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Marseillaise sifflée: tout match sera "immédiatement arrêté" selon Bachelot
il y a 1 heure 29 mins
AFP
"Tout match, où notre hymne national sera sifflé, sera immédiatement arrêté. Les membres du gouvernement quitteront immédiatement l'enceinte sportive où notre hymne national a été sifflé", a affirmé Mme Bachelot.
"Quand un match aura donné lieu à de tels sifflets sur notre hymne national, tous les matches amicaux avec le pays concerné seront suspendus pendant un délai qui restera à fixer par le président de la fédération", a-t-elle ajouté.
La ministre s'exprimait à l'issue d'une réunion à l'Elysée où le président Sarkozy avait "convoqué" Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football (FFF), après que la Marseillaise a été sifflée mardi soir au Stade de France avant le match amical France-Tunisie.
Par ailleurs, François Fillon a regretté mercredi matin sur RTL que le match n'ait pas été interrompu, jugeant le comportement des spectateurs "insultant pour la France" et pour les joueurs de l'équipe de France".
Ce "n'est pas tolérable" et "ceux qui veulent siffler un hymne national doivent être privés du match auxquels ils sont venus assister", a insisté le Premier ministre.
Bernard Laporte est allé plus loin, se prononçant pour la fin des matches avec la Tunisie, le Maroc et l'Algérie au Stade de France. "Il faut arrêter d'être hypocrites" et ces matches doivent être joués "chez eux, ou alors en province", a-t-il suggéré, soulignant que la police avait averti sur de possibles incidents.
Autres réactions au gouvernement, le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Brice Hortefeux a estimé que "certains symboles ne s'insultent pas", Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, dénonçant "le niveau le plus élevé de la bêtise".
Avant même la réunion élyséenne, M. Escalettes avait déclaré que la FFF avait été "choquée, ulcérée et écoeurée".
Le vice-président de la FFF Noël Le Graet a en revanche estimé qu'annuler le match aurait été "une erreur".
Dès le coup de sifflet final, le parti socialiste et l'UMP s'étaient indignés. Pour le parti présidentiel "en sifflant les Bleus, c'est aussi des jeunes Français d'origine tunisienne ou algérienne qui sont sifflés. Quand on est adopté par un pays on respecte son hymne national".
"Inacceptable" pour le secrétaire national du PS Razzy Hammadi, "même si (...) les Français d'origine maghrébine sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier".
A l'extrême-droite, la condamnation est sans surprise virulente. Jean-Marie Le Pen considère ces sifflets émanant de "foules originaires du Maghreb" comme l'"échec" de "l'intégration de masses étrangères à notre culture".
Autres réactions, Philippe de Villiers du Mouvement pour la France, estime que "siffler la Marseillaise, c'est siffler et insulter la France".
Marie-George Buffet observe qu'"une fois qu'on a dit que c'était scandaleux on n'a rien réglé", et la dirigeante du PCF préfère se concentrer sur ce qu'elle perçoit comme "l'expression de gens en "souffrance" qui "ne se sentent pas bien chez nous".
L'hymne national avait été sifflé lors des rencontres amicales France-Algérie, en octobre 2001 et France-Maroc en novembre 2007.
Mais les sifflets peuvent aussi être franco-français. Ainsi, le 11 mai 2002, le président Jacques Chirac avait quitté momentanément la tribune officielle du Stade de France, la Marseillaise ayant été sifflée par une partie du public, notamment des Bastiais, avant le coup d'envoi de la finale de la Coupe de France de football Lorient-Bastia.
La FFF, par la voix de son président d'alors Claude Simonet, avait présenté au micro du stade "ses excuses à la France".