Interview de Richert que je me permettrais de nommer "TOUT EST DIT" On apprend que notre gardien fétiche est pour le moment sur une jambe ...
-----------------------------------------------------------------------
Dix saisons sous le maillot sochalien et des états de service qui en ont fait un « héros », Teddy Richert possède une réelle légitimité au FC Sochaux. Alors quand il livre son inquiétude, comme il ne l’a jamais fait, les propos du capitaine sont à prendre très au sérieux.
Comment Teddy Richert, footballeur professionnel a t-il vécu la Coupe du monde ?Ne pas voir l’équipe de France réussir m’a fait vite décrocher. Quand on n’est pas sur le terrain, on est supporteur. Je comptais voir les Bleus aller un peu plus loin. J’ai été déçu. Je me suis remis devant l’écran un peu plus tard, avec les derniers matches.
Et quel gardien, quelle équipe, avez-vous apprécié ?Casillas m’a séduit. Il a été beaucoup critiqué durant la saison. Mais il a été très présent jusqu’au bout, même s’il a eu devant lui une équipe solide. Il a réussi une belle finale. Je l’ai toujours trouvé très concentré, très efficace. Quant aux Espagnols, ils ont mérité leur succès. C’est bien pour le football que cette formation ait gagné. Très à l’aise techniquement, elle va de l’avant. On a senti une équipe homogène, déterminée hormis le premier match contre la Suisse. Mais cette défaite les a peut-être remis dans le droit chemin.
Et quelles remarques vous inspirent cet échec de l’équipe de France ?Ça donne raison à tous ceux qui insistent sur la discipline, l’état d’esprit, l’idée de former un groupe, d’avoir un objectif commun. On dit souvent que ce sont des choses un peu ringardes, banales, qui font ch…, mais en fait, non. C’est le message qu’on essaie de faire passer ici, en stage à Divonne. Sans être trop casse-pieds. Mais ce sont des vertus indispensables pour réussir individuellement et collectivement. On essaie donc de mettre le doigt dessus.
Ce sont donc les « anciens » dont vous faites partie qui ont cette mission ici à Sochaux ?En dehors du terrain, oui. Après sur la pelouse, on a tous le même devoir, celui d’être à 200 %. Aujourd’hui, à Sochaux, nous ne sommes pas très nombreux à avoir un vécu. Ça manque beaucoup, bien sûr. J’espère que dans ce groupe certains vont rapidement prendre le relais. Il faut pouvoir encadrer les jeunes, qu’ils aient une ligne de conduite. Ça va trop vite pour se permettre de dévier. Si ceux qui ont un peu d’influence ne le font pas, ne rappellent pas que la vie de groupe est primordiale, qu’il est indispensable de privilégier le collectif, qu’
il faut mettre de côté son ego au profit de l’ensemble, du club, cela peut vite partir en vrille.À travers vos propos, on vous sent presque inquiet, aujourd’hui ?Nous, on est là pour faire de notre mieux, pour ne pas revivre les saisons que nous venons de passer même si, ne l’oublions pas, nous sommes toujours en Ligue 1. Il faut essayer de vivre autre chose. On sent que nous sommes limites. Mais nous, joueurs, ne sommes pas décideurs. On attend des renforts. On a dit depuis quelques temps qu’il fallait des joueurs d’expérience. Après, il y a un coût. Je pense que c’est ce qui freine…
Mais ?Mais je dis, attention. Avec les saisons vécues, un recrutement léger par rapport aux départs, il y a danger. On remplace à peine les joueurs partis. Stephane Dalmat, le meilleur joueur de l’effectif, est sur le départ. La saison dernière nous avions déjà perdu Mevlut Erding. Sans renier la qualité de ceux qui arrivent, j’estime que nous ne sommes pas dans les années où nous faisions venir 7 ou 8 joueurs d’expérience. On avait recruté Oruma, Leroy, Lonfat, Pichot, Pitau, des mecs qui avaient 150, voire 200 matches en Ligue 1. On savait ce qu’ils avaient vécu. On peut être à fond dans la formation des jeunes, mais là, c’est dangereux. Ces jeunes sont bons mais ont besoin d’être encadré. Certains vont jouer en CFA. Ne vont-ils pas se lasser. Que Privat, par exemple, soit parti en Ligue 2, est une bonne chose. Je le répète, cependant, nous ne sommes pas décideurs. Nous faisons passer les messages et, après, c’est tout mais c’est à nous de nous débrouiller sur le terrain.
À un moment, c’est une question de potentiel
Ces saisons sur le fil ne lassent-elles pas à force ? Le danger n’est-il pas là ?Oui, c’est dur. Très dur. On passe des nuits blanches, plutôt que des soirées tranquilles à savourer. Il y a la fatigue, nos spectateurs qui nous sifflent, ce qui n’est pas évident à digérer. On essaie au maximum d’aller de l’avant mais à un moment c’est une question de potentiel pour pouvoir aller plus haut. Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on va finir dans les cinq premiers. L’objectif, c’est d’essayer le milieu de tableau. Cela me semble correct par rapport à un passé récent. Par rapport au très récent, c’est compliqué.
Un mot sur votre nouvelle collaboration avec Claudy HagenbachC’est à moi de m’habituer à lui, de m’adapter aux séances qu’il propose. Il a de l’expérience, il n’est pas arrivé là, du jour au lendemain. Nous devons apprendre à nous connaître. Après il est beaucoup question de communication. Avec Aziz, c’est vrai, après dix ans ensemble, un seul regard suffisait. Avec les réactions qu’il avait, je savais vite ce qu’il pensait. Et lui, pareil. C’était plus facile tellement nous avions de vécu. Mais, avec Claudy, il faut communiquer, faire savoir ce qu’on ressent quand les choses vont ou ne vont pas.
Enfin, votre blessure au genou est-elle inquiétante aujourd’hui ?C’est très douloureux. En fin de saison dernière, je n’arrivais plus à marcher. Les congés m’ont permis de me soigner un petit peu. Je suis, malgré tout, obligé de gérer. Je peux faire des séances à 100 % mais c’est la répétition qui est difficile. J’ai fait les derniers matches en fin de saison pour le maintien, mais je n’y arrivais plus. Être performant et prendre du plaisir sur le terrain m’était devenu impossible. Je ne veux pas revivre ça, donc je me ménage.
Propos recueillis à Divonne-les-Bains, par Gilles Santalucia (sources le Pays 16/07/10)