A Aubagne, il y a la légion qui est tellement étrangère que Monsieur Retailleau va certainement l'expulser manu miltari; reste juste à se répartir qui casse la gueule à qui avec son pote, l'autre colosse, Darmanin.
Dans des temps reculés, je prenais le train par là-bas accompagné d'un pote porteur de queue de cheval. Ne voilà-t-il pas que nous tombons sur deux légionnaires beaucoup plus polonais que Perquis. Autant dire que la queue de cheval suscita un intérêt teinté (non pas les cheveux, l'intérêt) de reproche de ces augustes personnages surtout le plus jeune.
La tension monte et c'est alors que me revient du fond de ma mémoire le nom d'un improbable club de foot polonais : Zaglebie Sosnowiecz (je n'ai pas vérifié, mais ça doit ressembler plus ou moins). Et là, va savoir s'ils étaient de là-bas ou si ils furent favorablement impressionnés qu'un Frankowski pur jus connusse ce club somme toute modeste, l'apaisement se fait aussitôt et nous finissons le voyage bercés par le plus âgé, un sergent si je ne m'abuse, frappant la tête du plus jeune contre la vitre du train à un rythme nancynant, c'est à dire fondamentalement l'amble du bourrin.
Comme quoi tout existe dans le football : les imbéciles arrachent des sièges, les poètes délicats sont bercés par le doux martèlement d'une tête contre une vitre.