JÉRÉMIE BRÉCHET GAGNE À TOUS LES COUPS
Par Cédric ROUQUETTE
Parti de France après avoir remporté la Coupe de la Ligue (2001), puis deux titres de champion avec Lyon (2002, 2003), Jérémie Bréchet a magnifiquement relancé sa carrière à Sochaux. Capitaine et vainqueur de la Coupe de France samedi, l'ex-international nous dit que ce trophée-là aura plus de saveur.
Jérémie Bréchet (avec la Coupe) partage son trophée avec Brunel et Pitau. (L'Equipe)
SUR LE MÊME SUJET
La fiche de Bréchet Un triplé pour 19 joueurs Tout sur la finale La finale en images La soufflante de RLD
« J'ai aussi gagné la Gambardella »
L'analyse revient souvent : quand Bréchet a quitté son cocon lyonnais pour l'Inter Milan à 24 ans, en 2003, alors que le Paris-SG le voulait, il a fait un choix de carrière contestable. Les saisons suivantes, celui dont Roger Lemerre et Jacques Santini avaient fait un international a vécu à l'étranger tout ce qu'un joueur de foot peut redouter. La mise de côté à l'Inter avec Zaccheroni, et deux blessures sérieuses à la Real Sociedad. «Je jouais beaucoup de choses en revenant à Sochaux», reconnaît-il aujourd'hui. Il a finalement gagné beaucoup. L'estime de tous avec le brassard, et surtout la Coupe de France samedi, seule compétition nationale qui manquait à son palmarès. «J'ai aussi gagné la Gambardella», en 1997, parade-t-il fièrement. Ce résultat fait de lui un joueur à part dans la Ligue 1. Seul son équipier Philippe Brunel, peu utilisé cette saison, mais entré à la 106e minute de la finale, a réussi le même triplé. «C'est pas vrai ?» sourit Bréchet, les yeux brillants. Il semble pressé de diffuser la nouvelle. Ça fera encore des choses à partager à la reprise de l'entraînement. Les 48 heures d'ivresse collective n'ont pas suffi...
«Franchement, j'y pense au moins depuis les quarts de finale. C'est quelque chose d'assez égoïste, un flash qui revenait de temps en temps, raconte le défenseur sochalien. Maintenant que c'est fait, c'est génial, mais c'est vraiment un truc collectif. Le seul bémol que je ressens, c'est que tout le monde ne peut pas jouer la finale. C'est dur pour Mika (Isabey), dur pour Julien (Quercia), dur pour Bada (Sène). C'est la victoire de tout le monde.» Devant la presse, samedi, ses premiers mots avaient été pour les blessés de longue durée, Omar Daf et Johann Lonfat. A 27 ans, lucide sur le fait que sa carrière est plus qu'à moitié consommée, Bréchet a la sensation que cette victoire conservera «une saveur particulière». «La Coupe de France est plus mythique que la Coupe de la Ligue. Sur l'intensité des émotions, ça ne change pas vraiment. Mais après ce que j'ai vécu, vu notre saison, vu que l'adversaire était l'OM, vu mon statut dans l'équipe...» Le vrai "plus" se situe là, dans cette autorité morale sur l'équipe qui l'a rendu indispensable malgré le pubalgie, qui a conduit Guy Lacombe à le qualifier ici-même de «Maldini sochalien». «Nous sommes deux capitaines, nuance-t-il. Je n'ai pas plus de responsabilités que Romain (Pitau). Les mots d'Alain Perrin étaient les suivants : ''les jeunes doivent apporter leur fougue. Les anciens, leur expérience et leur sérénité''. En début de saison, il ne nous a parlé d'aucun objectif, juste de jeu, de ''comment on y arriverait''. Et tout s'est bien enchaîné, dès le mois d'août. Tactiquement, je connais peu d'entraîneurs aussi forts que lui.»
Un avenir à Sochaux
L'émotion de la victoire aura effacé ce tir au but cadré mais arrêté, et une prestation inégale. «Sur le plan personnel, ça a été dur. Après le tir, je me suis dit : ''mais qu'est-ce que j'ai fait à mon équipe ?''» Les racines du succès remontent à l'été dernier, quand aucun contrat n'était signé. «Je n'ai pas débarqué comme une fleur à Sochaux. Je me suis longuement préparé en solo. Je voulais jouer». La question sur son niveau de jeu actuel est sans réponse. «C'est ma première saison complète en tant que stoppeur, fait-il observer. J'avais toujours joué à gauche, sauf cinq matches à Lyon, et en équipe de France Espoirs.» A l'époque, un certain Raymond Domenech en avait fait son titulaire. «Je suis toujours pré-convoqué en A, ça fait plaisir. Mais honnêtement, j'ai raté le train. Quand il y avait tous ces blessés en février, je l'étais moi aussi. Il faut être réaliste : quand je vois les matches des autres... Mais je me fixe des objectifs plus élevés pour la saison prochaine.» Avec Sochaux ? La réponse fuse : «Avec Sochaux, oui. Ce club m'a apporté énormément. On va jouer l'Europe. On a une bonne équipe. J'espère que les meilleurs joueurs et l'entraîneur vont rester.» La dernière fois que Bréchet a gagné une coupe, il a été champion l'année d'après. Chiche ?
L Equipe.fr
En espérant qu'il rugisse de nouveau.