Solidarité, sympathie, les nouveaux gros mots en vogue. Et les cheminots font la grève par plaisir, comme l'a dit Lejeun, c'est bien connu.
"Des" lycéens ? C'est à dire ? Ceux qu'on t'a rapportés ? Qui de toute façon doivent saisir n'importe quel prétexte pour aller picoler au bord du Doubs ? Moi les cortèges que j'ai vu passer hier et avant hier, ils allaient pas du tout à la Gare d'eau, et y avait pas de packs en vue.
Pour les impôts, ont-ils vocation à financer des jeunes diplômés qui filent à l'étranger sitôt le doctorat en poche ? Ah j'oubliais le système est tout pourri, pas rémunérateur, donc on va en chercher un autre et donner des leçons d'organisation et d'économie à 3000 km du problème.
On peut pas prétendre tout et son contraire. C'est pas parce que tu ne te sens pas concerné que le combat, la méthode et le moment est mal choisi.
Quant à ce que les mouvements sociaux soient une occasion de montrer son mécontentement par rapport à des sujets plus vastes, je ne vois pas ce qu'il y a de mal. C'est aussi ça l'expression de la démocratie. On peut ouvrir sa gueule un peu plus souvent que tous les 5 ans, tu crois pas ? Si les gens disent "marre du gouvernement", ça englobe l'ensemble de sa politique, réforme des retraites et autres joyeusetés.
Quant au CPE qui concernait pas les étudiants... j'ai envie de dire : mais lol. Tout le monde ne va pas jusqu'à bac+8, tsé. Entre le bac et 26 ans, t'as le temps d'avoir un ou deux diplômes. Et même un boulot, tiens.
Je t'aime bien, mais tu me fais chier à écrire des trucs comme ça, c'est juste effrayant.
Quelle autre raison que la solidarité ont les cheminots de faire grève, si le mot d'ordre intersyndical est contre la réforme des retraites ?
Ça dénature complètement le combat des autres, qui est légitime.
J'étais à Besac centre lors de je ne sais quelle manif, j'ai observé le cortège de lycéens quelques minutes. Un sit-in sur le pont Battant, un vote vite fait pour décider... d'aller au Rectorat se faire entendre. Niveau pertinence, j'ai déjà vu mieux. Et l'aprem, alors que le cortège était dissipé depuis longtemps, ça ne se pressait vraiment pas pour remonter aux lycées... Enfin bon, si c'est normal que les lycéens loupent des cours pour aller manifester, très bien.
Mon cas personnel n'est clairement pas le meilleur exemple que tu puisses trouver pour servir ton argumentation. Je pensais que tu connaissais assez bien les rouages de la recherche française et internationale mais ce n'est apparemment pas le cas. J'aime pas spécialement me la raconter mais vu que tu dis des conneries à mon égard, je vais quand même rétablir quelques vérités.
Je suis heureux d'avoir pu passer une scolarité à peu de frais, c'est clair, et je suis très reconnaissant envers mes parents de m'avoir payé mes 5 premières années d'études. Je sais que je suis un privilégié. En échange j'ai essayé de faire les bons choix et de bosser de façon à être indépendant financièrement le plus tôt possible. Bref. Tout ça pour dire insidieusement qu'obtenir un diplôme, une licence, est à la portée de 95% de la population et que ceux qui n'y arrivent pas avant l'âge de 22-23 ans y ont mis un paquet de mauvaise volonté ou une paresse à peine imaginable. Ça c'est pour le CPE (qui ne se serait appliqué qu'aux jeunes de moins de 26 ans sans formation).
Dès le début de mon doctorat, j'ai compris que je rendais à l'université une partie de ce que je lui avais coûté, les thésards étant de la main d’œuvre pas chère, flexible, à qui on peut refiler tous les enseignements de merde, y compris à 100 bornes sans les dédommager. Mais bon, j'aime la recherche, j'aime l'enseignement, donc je n'ai pas dévié de mon objectif qui était de me bâtir le CV nécessaire pour devenir (ouvre bien grand tes oreilles) maître de conférences en France, à moyen terme. Et même si ce n'est pas écrit dans les textes, en pratique, la concurrence étant de plus en plus féroce, un postdoctorat à l'étranger est devenu quasiment nécessaire pour avoir une chance d'être embauché.
Ce n'est donc pas par plaisir mais par obligation que je suis parti à l'étranger. Mais quitte à devoir le faire, j'ai postulé dans des endroits qui me plaisent, je pense que c'est compréhensible. De même, ce n'est pas par plaisir mais par obligation légale que je paie mes impôts en Norvège. Mais ne t'inquiète pas pour les caisses françaises, le transfert de cotisations pour la retraite de Norvège en France est bien plus avantageux pour elles que pour moi.
L'été prochain, je rentre en France, en espérant que j'aurai décroché un poste de maître de conf' pour la rentrée. La parenthèse à l'étranger (obligatoire pour trouver ce type de poste, je le répète) sera terminée et je pourrai continuer à rendre à l'université ce qu'elle m'a apporté.
On peut apprendre de l'Histoire des peuples que les peuples n'ont rien appris de l'Histoire (G. W. F. Hegel)