Avec cette victoire à Dijon, le bilan est forcément positif à mi-parcours…
La victoire à Dijon bonifie les choses. On n’avait pas gagné à l’extérieur depuis Martigues en septembre, il fallait qu’on en soit capable. Le match à Niort nous restait en travers de la gorge, on avait conscience de ne pas l’avoir joué sur nos vraies valeurs, on s’était fait marcher dessus et on avait été vexés.
Le plus satisfaisant est-il d’avoir tant de points à la trêve ou d’avoir déjà une identité de jeu claire ?
L’identité, d’abord. C’est ce qui, pour moi, est le plus dur à mettre en place. Quand tu as des repères et une idée commune, les points arrivent si les joueurs adhèrent. Mais avant de vouloir des points, il faut construire. Maintenant, il faut qu’on arrive à garder cette rigueur collective qu’on a montrée contre Dijon. On a eu quelques garçons qui ont été au bout d’eux-mêmes physiquement, mais on a toujours fait front. Il n’y a qu’à voir les progrès de garçons comme Daho ou Fatar dans l’aspect défensif. Ils se bagarrent.
Comment allez-vous faire pour tempérer ceux qui parlent de remontée en Ligue 2 avec une telle première partie de saison ?
Je ne change pas ma position : je suis très ambitieux. Mais c’est inutile de l’évoquer constamment parce qu’il y aura forcément un moment où ça deviendra plus réel, et on en parlera à ce moment-là. Cela fait toujours sourire les gens, mais j’ai un président suffisamment enthousiaste et communicatif, donc je contrebalance. J’étais en colère après Niort parce qu’on s’était échappé sur l’état d’esprit. On avait les pieds qui ne touchaient plus le sol, on avait perdu notre humilité. On doit se servir de ce match pour garder les pieds sur terre.
Vous n’avez jamais ressenti de contrecoup de l’été fou que vous avez véc
Si, j’ai eu un moment un peu difficile après Rouen et Le Mans. Ce n’était pas forcément un contrecoup, mais je réalisais que ce championnat était vraiment dur, qu’on n’était pas à armes égales pour plein de choses, et tout cela me ramenait à notre intersaison. Souvent, le samedi soir, j’ai un peu la gorge nouée devant le Multiplex de Ligue 2, je ressens même de la colère, parfois. Heureusement, on a sorti un match intéressant dans le contenu à Versailles ensuite. J’ai senti que le groupe adhérait. Ce groupe me renvoie de l’énergie, il est plein d’enthousiasme. Je leur donne et je leur demande beaucoup, mais en contrepartie ils transmettent beaucoup d’énergie et j’en ai besoin.
En août, quand on pensait que tout était fini,
vous aviez dit : « le FCSM et moi étions peut-être faits pour nous entendre ». Vous le pensez toujours
Je me rappelle très bien de cette phrase. Je l’avais dit avec beaucoup de tristesse. Je prends beaucoup de recul, je sais la difficulté de notre métier. Tout peut changer très vite. Déjà, après Niort, j’ai entendu quelques réflexions qui m’ont déplu, je me suis dit que certains étaient amnésiques. Mais je reçois énormément de messages d’affection, de sympathie, et ça restera, c’est sûr. À ce point-là, ça ne m’était jamais arrivé. Et puis je crois même que ça n’existe pas, en fait. Peut-être Franck Haise, sur son parcours à Lens, mais pour d’autres raisons…
Aujourd’hui vous faites l’unanimité. Pourtant, quand vous avez été nommé, beaucoup de gens étaient sceptiques
Ce moment-là est un peu étonnant. J’ai subi des effets d’annonce d’entraîneurs qui étaient susceptibles de venir, avec des CV plus brillants que le mien, mais en même temps, sur la mission proposée à l’époque, à savoir construire, développer des jeunes joueurs en Ligue 2, je pense vraiment que je collais aux attentes. Je souffre d’un déficit d’image et c’est sans doute de ma faute car je n’ai jamais cherché à me vendre. Des gens ignorent que j’ai plus de 100 matchs en L2, que j’ai fait les barrages pour monter en L1 avec Le Havre. Je trouvais cela un peu injuste qu’on puisse me juger avant même que j’arrive. Mais depuis, beaucoup de gens ont eu l’honnêteté de venir me dire qu’ils s’étaient trompés.
À l’usage, le FCSM est-il fidèle à l’image que vous vous en faisiez ?
C’est un club encore plus beau que ce que je pensais. Ce que j’aime dans ce club, c’est qu’on ressent tout le temps le poids du passé, de la tradition. Pour autant, il n’est pas replié sur lui-même. On parle de l’histoire du club, on la ressent partout, ne serait-ce qu’avec des gens comme Sylvain (Monsoreau), Pierre-Alain (Frau) et Michaël (Isabey) à la formation, mais ce n’est pas sur le mode « c’était mieux avant ». J’ai le plaisir d’être dans un club qui compte et je le mesure à chaque fois qu’on m’en parle. Sochaux, c’est prestigieux, ce n’est pas un club comme un autre.
Malgré tout, il y a ce poids quotidien de la situation financière fragile. Est-ce lourd à porter ?
J’en ai conscience, même si les dirigeants essayent de me préserver. On fait des points réguliers, j’ai pu rencontrer les principaux actionnaires, mais les joueurs, eux, sont protégés du contexte. Il faut que cela reste ainsi, sinon ils vont avoir les jambes un peu plus lourdes et ce ne sera bon pour personne.Malgré tout, il y a ce poids quotidien de la situation financière fragile.
Quand on voit des salariés partir, comment le vit-on du côté du sportif ?
Cela dépend des caractères. Certains sont plus sensibles à cela car ils connaissent mieux le club. D’autres sont plus loin, mais ça ne veut pas dire que ça ne les touche pas. Ils doivent avoir conscience des sacrifices qui sont faits pour eux, afin qu’ils soient dans les meilleures conditions
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Avez-vous exprimé des besoins à votre direction pour le mercato ?
On en a parlé. Mais attention, un joueur en plus n’apporte pas toujours un plus, Sochaux est bien placé pour le savoir. Cela doit s’inscrire dans une dynamique d’équipe, donc cela demande des garanties en termes de temps de jeu, d’état d’esprit, d’implication dans le projet. On peut faire beaucoup de choses cet hiver mais il faut des joueurs adaptés à notre vestiaire, à notre fonctionnement, quelqu’un qui ait envie de bosser, parce qu’ici on travaille avec acharnement la semaine.
Le National a ceci de vicieux qu’il expose des joueurs et qu’il est ensuite très dur de les garder. Est-ce une crainte ?
C’est l’histoire de mon parcours d’entraîneur. J’y ai toujours été confronté et j’ai même remis en cause beaucoup de choses à une époque, tellement j’avais du mal à l’accepter. Tu travailles et d’autres, qui travaillent moins mais qui ont plus d’argent, viennent et se servent… Il faut protéger le travail du club, des formateurs. Si un joueur doit être vendu, cela doit être au juste prix. Et avant de partir, tu dois un certain nombre de matchs à ton club formateur. C’est vraiment quelque chose qui peut me déstabiliser un peu. Les joueurs doivent comprendre que c’est le club qui dicte le tempo, pas les agents.
Vous-même, vous avez bossé pour ne plus avoir à travailler dans cette troisième division. Vous ne vous demandez jamais ce que vous faites là ?
Ce serait mentir que de vous dire l’inverse. Mais, franchement, je prends tellement de plaisir au quotidien… Et puis, je ne sais pas, mais j’adore le stade Bonal, j’adore les couleurs du club. Ça compense. Mais il va quand même falloir remonter, ce club n’a rien à faire en National. Paradoxalement, je n’ai aussi jamais eu autant de visibilité. Mais j’ai beaucoup travaillé pour aller en L2, presque en L1, et ça m’énerve d’être à ce niveau-là pour des raisons administratives.