Posté 07 mai 2013 - 12:54
Plusieurs choses.
Lorsque je dis que les parents sont une plaie, peut-être la principale, de l'école d'aujourd'hui, je le dis par expérience. La meringue résume très bien la chose. Derrière les casse-couille minoritaires dont parle Nico, qui vont vouloir t'apprendre comment faire ton boulot, il y a ceux qui abandonnent leur rôle éducatif aux profs, en pensant que c'est à ceux-là que revient l'essentiel de la formation de leur gamin. Il ne s'agit pas forcément pour eux de dire que la punition (par exemple) est injustifiée, il s'agit de s'en foutre si elle faite ou non, et qu'il revient au prof de faire appliquer correctement ses sanctions. Les enfants sont fragilisés à la base (c'est d'ailleurs pour cela que je suis favorable à l'adoption par les homos, parce que le sacro-saint équilibre du môme est mis à mal par bien d'autres failles, mais bon, on ne va pas relancer le débat) par un abandon quasi systématique de l'autorité. Dans le bahut où j'ai été pion, un enfant sur deux (sans exagérer) avait des parents séparés, et dans de nombreux cas, aucun des deux n'avait les burnes d'assumer le rôle du "tyran" et préfère se complaire dans celui du cool, léguant au prof le sale boulot.
Et les portes des établissements leur ont complètement été ouvertes, à la moindre contrariété, au moindre problème, ça débarque, ça demande des explications. Les chefs d'établissement passent des heures à jouer aux assistantes sociales ou aux psys.
A cela s'ajoute, évidemment, une capacité d'enseignement, d'adaptation à l'enseignement, à plusieurs vitesses. Des profs médiocres, incompétents, malhonnêtes, ça a toujours existé. De ce que j'ai connu, la proportion reste moindre. Il y a une base de gens faisant correctement leur job avec plus ou moins de difficultés, mais qui ne met pas en péril l'avenir des élèves, et quelques personnes excellentes et particulièrement impliquées. Ceux à la traîne peuvent en revanche être d'immenses boulets. Lorsque j'étais AE, nous avons eu pour collègue une fille embauchée comme assistante pédagogique (soutien personnalisé + aide à la Vie Scolaire) qui préparait le CAPES, qui était capable d'être débordée par six élèves de 6e et est partie en dépression au bout de trois semaines, pour revenir une matinée au bout de quatre mois, et repartir en dépression dès l'après-midi. Cette fille a eu le CAPES l'année suivante, est devenue prof, et est évidemment repartie en dépression au bout d'un mois.
Eh bien voilà. C'était une bachoteuse experte, certainement capable de réciter sur le bout des doigts tout ce qu'elle a ingurgité, mais une fois la pratique à mettre en oeuvre ... Ca fait des générations de gamins qui n'auront que des cours d'anglais tronqués. Pourquoi ? Parce que le concours est fait ainsi ! Prime aux connaissance plutôt qu'à la gestion humaine. Ce n'est malheureusement plus en phase avec l'éducation actuelle, pour les raisons dont je parle plus haut, les profs n'ont plus seulement pour rôle de transmettre le plus de connaissances possibles, mais aussi d'éduquer, tout en se faisant rappeler à l'ordre par les parents ayant abandonnés mais qui aiment donner des leçons quand même. C'est malheureux en soit mais c'est ainsi. Pour enseigner en 6e et en terminale, on passe le même concours. Or, enseigner à des 6e, n'importe quel masterisé doit être capable de le faire en terme de connaissances. J'ai eu mon CAPES en devant parler du "travail de la terre en Amérique du Sud au XVIIIe siècle", non mais sérieusement (heureusement que je m'y connais en cigares) ! Pour enseigner à des 6e, 4e, 3e ! Gérer des gamins à l'éducation de plus en plus fragile, c'est moins évident, et mes connaissances de la terre en Amérique du Sud ne m'y aideront pas, même si moi j'étais parfaitement à l'aise dans ce rôle, peut-être aussi parce que j'étais jeune et encore plutôt en connexion avec les générations d'élèves que j'avais en charge. Le concours est à revoir, le chef d'établissement ayant eu sous la main des futurs candidats au CAPES doit avoir un rôle à jouer, on lui demande de tout gérer, mais il n'a pas les mains libres pour le faire, et se fait taper sur les doigts au moindre problème. Ce sont des années de procédure épuisantes qui s'enclenchent quand il décide de mener la vie dure à un prof tire-au-flanc.
Fermons l'école aux parents. L'autorité du prof doit être totale, et c'est au chef d'établissement de jouer au garde-fou s'il y a des abus quelconques ! Il faut donc, aussi, donner bien plus de pouvoir à celui-ci et lui laisser les mains libres pour gérer son personnel et les choix de celui-ci. Mais les parents, c'est au CPE et aux chefs d'établissement de les gérer, pas aux profs, dont les décisions doivent être respectées !
Je suis sorti de l'EN depuis, peut-être y retournerai-je un jour, mais il est certain que l'école va droit dans le mur dans les conditions dans lesquelles elle est organisée et tenue aujourd'hui !
"Hé camarade, si les jeux sont faits, au son des mascarades on pourra toujours se marrer !"