire des peuples que les peuples n'ont rien appris de l'Histoire (G. W. F. Hegel)