Maintes fois, nous avons usé de cette image. Celle de l’homme qui, tombant du 20e étage, se dit, à chaque palier : « jusque-là, tout va bien. » Ça y est, le FC Sochaux Montbéliard est quasiment au fond du gouffre. Et la DNCG a décidé de siffler la fin du feuilleton Ledus, du nom de l’actionnaire chinois du club doubien. Dans un courrier en date du 5 janvier, le gendarme financier du football français stipule la « rétrogradation de l’équipe première à l’issue de la saison sportive 2017-2018 ». Une décision à titre conservatoire qui sonne comme une sanction directe à la gestion opérée par le président Li depuis son rachat du club, à PSA, à l’été 2015.
On croyait pourtant le budget validé. Et la menace repoussée. Mais les promesses de l’actionnaire n’ont manifestement pas convaincu l’instance, qui sort aujourd’hui le carton rouge. L’encadrement de la masse salariale et l’interdiction de recrutement à titre onéreux, mesures décidées à l’issue de l’oral du 11 décembre, faisaient office de simple avertissement.
Ledus s’était bien engagé à entamer une cure d’austérité avec l’objectif d’économiser 3,5 millions sur les 20 millions du budget actuel. Notamment en actionnant le levier de la masse salariale.
L’effectif des joueurs professionnels était donc, pour la saison prochaine, de nature à passer de 27 à 23 joueurs. Tandis que le staff technique perdait l’un de ses cinq éléments. Gage de bonne volonté, mais était-ce tenable au vu de son salaire astronomique révélé par L’Est Républicain (663 087 € annuels, dont 145 512 € d’avantages en nature), le départ volontaire de l’ex-DG Ilja Kaenzig fut effectif le 31 décembre dernier.
Certes, l’actionnaire a bien versé, en fin de semaine dernière, le million d’euros promis, la DNCG en demandait initialement le double. Mais qu’importe, aux yeux du gendarme financier, le problème réside ailleurs. En l’espèce, dans l’incapacité du fabricant chinois de LED à assurer la pérennité du club. D’autant que depuis près de trois ans, la trésorerie s’étiole. Le déficit estimé à la fin de saison étant de 7,5 millions. Certains chiffres parlent même de 9 millions.
300 000 € de sponsoring non payés, l’action suspendue à la bourse de Hong-Kong...?
Alors, si sa filiale française a été liquidée fin août au terme de deux ans d’inactivité, Ledus n’a, par ailleurs, toujours pas payé les 300 000 € dus au FCSM au titre du sponsoring. Somme qui, pourtant, figure (indûment) sur ses comptes 2016-2017. Mais c’est peut-être plus encore la suspension, depuis novembre, du cours de l’action de la maison-mère Tech Pro Technology Development à la bourse de Hong Kong qui suscite le plus d’interrogations par rapport à la capacité financière de l’actionnaire à inverser la tendance.
Tech Pro, dont la filiale FCSM pèse plus de 40 % du chiffre d’affaires, a subi pareille déconvenue au motif de comptes insincères. En cause : les recettes de locations de bureaux qui furent intégrés aux résultats du groupe quand bien même le loyer du building à Hong Kong les abritant n’a pas été acquitté.
Pour Tech Pro, tout part de l’explosion de sa bulle boursière à l’été 2016, lorsque son action a chuté de près de 90 %. Entraînant, dans son sillage, la relativité des garanties bancaires jusque-là assises sur le niveau anormalement élevé de l’action si l’on en croit les différents rapports d’experts.
Alors, dans ce contexte pour le moins alarmiste, on peut s’interroger sur les velléités de Ledus à investir dans le football à l’étranger. Mais plus encore sur cette propension à ne pas reconnaître qu’il y a péril en la demeure.
Sans l’arrivée de nouveaux investisseurs et/ou d’un nouvel actionnaire, ce qui serait de nature à infléchir la position de la DNCG, le FCSM pourrait donc évoluer en Nationale 3 la saison prochaine.
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