Il a été décidé que le français et les maths n'étaient pas des matières aussi importantes que cela et on a réduit le nombre d'heures d'apprentissage dans ces matières au profit d'autres.
Après, tout dépend du niveau d'apprentissage duquel on parle. Parce que les maths, dans le système français, ça reste le mode de sélection privilégié dans tout. La sélection dans la société française se fait sur les mathématiques, "l'esprit de géométrie contre l'esprit de finesse", comme disait Blaise, pour citer quelqu'un d'autre sur ce forum qu'Audiard et les cons en orbite. Ce sont les élèves qui sortent d'une Terminale S qui sont les mieux considérés.
On vous oblige à faire des maths, même quand ça n'a plus lieu d'être. De mon expérience personnelle, je retiens que j'ai toujours été quelqu'un de plutôt sérieux à l'école, qui faisait ce qu'il avait à faire, mais vient un moment où certains murs deviennent trop haut pour les franchir. Moi, une fois arrivé aux équations, je me suis retrouvé comme un con. Et donc de la 4ème à la 1ère, je me suis farci des mathématiques qui n'étaient rien d'autre que du charabia, alors que je maîtrisais l'essentiel de ce qui me servirait dans cette matière, calcul mental, opérations simples, quelques règles de géométrie. Dès mon entrée en 6e, je savais où je ne ferai pas carrière, et pourtant on a continué à m'asséner des trucs auxquels je ne pigeais strictement rien.
Qu'on soit d'accord, loin de moi l'idée de dire que les maths ne servent à rien, mais l'école ferait bien de mener une réflexion en profondeur sur le "qu'est-ce qu'on apprend à qui ?". La classe de 4e me semble être un bon palier pour définir certaines orientations d'enseignement général. Les littéraires n'ont pas besoin de savoir résoudre des équations de 52ème degré, comme les scientifiques n'ont pas besoin de maîtriser l'oeuvre de Proust sur le bout des doigts. D'autres encore, qu'on traîne comme des âmes en peine dès l'entrée au collège, n'auront besoin ni de l'un ni de l'autre pour faire carrière dans l'artisanat ou l'industrie.
On n'ose pas remettre en cause un système essoufflé, qui vit sur des acquis dépassés. Les seules mesures que l'on prend, ce sont des branlettes intellectuelles sur les rythmes scolaires et le bien-être des enfants. Le bien-être des enfants, il passe par une refonte du système scolaire mieux adaptés aux capacités intellectuelles de chacun, un socle commun fort dans les écoles primaires et au début du collège, une première orientation au coeur de celui-ci, et une orientation définitive à l'entrée du lycée où l'on emmerde plus les uns et les autres avec des matières boulets. Une sélection qui se fait ensuite sur d'autres critères qu'une intelligence réductible aux mathématiques, sur les qualités humaines, professionnelles et scolaires globales d'un candidat, et non sur la gueule des diplômes obtenus. Visiblement, cette méthode dans les entreprises fonctionne plutôt bien chez nos amis suisses.
On doit également impérativement rendre sa place au professeur. C'est une institution sur laquelle on marche trop souvent avec délectation. Lors de mon stage de rentrée il y a quelques années, l'inspecteur nous conseillait de souscrire à une assurance professionnelle, "à l'époque, au cas où vous frappiez un élève, aujourd'hui, au cas où l'on vous frappe" nous a-t-il dit. Les profs bossent avec les poings liés, leur autorité est massacrée au fil du temps, une brèche dans laquelle élèves et parents se sont engouffrés avec vigueur. Etre poursuivi par la justice pour une claque à l'arrière de la tête d'un élève, c'est pour moi affaiblir le professeur face à sa classe. Non pas que je soutienne le fait de frapper les élèves, ça va de soit. Mais ne pas laisser un professeur être maître de sa classe, en laissant les parents et les pouvoirs publics se mêler de tout et n'importe quoi, c'est réduire sa capacité à prodiguer un enseignement de qualité.