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Le gouvernement accusé d'être "responsable" de la hausse du chômage
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 29.09.08 | 19h51 • Mis à jour le 29.09.08 | 20h08
Face à la forte hausse des chiffres du chômage, le gouvernement doit faire face à une volée de critiques. Le secrétaire d'Etat à l'emploi, Laurent Wauquiez, a confirmé, lundi 29 septembre, des chiffres qui circulaient depuis quelques jours : le nombre de chômeurs a progressé de 2,2 % en août, soit une hausse de 41 300 demandeurs d'emploi par rapport à juillet. Cette dégradation "est liée à la crise" financière internationale, estimait dimanche le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, faisant écho aux propos de Nicolas Sarkozy jeudi à Toulon, qui avait prévenu que la crise aurait un impact "dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat".
"Quelle que soit l'ampleur de la crise financière, elle ne pourra servir de bouc émissaire permanent à une politique qui fait des ravages depuis des mois", a rétorqué le Parti communiste. "Les chiffres du chômage portent sur le mois d'août, à un moment où la crise [financière internationale] n'avait pas encore porté toute sa violence", a de son côté affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande. "Ces chiffres sont le fruit d'une politique qui affaiblit la croissance", a-t-il relevé. "La deuxième responsabilité du gouvernement, c'est d'avoir supprimé une bonne part des emplois aidés", a-t-il ajouté. "Sa troisième responsabilité, selon le député de Corrèze, c'est d'avoir, avec l'exonération des cotisations sociales sur les heures supplémentaires favorisé l'emploi existant par rapport à la création d'emploi." Ainsi, "les chiffres du chômage s'expliquent pour beaucoup par la baisse des créations d'emplois dans l'intérim et la chute des contrats à durée indéterminée : c'est-à-dire que les emplois précaires sont devenus, hélas, des sans-emploi", note-t-il.
"ON NOUS A UN PEU ENFUMÉS"
Du côté des syndicats, François Chérèque de la CFDT a souligné que cette hausse était "totalement contradictoire avec tous les discours rassurants qu'on nous a fait depuis le début de l'année" et avec lesquels "on nous a un peu enfumés". Des propos qui ont aussitôt fait réagir l'UMP qui estime qu'elle "n'avait pas de leçon à recevoir" de celui qui a "englué le pays dans les 35 heures". Solidaires (syndicats SUD) a de son côté accusé Nicolas Sarkozy de "masquer l'échec de sa politique sous le paravent de la crise", une politique "responsable" de la flambée du chômage, selon la CGT, qui a réclamé "un vaste plan de croissance". Jean-Claude Mailly (FO) a revendiqué pour sa part des mesures de soutien à la consommation.
Pour l'instant, pour faire face au chômage, le gouvernement insiste plutôt sur des mesures ciblées, comme la prochaine fusion ANPE-Assedic, qui doit améliorer le reclassement des demandeurs d'emploi. Mais cette fusion sera progressive, reconnaît le directeur général de l'ANPE, Christian Charpy, dans La Tribune lundi. Ainsi l'entretien unique d'inscription ne sera la règle pour tous les demandeurs d'emploi qu'en octobre 2009. Le gouvernement insiste aussi sur la réforme de la formation professionnelle, sur laquelle les partenaires sociaux négocient à partir de mardi et qui doit faire l'objet d'un projet de loi à la fin de l'année.