La peur du chômage, le ras le bol de la situation actuelle
Les partisans du "non", domiciliés à Paris et interrogés par la Sofres (1) dimanche, affirment avoir voté en ce sens à cause, principalement, de leur peur de voir le chômage s'aggraver avec le Traité constitutionnel (46 %) et d'un ras le bol de la situation actuelle (40 %). Selon eux, le "non" devrait permettre une renégociation du Traité (35 %) jugé trop libéral et difficile à comprendre (34 %).
Dans une moindre proportion, 19 % des partisans du "non" craignent une dissolution de l'identité de la France dans l'échiquier européen, tandis que 18 % ont voté en réaction à une possible entrée de la Turquie dans l'Europe.
Au final, les appels de certains responsables politiques à voter "non" auront peu pesé sur le choix des personnes sondées : seules 12 % disent avoir voté "non" en fonction de la proximité qu'ils ressentaient avec les porte-drapeaux du "non".
Jean-Pierre Raffarin poussée à la sortie
Pour les sondés interrogés dimanche, Jean-Pierre Raffarin a fait son temps à Matignon. Près de deux français sur trois (62 %) réclament son départ, alors que 27 % aimeraient le voir rester au poste de Premier ministre, 11 % ne se prononçant pas.
Jacques Chirac, qui avait annoncé jeudi à la télévision son intention de proposer une "nouvelle impulsion" de sa politique, devrait les entendre et annoncer dès le début de la semaine un changement de Premier ministre.
Nicolas Sarkozy plébiscité pour Matignon
Voilà une statistique qui devrait causer de sérieux remous à l'Elysée ainsi qu'à l'UMP : près d'un quart des sondés (24 %) réclament l'arrivée de Nicolas Sarkozy à Matignon, en remplacement de Jean-Pierre Raffarin. Le patron de l'UMP arrive largement en tête, devant le ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin (18 %), suivi de la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie (12 %), Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale (10 %) et François Bayrou, le patron de l'UDF (8 %).
Le NON largement majoritaire au PS
Les électeurs du PS n'ont pas hésité à voter à l'encontre de la consultation interne au parti réalisée en décembre 2004. Selon l'étude de la Sofres, 59 % d'entre eux ont voté "non", contre 41 % pour le "oui". Un vote frondeur qui promet une sévère bagarre pour le leadership du parti, Laurent Fabius semblant en position privilégiée pour contester la direction de la rue de Solferino incarnée par François Hollande.
A droite, les électeurs de l'UMP et de l'UDF ont massivement voté en faveur du "oui" et dans la même proportion : 76 % pour le "oui" contre 24 % pour le "non".
Laurent Fabius et Jean-Marie Le Pen, grands vainqueurs du scrutin
Pour les Français interrogés, la grand gagnant du référendum est l'ancien Premier ministre Laurent Fabius. Mis en minorité au sein du PS lors de la consultation interne, en décembre 2004, le député a joué sa carte avec discrétion et combativité, au risque de faire exploser l'unité du PS. Une victoire du "oui" l'aurait fait disparaître du paysage politique. Finalement, le large succès du "non" le replace au centre de la bataille interne au PS et, plus largement, de la gauche. Saura-t-il pour autant en tirer parti ? Le combat promet d'être rude.
Jean-Marie Le Pen (27 %), Philippe de Villiers et Olivier Besancenot (22 %) et Henri Emmanuelli (16 %) apparaissent comme les autres bénéficiaires de la victoire du "non", selon l'étude Sofres-Unilog.
(1) Sondage Sofres-Unilog pour TF1/RTL/Le Monde réalisé le 29 mai 2005 auprès d'un échantillon de 1500 personnes représentatif de l'ensemble de la population parisienne âgée de 18 ans et plus, interrogés par téléphone.
Bref, force est de constater que ce n'est pas une majorité qui a refusé ce traité, mais une majorité qui a peur pour le chômage et qui a ras le bol de la situation actuelle.