Je pense que catégoriser uniquement les personnes se rendant au stade de "vrais supporters" ou de "spectateurs - consommateurs", me parait très réducteur. Il n'y aurait pas d'autres catégories entre ces 2 là ? Le supporter n'est t'il pas aussi un consommateur ? Tout comme le spectateur peut il être un supporter ?
Non, ce n'est pas ce que ça veut dire.
Ce que ça veut dire, c'est que quand tu as un prix du billet le moins onéreux à Liverpool qui augmente de 1108% entre 1990 et 2011, dans une ville rongée par le chômage à hauteur de 25% dans les années 80 alors qu'une majorité des tribunes étaient remplies par les plus pauvres, tu as forcément un morphotype de public qui évolue et qui change.
Ce que ça veut dire, c'est que quand le prix moyen d'un billet en PL s'élevait à 4 livres en 1990 contre 35 en 2012, ça n'est plus accessible à tout le monde et ça contraint beaucoup à regarder les matchs de leur équipe devant une télé (où on leur demandera quand même de payer pour) parce que les patrons de club préféreront en plus de remplir les gradins vendre des sodas et des sandwichs hors de prix (ce que l'autre andouille fait mine de ne pas comprendre) et que cette donnée exclue de facto une partie de la population.
Ce que ça veut dire, c'est que quels que soient vos arguments, le football est à la base un sport de plébéiens, joué par des plébéiens pour des plébéiens, que sa dimension politique était immense, à la fois par sa manipulation par les dirigeants de clubs un peu paternalistes (type Jean-Pierre Peugeot) que par les valeurs (identité de territoire, esprit de camaraderie, solidarité de classe etc.) défendues par les joueurs et les supporters.
Ce que ça veut dire, c'est qu'il peut y avoir des supporters issus de classes moyennes et supérieures, et des consommateurs issus des classes populaires, mais que c'est la dynamique de groupe, dans l'étude historique et sociologique du sujet, qui importe, et non les cas personnels. Je sais qu'il est de plus en plus compliqué à l'ère des émotions et de l'immédiateté de prendre de la hauteur et de considérer des dynamiques d'un point de vue collectif et non selon son seul nombril, mais je ne m'empêcherai pas d'en faire l'effort même si cela vous coûte.
Je ne vais pas m'épuiser plus longtemps à tenter d'expliquer que le football de QSI, de la FIFA et de la Champion's League est à des années lumière de l'essence populaire de ce sport, et que nous sommes les victimes d'une économie de marché et d'un business qui nous privent de notre passion au profit de gogos dont le seul intérêt est de voir Neymar venir jouer à moins de trente bornes de la maison.
Le livre de Correia n'est pas "la bible du supportariat", justement. La religion est une passion, et ce n'est pas son propos. Il est une étude historique ultra référencée qui porte un regard objectif sur l'histoire du football. Si tu l'abordes avec une telle condescendance, ne t'en inflige pas la lecture.
Ce n'est pas mon problème si vous vous sentez visés par ce qui est décrit.