On a pu lire mardi 1er août dans la presse plusieurs articles indiquant en substance que le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) aurait rendu « un avis défavorable pour le maintien en Ligue 2 » du FC Sochaux-Montbéliard SA et que le club ne serait donc « pas repêché en Ligue 2 ».
Pourtant, en l’état, cette issue n’est pas acquise. Qu’en est-il réellement ?
Le FC Sochaux Montbeliard est en proie depuis quelques années à des difficultés financières. Certains se souviendront d’ailleurs qu’en 2018-2019 il avait échappé de peu à la rétrogradation conservatoire en N3.
C’est dans ce contexte que la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) de la LFP - Ligue de Football Professionnel a de nouveau eu à se prononcer récemment sur la situation du club.
1. La décision de la DNCG
La DNCG est notamment chargée d’assurer « le contrôle juridique et financier des clubs affiliés » (art. 1 du règlement de la DNCG figurant en annexe à la convention entre la FFF - Fédération Française de Football et la LFP - Ligue de Football Professionnel). A ce titre, elle est notamment dotée d’une Commission de contrôle des clubs professionnels et d’une Commission d’appel (art. 2, 3 et 6 du règlement de la DNCG).
Ces commissions ont notamment compétence pour appliquer des mesures de rétrogradation (art. 11 du règlement de la DNCG).
C’est ce qui s’est produit dans le cas du FC Sochaux-Montbéliard SA : la Commission de contrôle des clubs professionnels de la DNCG a prononcé la rétrogradation du club, décision confirmée le 11 juillet 2023 par la Commission d’appel de la DNCG.
2. La proposition du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF)
Le Code du sport impose la saisine du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) à fin de conciliation préalablement à tout recours contentieux, notamment lorsque le conflit résulte d’une décision prise par une fédération sportive en application de ses statuts (art. R.141-5 du Code du sport).
Il s’agit d’une procédure amiable, visant à résoudre le litige sans avoir à saisir un tribunal.
Le FC Sochaux-Montbéliard SA était donc tenue de saisir le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) qui avait deux possibilité : proposer à la LFP - Ligue de Football Professionnel (la DNCG) de reconsidérer sa décision, ou proposer au club de s’en tenir à la décision de la DNCG.
C’est cette dernière option qu’a retenu le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), ce qui n’est pas si surprenant dès lors que ce dernier rappelle régulièrement qu’en matière de contrôle de gestion il ne saurait se substituer aux commissions spécialisées mises en place par les fédérations et que le recours au conciliateur n’a pas vocation à permettre à des clubs de présenter devant lui des éléments financiers nouveaux qui n’auraient pas été annoncés devant les organes fédéraux (par exemple : proposition du 26 août 2005).
Pour autant, le FC Sochaux-Montbéliard SA conserve la possibilité de s’opposer aux mesures proposées par le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) (art. R.141-23 du Code du sport) et de saisir le tribunal administratif, le cas échéant en référé.
3. L’éventuelle saisine du tribunal administratif
L'une des difficultés dans cette affaire tien à la proximité de la reprise du championnat de Ligue 2 BKT Tires, qui est prévue samedi 5 août prochain.
Le FC Sochaux-Montbéliard SA a donc besoin d’obtenir une décision rapide.
Or, il est possible d’obtenir du juge administratif la suspension de l’exécution d’une décision administrative telle qu’une rétrogradation administrative prononcée par la DNCG, par le biais d’une procédure de référé.
Pour cela, le requérant doit démontrer l'existence de :
- l’urgence et ;
- d'au moins un moyen propre à créer, en l’état de l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision.
S’agissant de l’urgence, dans une affaire concernant l’interdiction d’accession du Luzenac Ariège Pyrénées au championnat de Ligue 2, le tribunal administratif de Toulouse avait jugé que l’absence d’inscription de l’équipe dans le calendrier d’un championnat de football est de nature à porter un préjudice sportif et économique au club et à l’ensemble de ses salariés, au regard notamment de l’imminence du début du championnat de Ligue 2 (TA Toulouse, 1er août 2014, n° 1403699).
Dans cette même affaire, le tribunal avait considéré que l’erreur manifeste d’appréciation des créances portées à l’actif du bilan du club (dont le niveau de dettes était inchangé) était de nature, en l’état de l’instruction, à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision de la commission d’appel de la DNCG.
Par conséquent, cette décision avait été suspendue par le tribunal et il avait été enjoint à la DNCG de réexaminer la situation du club dans un délai de 8 jours.
Le FC Sochaux-Montbéliard SA ayant annoncé son intention de saisir le tribunal administratif en référé, reste à savoir quelle décision serait rendue dans son cas. Un lion ne meurt pas, il dort…