J'aime bien cette analyse...
Pour notre consultant Angel Marcos, Lyon a perdu à Barcelone (3-0) en creusant sa propre tombe. L'équipe a tellement cherché à s'adapter à l'adversaire qu'elle en a oublié son identité de jeu, au point de subir la bataille du milieu. Celle qu'elle gagnait le plus souvent, dans un passé récent.
« Lyon et son entraîneur, avant de se rendre à Barcelone, ont essayé d'analyser les faiblesses de leur adversaire et d'en profiter. C'est une évidence et un souci légitime au haut niveau. Mais fallait-il le faire au point de changer l'idée générale de sa propre équipe, son identité, ses habitudes ? C'est la question que pose cette nette défaite. Le score est large mais il est vraiment, vraiment minimal par rapport au contenu de la rencontre.
Alain Perrin avait choisi de modifier tout son côté gauche pour contrer Messi, en changeant le latéral et le milieu. Mettre un droitier (Réveillère, plutôt que Grosso) pour contrer un gaucher est une bonne idée, cela permet au défenseur d'être sur son bon pied quand le joueur offensif rentrer dans le terrain. Mais en plus de ça, Lyon a aligné un milieu gauche sans expérience (Belhadj), qui était la plupart du temps latéral gauche l'an dernier à Sedan. C'est un joueur qui a de l'activité pouvait envisager de contrer Zambrotta en occupant l'espace laissé par Messi, mais l'équipe ne joue jamais comme ça... En plus, le losange habituel du milieu a lui aussi été modifié, alors que c'est dans ce secteur que Lyon avait bâti son pouvoir, sa capacité à empêcher les autres de jouer. Ce losange, c'était Essien ou Diarra ou Toulalan en axial défensif, puis deux joueurs, Juninho d'un côté, et Källström ou Tiago de l'autre. Là, Lyon s'est tellement focalisé sur le fait que Xavi et Deco allaient monter que Toulalan a été décalé pour les contrer. Juninho l'a remplacé dans l'axe, mais il joue naturellement plus haut, donc ça n'avait plus rien à voir. Cela a totalement déséquilibré le milieu, et le seul recours était de reculer. Ainsi excentré, Toulalan n'a pu récupérer autant de ballons que d'habitude. Juninho a couru après le ballon, alors qu'il est bon quand il l'a. Il s'est fatigué au point de devenir transparent. Källström ne pouvait pas compenser ça tout seul.
Ce choix, surtout, a permis à Barcelone de jouer. Même si les cinq premières minutes ont montré que Lyon avait envie de gêner l'adversaire en jouant haut et sans complexe, il a reculé petit à petit. Résultat, il a laissé 70 mètres de terrain libre à Barcelone, qui s'est ainsi retrouvé dans la zone de vérité sans beaucoup d'efforts. Or, pour gêner Barcelone, il faut perturber l'équipe au départ des actions, empêcher la connexion entre le milieu et les attaquants, pour ne pas placer facilement ses meilleurs joueurs près du but. Barcelone a solutionné, grâce à Lyon, une partie de ses problèmes. Or, quand cette équipe est à 30 mètres du but, l'adversaire finit par craquer, mécaniquement, car il y a tellement de participation, d'habileté technique dans les petites espaces, que c'est injouable. Ça n'a pas coupé, il y a eu des occasions à la pelle. En fait, Lyon a subi ce qu'il imposait dans le passé aux autres équipes.
Ce match a fourni un autre sujet de réflexion. Il est incontestable que Barcelone a levé le pied physiquement dans les vingt dernières minutes. Alors, Rijkaard a sorti un milieu défensif (Xavi) pour un attaquant (Giovani). L'équipe a voulu aller au bout de ses convictions. La meilleure façon de défendre est encore de tripoter le ballon loin de son propre but, de le faire circuler et de ne pas s'épuiser à défendre. Lyon, sur le même modèle, a intérêt à vite retrouver ses vraies valeurs. Quand on a des joueurs comme Juninho, c'est mieux d'obtenir des fautes à 25 mètres du but qu'à 70... Barcelone, avec un Ronaldinho très moyen, et un Henry pas au point physiquement, qui découvre en plus le jeu court du Barça, semble capable de retrouver le niveau qui état le sien. »
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