(Clyde @ Jeudi 27 Octobre 2005 18:06)
Dans chaque placard de chaque pays on trouve des cadavres.
Y compris dans les pays morts !
De nazi à la Stasi, il n'y avait parfois qu'un pas (MAGAZINE)
Par Fabien NOVIAL
BERLIN, 27 oct 2005 (AFP) - La Stasi, police secrète de l'ex-RDA, a employé sans vergogne d'anciens SS, ou protégé d'ex-nazis pour raison d'Etat en classant leurs dossiers, révèle un nouveau livre qui écorne l'image d'un Etat communiste autoproclamé antifasciste.
Membre de l'Office chargé des archives de la Stasi, l'historien Henry Leide a épluché 35 cas pour son étude "Criminels nazis et Stasi. La gestion secrète du passé sous la RDA". Certains proviennent de dossiers encore jamais ouverts depuis la chute du Mur de Berlin en 1989.
Certes, dans les années qui suivirent la fin de la guerre, la justice
est-allemande a condamné d'anciens membres du NSDAP (Parti national-socialiste
des travailleurs allemands) par milliers, parfois dans des procès à grand
spectacle bien souvent bâclés. Au cours des "procès de Waldheim" en Saxe en
1950, furent ainsi prononcées 32 peines de morts.
Mais derrière cette façade se cache une troublante réalité. "La Stasi a systématiquement et sciemment recruté des coupables nazis, parfois auteurs de
massacres, comme informateurs et agents à l'Est et à l'Ouest", accuse Henry
Leide, "en général sur la base du chantage": suivant le principe qu'ils
pouvaient se faire pardonner en coopérant avec le régime communiste.
Pour assurer l'hégémonie du parti communiste SED et de l'Etat "tous les principes moraux ont été jetés par dessus bord", selon l'historien.
Le cas de Willy Läritz est exemplaire: cet ancien membre de la gestapo de Leipzig (est), qui s'illustra dans les interrogatoires musclés de communistes, a offert le plus naturellement du monde ses talents d'espionnage à la Stasi.
Il s'engagea en 1961 à soutenir la police secrète "dans le combat pour la paix et le socialisme". Son rôle fut de dénoncer d'anciens membres de la Gestapo ou d'anciens officiers des services de renseignements nazis, le SD, qui furent à
leur tour enrôlés pour servir dans la Stasi...
Que l'ancien SS Hans Sommer ait participé au dynamitage de sept synagogues à Paris en octobre 1941 n'a pas non plus dérangé les autorités à Berlin-Est.
Résidant en Allemagne de l'Ouest puis en Italie, il informa des années durant sur les cercles d'extrême droite occidentaux -ce pour quoi il perçut
180.000 DM au total-.
Enfin, Josef Settnik, un détaché de la gestapo à Auschwitz, avait déjà dit ses adieux à son épouse lorsqu'il fut convoqué en 1964 par les services secrets
est-allemands. La Stasi se décida en fait de l'embaucher pour espionner
l'Eglise.
Parallèlement, la Stasi, qui disposait selon l'auteur de neuf kilomètres d'étagères d'archives nazies, les a protégées des regards indiscrets pour "préserver d'anciens nazis de poursuites pénales".
Tel fut le cas de Harald Heyns, condamné par les justices française et britannique et qui avait réussi à se cacher sous un faux nom en RDA. On ignora
délibérement cet aspect de son passé, de peur qu'un éventuel procès "nuise à
l'image de la RDA".
Si les infiltrations des ex-nazis dans la Stasi ont jusqu'au livre d'Henry Leide fait l'objet de peu d'études, la présence d'anciens membres du NSDAP dans d'autres organes de la RDA ne fait plus de mystère depuis des années.
"Déjà à l'époque nous savions que des gens avec un passé nazi accablant (...) ont été sollicités pour créer la Volksarmee", l'armée de la RDA, affirme ainsi Richard Schröder, professeur de philosophie à l'Université Humboldt de Berlin.
Quand à Ernst Grossmann, son cas est encore plus édifiant: ancien SS du camp de concentration de Sachsenhausen au nord de Berlin, il réussit incognito à
faire carrière au sein du SED, dont il fut membre du comité central. Dénoncé
dans les années 50, il finit sa carrière dans une coopérative agricole, tout en
restant membre du parti.
* "NS-Verbrecher und Staatssicherheit. Die geheime Vergangenheitspolitik der
DDR". ("Criminels nazis et Stasi. La gestion secrète du passé sous la RDA"),
Henry Leide, Editions Vandenhoeck et Ruprecht, 448 pages, 29,90 euros.
fan/jlv/dfg
AFP 271007 OCT 05
A inscrire sur ma pierre tombale: Supporter du FCSM et keuf, ci-git PauL, l'homme qui aimait les sacerdoces...