Merci Kiki et les autres, je ne soupçonnais pas que ce topic était lu par plus de deux personnes
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Le choix du nucléaire n'a pas été fait en fonction du danger que représente l'effet de serre, c'est un fait (il y a un demi siècle, on s'en branlait allègrement la nouille). Mais il n'empêche que ça reste la seule source d'énergie conséquente qui ne libère pas de gaz à effet de serre.
D'ailleurs, c'est très ironique mais jusqu'au milieu des années 90, une centrale à charbon relarguait plus de substances radioactives (en plus du CO2 et du méthane) dans l'atmosphère qu'une centrale nucléaire. Il s'agissait du thorium naturellement contenu dans le charbon. Mais maintenant ils sont obligés de retraiter leurs fumées, heureusement.
Comme je l'ai dit, l'enfouissement des déchets n'est pas viable. C'est un consensus et d'énormes crédits sont affectés pour trouver des solutions pour réduire 1) la radiotoxicité 2) le volume 3) la dangerosité potentielle au cas où des cinglés iraient déterrer les blocs vitrifés. C'est un problème extrêmement complexe et il faudrait un forum entier pour décrire tout ça, mais en simplifiant beaucoup :
- les déchets nucéaires en sortie de réacteur, c'est 21 tonnes par an par réacteur, dont 20t d'uranium appauvri, 200 kg de plutonium, et le reste c'est des saloperies dont 50 kg environ ont une durée de vie longue (qui pose évidemment problème).
- les Américains ne se font pas chier, ils rechopent l'uranium, ils le ré-enrichissent et c'est reparti pour un tour. Le reste, plutonium inclus, c'est enfoui dans des mines au Kansas ou des conneries du genre (moins coûteux......... dans un premier temps au moins)
- les Français, qui n'ont pas de pétrole, ont choisi de recycler un max de trucs, tout ce qui est utilisable pour continuer à produire de l'énergie. Des surgénérateurs comme superphénix peuvent cramer un mélange (MOX) de plutonium et d'uranium appauvri, ce qui réduit de beaucoup la quantité à retraiter. Et surtout, on ne laisse pas le plutonium traîner partout. En gros, les Français considèrent le retraitement de ce dernier comme inéluctable, les Américains mettent en stand-by. C'est très con de leur part, car le plutonium représente une énorme part de la radioactivité des déchets.
Le retraitement complet que la France a choisi permet en fait (j'avais donné des chiffres de mémoire, 3000 ans et 5000 ans, qui s'avèrent être faux) un gain qui peut être décrit ainsi :
- au bout de 1000 ans la radioactivité des déchets est divisée par 130 sans retraitement, et par 2500 avec retraitement
- ça leur permet d'atteindre la radioactivité de l'uranium naturel (but à atteindre) en 7000 ans environ, au lieu de 50000 ans. Cependant, la toxicité des déchets est considérée comme faible après moins de 1000 ans avec retraitement, 20000 sans retraitement.
Bref c'est pas le Pérou mais c'est toujours ça de gagné.
Problème : un seul surgénérateur ne suffit pas à retraiter tous les déchets français. Donc le problème se pose toujours.
Quand tu fais dire des trucs à des scientifiques, aie l'honnêteté intellectuelle d'être un peu plus précis et de dire de quand date cette citation sur Fessenheim.
Lors de sa conception (début des 70's) Fessenheim était conçue pour durer une cinquantaine d'années. Mais l'expérience était limitée dans ce domaine vu que c'était la première, et les incertitudes (assumées) sur la résistance des matériaux de construction notamment, ont poussé les scientifiques à calculer une marge bien large. Il a donc été affirmé que la centrale pourrait fonctionner "au moins 30 ans dans des conditions de sécurité optimales" donc jusqu'à l'an 2000 environ... Ca n'exclut pas un renouvellement éventuel du contrat, si les conditions de sécurité sont jugées satisfaisantes.
En résumé, y'a 35 ans on ne prenait pas de risque, on disait "c'est bon au moins pour 30 ans". Aujourd'hui on s'aperçoit qu'elle a pas morflé, on prend des précautions et on prolonge un peu.
La science devrait se démarquer de l'économie par une stabilité des conclusions à postulats égaux.
Encore heureux qu'on réactualise nos connaissances de temps en temps. Les "postulats" on n'en a pas beaucoup. Des données par contre plein, et il arrive que ça bouleverse certaines conclusions trop vite considérées comme acquises. C'est comme ça, on assume !
Mes excuses pour avoir pollué ce topic qui se voulait plus politique qu'énergétique à la base, à mon avis.
On peut apprendre de l'Histoire des peuples que les peuples n'ont rien appris de l'Histoire (G. W. F. Hegel)