Est-ce que quelqu'un a lu "La Horde Du Contrevent" de Damasio?
Pour ceux qui ne l'ont pas lu, courrez l'acheter ou l'emprunter, car il est considéré comme le chef d'oeuvre de la SF française. Je ne sais plus quel critique avait d'ailleurs écrit à l'époque (livre sorti en 2005) que c'était même le meilleur livre francophone de ces dix dernières années.
C'est assez difficile de rentrer dans le livre, mais quand on y est c'est génialissime. L'ambiance est réellement prenante et il y a une remarquable qualité d'écriture. L'aventure suit 23 personnages, qui s'expriment tour à tour au fil des pages, chacun bénéficiant d'un style d'écriture propre.
Quelques liens vers des critiques :
Le Monde : "la Horde du contrevent est un chef-d'œuvre"
Telerama : "...une écriture, une ambition, une démesure qui manquaient dans la science-fiction française de ces dernières années."
Le Soir : "Réussite incontestable. La « Horde » est un remarquable livre-univers qu'on a du mal à refermer tant il est riche."
Et en cadeau bonus, un extrait, le tout premier paragraphe du livre si ma mémoire est bonne :
) À la cinquième salve, l'onde de choc fractura le fémur d'enceinte et le vent sabla cru le village à travers les jointures béantes du granit. Sous mon casque, le son atroce du roc poncé perce, mes dents vibrent - je plie contre Pietro, des aiguilles de quartz crissent sur mon masque de contre. À terre, dans la ruelle qui nous couvre, deux vieillards tardifs qui clouaient un volet ont été criblés; plus loin au carrefour, je cherche en vain la poignée de mômes qui crânaient front nu en braillant des défis que personne, pas même nous, ne peut à cette puissance, et sous cette viscosité d'air, relever. Toute la Horde est à présent plaquée contre la face ouest d'une bâtisse qui nous a paru un peu moins pitoyablement jointoyée que les autres, à attendre le ressac, la courte pause dans l'accélération qui nous permettra de contrer dans le dédale des rues jusqu'aux fortifications, puis au-delà, si l'on sort. Si l'on se décide - finalement - à sortir. Des dômes les plus hauts, du métal tordu crie dans les accalmies, une éolienne grince, hoquette - elle repart... Se bloque. Les pales crépitent sous la grenaille. Une rafale encore - et le bruit se fond dans le rugissement saturé. À ma gauche, un chat oblong se cale, ébouriffé, dans une encoignure trop étroite pour lui, et volent les jouets cassés, des calebasses, des bancs qui raclent et des tuiles de terre cuite arrachées et jetées comme à la main à trois mètres de nous. Il n'y a plus de doute maintenant, pour personne : le furvent arrive. Il sera là dans l'heure. Il s'annonce, comme toujours en quintet. Et il ne laissera rien debout ici, dans ce bled qui ne figurait sur aucun carnet de contre, tant son plan carré, ses ruelles axiales et son architecture en pisé auraient fait hurler une Oroshi de huit ans.
Le signe ")" n'est pas là par hasard, c'est une particularité du livre, chaque personnage est représenté par un symbole, placé en début de paragraphe pour savoir qui parle. Du coup, au début, on ne lâche jamais le marque page magique qui référence les 23 symboles.