Parce que j'ai, moi, un minimum de respect et de dignité, je ne te souhaiterai pas ce à quoi je pense, ni à tes proches. Mais ça démange, sache-le. Oh, pas le pire, bien évidemment, mais juste quelques jours difficiles. La réalité, en somme, pas tes délires de négationniste.
La bêtise est un trou sans fond, et tu plonges, tu plonges, tu plonges.
J'avais ironisé en parlant d'antivax antisémites et finalement c'est un ton au-dessus avec ''négationniste'' XD
Laule comme dirait un gars du forum.
Merci de te soucier de ma famille , mais ta phrase est un peu paradoxale '' j'ai un peu de respect ....je te souhaite quelques jours difficiles''
Mais à la limite,oui, j'espère chopper le virus et voir ce que c'est pour de vrai ''comme ils disent à la télé''(si je l'ai pas déjà eu...) Ça me permettra d'ouvrir les yeux sur ce virus hypermortel, inconscient d'antivax antisémite négationniste que je suis.
Surtout ça me permettra d'avoir une immunité et d'être tranquille pendant quelques semaines par rapport au pass sanitaire !
"Moi, moi, moi".
Ce que toute cette histoire révèle, c'est l'incapacité de nombreux individus à se vivre pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des êtres moyens, dont l'humanité ne se souviendra pas, une perspective tout-à-fait insupportable à l'ère de la toute concurrence et de la compétition à outrance, dans tous les domaines, exacerbés par des réseaux sociaux sur lesquels il s'agit de montrer chaque jour combien, en fait, on est extraordinaire.
Alors que non, tu es juste moyen.
Mais moi aussi hein, je te rassure. Ce n'est pas insultant, d'être moyen, c'est l'état de fait de 99,99% de la population sur Terre. Il y a une poignée de personnages hors-normes qui s'extraient de la masse pour des raisons indéterminées et marquent collectivement de leur empreinte la société dans laquelle ils évoluent, mais ce n'est pas la majorité de l'espèce.
Toi comme moi, nous sommes juste moyens, nous apportons modestement notre pierre à l'édifice d'une société et rideau, mais le problème, c'est que toi tu as la certitude d'être bien plus que cela, et tu n'acceptes pas de ne pas faire partie d'une prétendue "élite" éclairée, intelligente, qui "sait", qui n'est pas un "mouton", qui a bien compris quelles étaient les ficelles du complot mondial qui nous gouverne. Toi, tu ne te vis pas moyen, tu te rêves et te fantasmes en éclairé alors que tu bascules chaque jour un peu plus dans l'obscurantisme. Toi, tu es convaincu d'avoir tout compris au "système" qui veut mettre à bas une société, alors tout ce que le "système" propose, tu le rejettes, même les sachants, parce que même l'épidémiologiste qui parle d'épidémies, il fait partie du "système", il ment, et toi tu sais mieux que lui parce que tu te vis en rebelle, en séditieux, parce que tu l'as lu sur un site de "réinformation", le tout lové dans le confort de ton intérieur Conforama, ton IPhone à la main, installé derrière ton téléviseur sur lequel tu regardes CNEWS parce que, là, quand même, y a des gars qui disent pas que des conneries. Une vie moyenne, donc. Ta réalité, la réalité. Parce que tu n'es un rebelle de rien du tout, tu es juste la victime expiatoire de ce "système" que tu dénonces.
Tu es un rejeton de l'individualisme enfanté par les sociétés occidentales post-2GM nourri au soft power culturel américain qui a construit une société à ce point libérale que chaque individu, 70 ans plus tard, se croit désormais exceptionnel et surtout tout permis, autorisé à faire sécession de la société en fonction de son seul désir, de ses seules envies, au nom de prétendus "droits" individuels et sacro-saintes "libertés" qui les affranchiraient de toute responsabilité face à autrui, et exigeant pourtant par ailleurs tout de l'État, tout le temps, partout.
Tu es l'archétype d'une génération déculturée, qui n'a vécu que dans l'opulence d'un système néolibéral (le vrai "système") qui s'est prétendu indépassable et s'est échiné à te faire croire que la nature et la vie étaient dénuées d'afflictions, et oubliant que la société dans laquelle tu t'inscris et l'État qui la régit se doivent parfois d'être contraignants et exiger que tu fasses parfois, en grand enfant gâté que tu es, quelque chose que tu n'as pas envie de faire. Pour cette idée désuète que l'on nomme le "bien commun", quitte à ce que le risque sur 100'000 qui existe d'être un dommage collatéral, ce soit toi qui l'endosse. Parce que prendre le risque de permettre aux 99'999 autres moyens de survivre, c'est ce qui s'appelle "faire société". Précisément ce que le système néolibéral a déconstruit des décennies durant, nous forçant à cohabiter avec votre bêtise exponentielle, votre égoïsme et votre mépris.
Tu as l'immense chance de vivre dans une démocratie jusqu'à présent plutôt stable, dans laquelle ta "liberté" et ta sécurité étaient assurées en comparaison avec ce que l'Histoire a produit, mais dans laquelle tu es juste un moyen, comme moi. Et parce que tu n'as pas su trouver dans ta famille, dans tes passions, dans ton travail, la matière suffisante à te faire accepter d'être moyen, il te faut une explication, et ce besoin viscéral de te sentir la victime de quelque chose. Alors tu cherches, tu cherches, tu cherches : "comment pourrais-je justifier le fait d'être victime de quelque chose, dans une société capable de produire un vaccin qui nous protégerait efficacement d'une pandémie ? Eh bien en m'opposant à cette chance, ça me permettra de me sentir exceptionnel, au moins l'espace de quelques semaines".
Mais non, je suis désolé, tu es juste moyen. Quand on en est à combattre un vaccin plutôt que le virus, c'est qu'en plus de sa lucidité, on a perdu une part d'humanité.