Je ne souscris pas à ta comparaison Gaulois.
Dans le cas du jet de bouteille, le délinquant envoie la bouteille sans forcément viser à un endroit précis le policier.
Cette bouteille peut lui exploser au visage comme lui passer 50 centimètres à côté.
L'acte reste le même tandis que 1 g avec ou sans conduite, l'acte est totalement différent.
Pour ce qui est de durcir les peines, je rejoins plutôt chebix.
Un délinquant qui sait risquer beaucoup ou peu n'agira pas de la même façon à mon avis.
Donc, pour rebondir sur l'intervention de l'Alien, je ne pense pas qu'il faudrait investir plus en moyens (prisons, matons etc...). A contrario, il se pourrait même qu'un très fort durcissement des peines conduise au contraire à moins de prison car moins d'actes délictueux, le rapport bénéfice / risques étant nettement inversé. Quand pour le même acte on risque 3 mois avec sursis ou 1 an ferme, j'ai la faiblesse de penser qu'on fait vite les comptes même si tous ne feront pas le calcul.
[Bon sens de gauche/on] Peut-être que se donner les moyens de diminuer sensiblement le chômage dans les banlieues conduirait aussi à moins de prison car moins d'actes délictueux, et intégrer correctement celles-ci aux circuits économiques et sociaux en ne favorisant pas une ghettoïsation ethnique aboutissant inéluctablement à un communautarisme néfaste pour la République [Bon sens de gauche/off]
[Bon sens sociologique/on] Ah oui, c'est peut-être il y a 60 ans qu'il aurait fallu faire ceci, au lieu d'accumuler avec déni et mépris les bonnes mains immigrées dans ces barres morbides et anxiogènes abandonnées par le bon ouvrier français capable désormais de s'offrir un coquet pavillon [Bon sens sociologique/off]
[Bon sens civique/on] Quelque soit le passif social d'un individu, celui-ci doit payer une dette envers la société qui le nourrit lorsqu'il lui porte atteinte, et ce quelques soient les circonstances, la justice doit être impitoyable, mais juste [Bon sens civique/off]
[Bon sens de gauche/on] Oui, mais la société ne nourrit pas avec autant d'enthousiasme les enfants des bons français bien blancs, et les arabes et noirs entassés dans les banlieues parce que certains pensent encore aujourd'hui que c'est dans leurs gênes d'être méchants, violents et mal éduqués, et non pas une construction sociale, une inégalité de base qu'ils essayent de combler à la force de l'illégalité [Bon sens de gauche/off]
[Bon sens réactionnaire/on] Elle les nourrit peut-être pas équitablement Marcel, mais en attendant, je vais te dire, Mamadou il touche plus de frics par mois avec les allocs que tonton Gérard qui gagne le SMIC [Bon sens réactionnaire/off]
Et on peut continuer des heures. Pourquoi ? Parce que c'est un cercle vicieux, et que comme sur tout cercle sur lequel on tourne, on tourne en rond. Nous sommes dans une impasse. Non pas une impasse factuelle, mais une impasse idéologique. Parce que l'on a d'un côté FCSMFOREVER qui pense que les jeunes agités de banlieue n'ont aucune excuse à leur comportement, et que c'est leur couleur de peau qui dictent intrinsèquement leur comportement. De l'autre, nous avons Macé Scaron (auquel DB aime me comparer, c'est dire si certains ont tout compris), Bruno Roger-Petit et d'autres, qui estiment que ce ne sont QUE des victimes. Les premiers refusent de croire que la vie en banlieue est en enfer, non pas parce que ses habitants la dégradent, mais bien parce qu'elle est absolument coupée du reste de la nation française et qu'elle n'est irriguée que par le mépris et le rejet de gens n'y ayant jamais foutu les pieds ; les seconds refusent d'admettre que ces jeunes de banlieue représentent aujourd'hui, soit un problème, soit une peur dans l'opinion qui risque de se transformer en problème.
Je suis pour ma part sorti de cette impasse idéologique depuis bien longtemps : les jeunes de banlieue, noirs et arabes, posent un problème à la société française parce que celle-ci en a peur. Mais c'est cette peur (devrais-je dire cette méconnaissance) qui alimente les inégalités et donc, par réaction, la violence qui en découle.
L'Alien a parfaitement raison. Durcissez les peines, ça n'arrangera rien. Faites en sorte d'intégrer progressivement les banlieues et leurs habitants aux circuits économiques, sociaux et culturels, offrez-leur des emplois stables, des perspectives d'avenir, ça arrangera les choses. En contre-partie, rien n'interdit de soulager la peur des bonnes gens pour qu'ils puissent faire l'effort de tendre la main : tu violes, tu payes, si tu sors et que tu recommences, tu ne sors plus jamais. Et ce que tu viennes de La Courneuve ou de Beulotte Saint-Laurent. Transposé à l'EdF, c'est comme lorsque tu reprends Nasri alors qu'il a déjà fauté deux fois. A quoi bon, si ce n'est afficher une certaine forme de laxisme qui va jeter de l'huile sur le feu?
Le problème, c'est qu'on a perdu du temps. Beaucoup. Trop. Les jeunes et très jeunes sont éduqués en banlieue dans l'idée que la France est un pays qui les rejette, qu'on y gagnera mieux sa vie en contournant ses règles qu'en la servant par le travail. Comment rattraper cela ? J'ai dans l'idée que c'est au plus fort d'aider le plus faible. Jusqu'à preuve du contraire, la société française reste plus forte que ses marges. Faisons en sorte d'aider les banlieues à réduire ses inégalités avec le reste du pays, et a contrario, faisons comprendre à ceux qui ne rentreraient pas dans le moule paieront. Encore une fois, il est peut-être trop tard. On a perdu trop de temps avec les discours fachisants pointant du doigt les parents de ces jeunes qui avaient pourtant quitté leur terre natale pour servir et aider la France. Il ne faut pas se tromper, le point de départ il est bien là. Si tu es dans une salle de classe de 25 blonds qui n'ont jamais vu personne de différent, qu'on leur plante d'un coup un brun au milieu, que celui-ci est raillé, pointé du doigt, rejeté au fond de la salle, et qu'il se révolte, agacé par les moqueries, et vient à fracasser de colère son pupitre ou l'un de ses camarades, on va encore lui dire qu'il est le fautif qui ne s'est pas intégré ? Ou se dira-t-on que c'était aux 25 autres, en nombre, plus puissants, de lui tendre la main pour l'aider à s'intégrer et s'adapter ?
Cette question n'évoluera pas, la situation ne s'apaisera pas, tant que la société française des FCSMFOREVER n'acceptera pas de se regarder dans un miroir et de reconnaître ses erreurs et ses manques. Problème étant qu'on approche d'un point de non-retour, que la culture de la violence s'exacerbe dans les cités, qu'il n'y a plus de place pour les faibles, et que les codes véhiculés là-bas s'imprègnent de cette violence. Il faut donc être intransigeant envers ceux qui fautent, les faire payer, lourdement mais de manière juste, sans culture de l'excuse, avec l'espoir que les infractions, crimes et délits diminuent (mais comme dit, ce n'est pas les prisons qui feront disparaître la délinquance, mais le travail) sinon ce sera l'explosion. Dans pas longtemps. Et je ne sais pas quel côté la déclenchera.