C'est celui là sur le site de l'huma ?
Sochaux a le sang chaud
Football . Vainqueurs de la Coupe de France face à Marseille (2-2, 6 tirs au but à 5), les Lionceaux ont aussi remporté la Coupe Gambardella des moins de 18 ans contre Auxerre.
À Sochaux, on apprend un scénario et on le suit jusqu’au bout. Mené 1-0, on attend la seconde mi-temps pour égaliser. Puis on se reprend un but. On revient à niveau 2-2 in extremis. Séance des tirs au but et la Coupe est pour eux.
Samedi soir, l’équipe des moins de 18 ans a emporté la Coupe Gambardella de cette façon, aux dépens des petits Auxerrois. Après ce lever de rideau, les Lionceaux seniors se sont saisis de la même manière de la Coupe de France. Malheur aux Marseillais, vaincus en finale comme l’an dernier. Soixante-dix ans après sa première victoire dans cette compétition, le FC Sochaux est couronné et c’est tout son modèle fondé sur la formation qui triomphe. Du moins en apparence.
Les lionceaux recrutent partout
Coupe Gambardella sous le bras, la pépinière doubiste est très prometteuse. Voilà vingt-quatre ans qu’elle n’avait plus remporté ce trophée. Les joueurs entraînés par Éric Hély ont de plus vaincu la crème des centres de formation : l’AJ Auxerre. Un bel encouragement pour cette institution aux valeurs bien affirmées. L’un de ses éducateurs, Bernard Maraval, souligne : « Notre but est de faire de nos jeunes des citoyens. Après, vient le foot. Nous leur inculquons des valeurs de respect des règles et des personnes afin qu’ils puissent trouver leur place dans la société. Car peu d’entre eux deviendront au final des professionnels. » Aujourd’hui, les Lionceaux ne cantonnent plus leur recrutement à l’Est. Ils ont mis en place des partenariats avec des clubs amateurs partout en France. Avec l’US Ivry par exemple.
L’équipe première pourra donc toujours puiser dans ce vivier. Quoique. Le FC Sochaux n’est pas protégé de la crise qui secoue aujourd’hui les centres de formation français. La génération Pedretti, Frau, Meriem et Matthieu partie après deux finales de Coupe de la Ligue, dont celle gagnée en 2004, l’équipe de Montbéliard a connu un trou d’air dans sa relève. À l’époque, rien de plus logique. « Le club est autonome financièrement. On gagne de l’argent tout seul avec notre centre de formation, en vendant de temps en temps nos joueurs », explique le président Jean-Claude Plessis.
Mais Sochaux n’échappe pas au manque de protection de la formation « à la française ». Comme Olivier Bernard, piqué par Newcastle au centre de formation de Lyon, le club a bien du mal à conserver ses jeunes pousses. Ainsi, la dernière perle, Jérémy Ménez, est partie à Monaco à l’été 2006. Et encore, dans ce cas, Sochaux ne s’en tire pas trop mal. Si Ménez n’a pas rendu sportivement au club les espoirs placés en lui, il est à l’origine du chèque envoyé par le Rocher.
Vieux briscards et jeunes ex-espoirs
La formation ne peut donc plus être la seule source de financement du club. Impossible de se tourner vers la billetterie. Avec 14 410 spectateurs de moyenne cette saison, le stade Bonal présente son affluence la plus basse depuis 1999. Le club a donc modifié son modèle économique pour conserver un budget autour de 40 millions d’euros. « Les droits TV nous permettent de vivre », reconnaît Jean-Claude Plessis.
Sportivement, si elle voulait ne pas être prise pour une saucisse, la formation de Montbéliard a dû trouver de nouvelles solutions. Soit recruter à l’extérieur. Selon trois axes. Après une saison 2005-2006 difficile (15e place en L1), Alain Perrin a débarqué en août dernier, en remplacement de Dominique Bijotat, avec quelques solides gaillards aguerris aux joutes de première division : les défenseurs Jérémy Bréchet (27 ans) et Stéphane Pichot (30 ans) ou Jérôme Leroy (32 ans, lire ci-dessous) en milieu de terrain. Puis il a misé sur de jeunes ex-espoirs qui n’avaient pas encore réussi à prendre leurs envolées : Le Tallec (22 ans) et Karim Ziani (24 ans). Enfin, Perrin et la cellule de détection ont fait venir de l’étranger quelques belles trouvailles, comme l’attaquant burkinabé de Guingamp, Moumouni Dagano.
C’est la Victoire d’un groupe de potes
Samedi soir, la recette a été couronnée de succès. Sur les onze titulaires qui ont battu l’OM, seuls N’Daw et Isabey sortaient du centre de formation de Montbéliard. Après l’ouverture du score de Djibril Cissé, la première égalisation sochalienne fut l’oeuvre de Dagano sur un centre de Leroy. Après le second but de Cissé, le 2-2 fait suite à une ouverture de Ziani pour Le Tallec.
Les Sochaliens du Stade de France n’étaient pas du cru. Ils n’en ont pas moins acquis l’esprit d’équipe endémique. « C’est très dur lorsque vous êtes menés deux fois au score. Je crois que cela démontre la force mentale du groupe. Ceux qui étaient sur le terrain, ceux qui sont rentrés, mais aussi ceux qui étaient dans les tribunes. C’est la victoire d’un groupe de potes », estime le capitaine Jérémy Bréchet.
Formés localement ou achetés à l’extérieur, les joueurs semblent entrer dans le moule de Montbéliard. « Ici, on a des gars normaux, pas excentriques, explique le président Plessis. On les choisit parce que ce sont de bons mecs qui aiment l’ambiance familiale. » Et qui aiment les Coupes arrosées au champagne.
Stéphane Guérard