Posté 15 août 2019 - 14:24
Voici l’article
Droits TV de la Ligue 2 : spectaculaires mais en trompe-l'oeil
La hausse historique des droits TV de la L2 annoncée mardi ne se retrouvera pas entièrement dans les caisses des clubs concernés.
J. LB.
06 décembre 2018 à 21h27
Saluée mardi par tous les acteurs du football, l'augmentation spectaculaire des droits TV de la Ligue 2 - de 22 M€ actuellement à 64 M€ par an pour la période 2020-2024 - pourrait ne pas changer grand-chose au quotidien des clubs. Au cabinet d'avocats Clifford Chance qui a aidé la Ligue à mener à bien cet appel d'offres historique, on se réjouit pourtant d'un alignement des planètes entre « un produit de qualité, un calendrier favorable aux enchères, la présence d'un nouvel opérateur [Mediapro, qui rafle notamment le multiplex du samedi], et la procédure retenue, par séquences, qui a donné de la lisibilité aux acteurs ». Mais il y a une certaine marge entre le résultat inespéré proclamé par la LFP et les comptes des clubs concernés.
lire aussi
Ligue 2 : Mediapro et beIN raflent la mise
« Les collectivités locales ou les agents de joueurs ne doivent pas s'imaginer que ce Championnat va tout à coup devenir très riche parce que les droits vont tripler, prévient Claude Michy, le président de Clermont (L2) et de l'UCPF, le syndicat historique des clubs. À clé de répartition constante, les clubs vont gagner 500 000 euros de plus environ chaque saison et non deux millions comme ont pu l'avancer certains. » Cette « clé de répartition » est l'instrument arithmétique de la solidarité entre la Ligue 1 et la Ligue 2, un principe contesté naguère par les clubs de l'élite qui ont pu reprocher à « la deuxième division la plus riche et la plus déficitaire du monde » comme Jean-Michel Aulas, le président de l'OL, la brocardait en 2015, de coûter plus cher qu'elle ne rapporte. Ce déséquilibre persistera après la culbute de 2020 mais dans des proportions bien moindres.
La Ligue 2 capte 98 millions d'euros cette saison
Dans le détail, après déduction de la taxe Buffet (4,8 %), des versements au football amateur (3,7 %) et des frais de fonctionnement de la Ligue (2,8 %) et d'organisation sportive (2,5 %), l'ensemble des droits TV restants (L1 + L2) est réparti de façon très précise : 81 % vont à la L1 jusqu'à 500 millions d'euros et 19 % à la L2. Entre 500 et 600 millions d'euros, tout revient à la L1. Et au-delà de 600 millions d'euros, la répartition est de 90 %-10 %. Cette saison, sur une enveloppe de départ de 748,5 M€, la Ligue 2 récupère ainsi 98 M€, soit entre quatre et cinq fois plus qu'elle n'apporte au pot commun. Avec des droits qui vont exploser à partir de 2020 (1,217 Mds € par an minimum, soit 60 % de plus qu'aujourd'hui), la « clé » va-t-elle permettre à la Ligue 2 d'augmenter sa part en proportion ? « Pas du tout, corrige Claude Michy, car cette part a été plafonnée et inscrite dans le marbre. Il est possible qu'il y ait une nouvelle répartition, négociée avant 2020, mais selon la règle en vigueur, la part de la Ligue 2 est de toute façon limitée à 110 M€. Soit une douzaine de millions de plus qu'aujourd'hui pour 20 clubs. Faites le calcul, on arrive aux 500 000 euros environ par club et par an... »
lire aussi
Le jackpot pour les petits clubs de Ligue 1
Si les clubs de Ligue 2 vont (quand même) tirer profit de la hausse générale des droits, les principaux bénéficiaires de la période 2020-2024 seront les « petits » clubs de Ligue 1. Fin 2016, au terme d'un bras de fer homérique avec les « Européens », ces sans-grade ont obtenu que l'écart entre le mieux et le moins bien servi du Championnat soit sensiblement réduit. D'un rapport de 1 à 4,1, on passera dans deux ans à un rapport de 1 à 2,35 environ. Un club qui capte actuellement 15 M€ de droits TV pourra espérer en récolter près du double.
"When I buy a new house, I sell the old one before," JCP