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AVANT BORDEAUX - SOCHAUX. Francis Gillot, l'entraîneur sochalien, voit bien les Bordelais décrocher le titre de champion de France. Mais sait que cela passe par une victoire sur son équipe !
« Bordeaux mais ça m'ennuie »
Ce n'est pas facile de venir à Bordeaux quand on se trouve dans votre position?
Francis Gillot. C'est sûr qu'on n'est pas favoris. Mais quelque part, la pression est sur les Girondins. Ils sont dans la position d'un tireur de penalty : s'il ne marque pas, c'est grave pour lui. Nous sommes le gardien : si on prend un but, si l'on perd c'est normal. Si l'on réussit l'exploit, c'est Bordeaux qui sera ennuyé dans la course au titre.
Vous dîtes-vous que vous ne jouerez pas votre maintien demain ?
Si on peut prendre des points, on les prendra. Grenoble en a pris, Valenciennes aussi (1). Pourquoi pas nous ?
Avez-vous vu le match à Rennes ?
Oui, il y a du talent, de l'envie, un groupe, avec les moyens de ses ambitions. Il y a toute la panoplie d'une équipe candidate au titre, de bons joueurs, des résultats, du mental, du physique. Cela peut faire quelque chose de bien à la fin de la saison.
Qui voyez-vous champion ?
En début de saison, j'avais dit Lyon. Là, je crois qu'ils sont morts ! Cela va se jouer à pas grand chose. Deux points, c'est rien. Tant qu'il n'y a pas trois points d'écart, un handicap ça se rattrape. L'OM est plutôt bien. Le fait que Gerets ait annoncé son départ, je ne sais pas si cela va perturber l'équipe. Sur la dynamique, je vois Bordeaux. Même si ça m'ennuie parce que cela voudrait dire que l'on a perdu à Chaban ! C'est pour cela que je vais dire Marseille. Mais quelque part, les Girondins sont capables d'être champions.
Pourquoi Sochaux bat Rennes 3-0, puis ne prend qu'un point en trois matches ?
Franchement, je n'ai pas d'explication. J'espérais avant nos quatre derniers matches que l'on prenne sept ou huit points. On n'en a pris que quatre, automatiquement, ça nous remet de la pression pour le mois de mai. Maintenant, sur les matches retour, nous sommes 10e, nous avons pris 19 points en 14 matches. À la trêve, on était tellement mal barrés que c'est inespéré d'être encore dans la course au maintien. On aurait pu être avec Le Havre aujourd'hui. Il vaut mieux considérer ce que nous avons été capables de réaliser sur la phase retour. Même si les deux dernières rencontres nous ont un peu plombés l'ambiance, il y a quand même eu des choses intéressantes avant.
N'est-ce pas un peu usant de lutter tous les ans pour le maintien ?
Oui, c'est usant... Je pensais que les dirigeants avaient compris le message à la fin de la saison dernière. Ce ne fut pas le cas et l'on est reparti pour une saison galère. Dès le deuxième match à Saint-Étienne, j'avais tiré la sonnette d'alarme. On ne m'a pas écouté. Le problème dans le football, c'est qu'on n'écoute pas trop les techniciens. Les présidents et les dirigeants s'imaginent qu'ils connaissent mieux le football que nous. Il arrive ce qu'il arrive...
Mais le FC Sochaux n'est-il pas limité par ses moyens financiers ?
On peut toujours se débrouiller pour trouver de l'argent, non ? On a pris des joueurs à la trêve. Ils sont arrivés six mois trop tard. La saison dernière, quand je suis arrivé, on avait 16 points. On s'est maintenus en avril en allant gagner à Auxerre, ce qui nous a donné 42 points. Je pensais qu'on avait retenu la leçon. J'avais réclamé cinq joueurs, je ne les ai pas eus. Maintenant, il faut sauver l'essentiel. On en a les moyens, certains sont moins bien lotis que nous.
Quel message allez-vous passer à vos joueurs ?
Il ne faut pas se poser en victime, sinon on va jouer sur les talons et reculer. Il faut jouer notre jeu et prendre tous les risques. De toute façon, il ne faut pas se contenter de défendre. On va essayer de jouer comme à domicile. Après, est-ce qu'ils vont le faire ? Je n'en sais rien...
(1) En fait Valenciennes avait perdu 2-1 après avoir ouvert le score
Source Sud Ouest