Posté 26 janvier 2013 - 17:31
As de Caro a parfaitement raison de le rappeler.
Une équipe de football c'est avant tout un groupe, et pour que celui-ci soit performant, il faut que tous les membres qui la composent tirent dans le même sens. C'est ce qui a fait la force du groupe ayant terminé en boulet de canon la saison 2011. Contrairement à ce que beaucoup ont bien voulu prétendre au moment où le club s'étiolait sous les ordres de Bazdarevic, ce sont avant tout les joueurs, des grands garçons, qui sont capables de s'entendre ou non, sans qu'un adulte n'ait à leur dire avec qui ils doivent être copains.
En ce sens, et tous les bilans comptables et les batailles de chiffres auxquels certains se livrent depuis quelques jours ne pèsent rien à côté de cet état de fait, l'ardoise de monsieur Lacombe est lourde :
- Début avril 2011, il est demandé au président par l'ensemble de l'équipe que l'intégralité du groupe soit conservé la saison suivante, entraîneur compris, et une forme de pacte est passé dans le vestiaire. Même Maïga est d'accord.
- Mi avril 2011. Les trois joueurs en fin de contrat sont reçus comme des moins que rien dans le bureau présidentiel. Aucun ne réclamait d'augmentation de salaire. Aucun ne prolonge finalement suite non seulement aux contrats proposés mais surtout aux mots prononcés. Le groupe considère que la promesse n'est pas tenue et est surtout assommé par l'accueil livré aux trois joueurs, et c'est le premier domino qui tombe.
- Gillot est exaspéré par cet épisode, mais il l'est d'autant plus quand il voit la tournure des négociations qui suivront alors que l'équipe finit le championnat en boulet de canon. Une fois parti à Bordeaux, il dit à NMB de le suivre, lui ayant déjà précisé avant la fin de saison (mais bien après les premiers entretiens avec Lacombe, et j'insiste là-dessus) qu'il aimerait l'emmener avec lui dans son futur club s'il n'a plus envie de rester à Sochaux. Lacombe commence à comprendre que le vestiaire part en vrille, il fait tout ce qu'il peut pour retenir NMB, allant même jusqu'à lui proposer une augmentation de salaire.
- Lacombe apprend très vite à Boudebouz et Martin qu'ils ne bougeront pas, en revanche, il a besoin d'une rentrée d'argent. Ideye est vendu. Cinq membres importants du vestiaire sont partis, le groupe est explosé, les intérêts personnels et individuels prennent le pas sur l'intérêt de groupe qu'ils avaient su forger ensemble, et dont NMB, Faty et Dramé étaient trois des garants les plus essentiels. Même Richert est affecté par ces départs.
- Maïga et Anin ont des offres difficiles à refuser, vu la façon dont Lacombe a traité les désidératas de ses joueurs, ils n'ont plus aucun scrupule à vouloir partir. Lacombe les retient (en traitant à nouveau très mal au moins le premier, le deuxième je n'en sais rien), et on connaît la suite.
- Pour remplacer NMB, il paye chèrement un joueur caractériel dont l'arrogance est connue de tous, et qui n'a jamais prouvé que son football méritât qu'on s'y arrête ne serait-ce que quelques secondes.
- Ces séquelles impactent durablement sur le moral de l'équipe et le nouvel entraîneur ne parvient pas à colmater les brèches.
- Après l'éviction de ce dernier, Lacombe est contraint de compter sur les ambitions individualistes des uns et des autres, Euro pour Martin, argent et promesse de transfert à Maïga, pour donner un semblant de cohésion collective. Sa seule bonne décision au milieu de ce marasme ambiant est peut-être de confier les rennes à un coach "papa poule" avec un effectif qu'il a en grande partie encadré durant les plus jeunes années des joueurs.
- Le club se sauve, Lacombe passe à nouveau en travers des gouttes, peut jouer son numéro favori du caliméro à qui on a piqué les sous, pour affaiblir encore un peu plus l'effectif footballistiquement sous des couverts d'économie dont on ne voit ni les tenants ni les aboutissants. Mais dans le même temps, le vestiaire est totalement assaini ou presque, Maïga et Martin sont vendus, ne reste que Boudebouz comme forte tête (comme par hasard, l'équipe se ressoude définitivement -à en lire l'interview de Roudet dans l'Equipe de ce matin- alors que monsieur est à l'autre bout du monde) et repart presque de zéro, et c'est peut-être ce qui nous sauvera. Mais à l'inverse de 2011, nous sommes footballistiquement beaucoup plus faibles. Et ce cycle là, terrible, est à mettre sur l'ardoise du président.
Tous les épisodes que je relate là (en tout cas jusqu'aux deux derniers points où c'est davantage mon interprétation), je les tiens de quelqu'un dont la parole peut difficilement être mise en cause, libre à chacun de les croire ou non.
Il faut juste savoir qu'au moment où quatre joueurs transmettent à Lacombe leur volonté de continuer tous ensemble, à aucun moment le président ne leur fait part de sa nécessité de faire rentrer de l'argent avec des transferts. Il leur répond qu'il fera tout son possible. Il n'a rien fait du tout. Pourtant, une équipe qui gagne, c'est avant tout une vingtaine de potes qui savent jouer au foot sans forcément être des génies. Ca nous l'avions. Lacombe aurait du tout faire pour le protéger. Et s'il n'avait pas le choix économiquement, la moindre des choses était de le dire aux premiers intéressés. Il ne l'a jamais fait.
"Hé camarade, si les jeux sont faits, au son des mascarades on pourra toujours se marrer !"