Un facteur trop bronzé pour des policiers très zélés
Mourad n'avait pas une tête de facteur selon la police.
SOCIÉTÉ - La scène se déroule mercredi, dans une rue de Villeurbanne. Mourad, jeune facteur, termine sa tournée sur son vélo jaune de La Poste. Un dernier recommandé à aviser. Il pose le papier dans la boîte aux lettre lorsqu’une voiture de police passe juste à côté de lui…
"C'est pas vrai, t'es pas facteur"
Deux femmes et un homme en tenue le regardent. Le véhicule passe. Mourad fait alors demi-tour et repart. Sa journée est finie, il rentre au dépôt. Mais il entend alors une marche arrière et un sirène. La voiture revient, freine. L'une des agents descend en courant, lui demande de descendre aussi, le tutoie. «Qu’est-ce que tu fais là-dessus ?», lui aurait-elle demandé. Il a 19 ans, la peau plus mate que celle de la policière. «J’ai répondu que j’étais facteur, dit-il. Mais elle m’a dit “C’est pas vrai, t’es pas facteur. Où t’as pris ça ?“ Ils m’ont alors demandé si j’avais des choses illicites ou dangereuses, ils m’ont fouillé puis m’ont demandé de me retourner pour me menotter. J’ai refusé et ils ont fini par m’embarquer dans la voiture sans menottes. Je leur demandais ce que j’avais fait, ils ne voulaient pas me donner d’explications.»
Encadré par trois policiers
La suite se passe au bureau de poste. Un autre postier raconte : «Il est environ 13h et les derniers facteurs achevaient de rendre leurs comptes. Soudain, on voit arriver ce jeune collègue, encadré de trois policiers. J’ai pensé qu'il avait peut être été agressé, ou bien qu'il avait déconné avec le courrier, ça arrive parfois. Mais non, ils venaient s’assurer de sa qualité de facteur. Ils se sont «offusqués» qu'il n'aie pas de carte professionnelle». Pourquoi un tel zèle, de tels soupçons ? «Je suis à la poste depuis plus de dix ans et fais mes tournées sans aucun vêtement indiquant ma qualité, répond le collègue. J'ai croisé pendant ce temps des dizaines de fois des agents et des véhicules de police sans avoir jamais été inquiété. Mais j'ai la peau plutôt claire...» Au commissariat de Villeurbanne, la hiérarchie n'aurait pas eu vent de l'affaire. A la Poste, Mourad a fait un rapport à la sienne, et attend des nouvelles.
Ol.B.