« Expulsables » à tout moment
Des associations montbéliardaises se battent pour deux familles bosniaque et kurde. L'une est en rétention à Rouen, la deuxième a reçu un ordre d'expulsion.
« Plus que jamais, il faut se mobiliser, dénoncer ces méthodes. Actuellement, deux enfants sont dans un centre de rétention administratif. C'est illégal, inhumain », soutient Colette Faivre, représentante du Réseau d'éducation sans frontière (RESF) à Montbéliard. Depuis plusieurs jours, plusieurs associations (la Cimade, le RESF, le MRAP, la FSU...) se battent contre l'expulsion de deux familles, bosniaque et kurde.
Salko Musanovic, son épouse Sabina, leurs deux filles, Saldina (7 ans) et Sumaja (1 an) ont été interpellés jeudi par les fonctionnaires de la police aux frontières. Ils habitaient en France depuis deux ans. Voici six mois, ils ont reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui a été mise à exécution : « C'est inadmissible. La famille était en attente d'une régularisation de séjour, le père, d'une promesse d'embauche. Ce ne sont pas des clandestins. Certains membres de la famille de la mère ont un statut de réfugié et habitent sur le Pays de Montbéliard », affirme Colette Faivre.
La famille Musanovic a été conduite au centre de rétention de Rouen où elle est « expulsable » à tout moment. Elle a été présentée devant le juge des libertés et de la détention de Rouen qui a prononcé le prolongement de la rétention administrative. Joint hier après-midi, Salko Musanovic ne cachait pas son désarroi : « On ne sait pas ce que nous allons devenir. Ici, je me sens prisonnier alors que je n'ai jamais rien fait. Je veux rester en France, y travailler », affirmait le ''Bosnien'' (NDLR : musulman de République serbe).
Kurdes arméniens
Les associations épaulent aussi fortement la famille Mamoyan, d'une minorité kurde arménienne, qui vient de recevoir une OQTF. Elle a quitté l'Arménie en 1990. Le père, Mraz, refusait de servir dans une milice du Haut-Karabagh. Avant d'arriver en France, une des filles du couple a été violée et un des garçons a été battu en Ukraine. « Ils ont trouvé refuge à Sochaux. Ils ont aussi un petit garçon de 6 ans, Emile ». Selon un psychologue de l'Education nationale, les menaces d'expulsion peuvent avoir de graves conséquences sur l'enfant : « Il n'ira pas à l'école avec la peur de rater sa dictée mais avec celle de ne pas retrouver ses parents et ses frères et soeurs le soir ». Un recours gracieux a été déposé auprès du préfet pour raisons humanitaire et familiale. Le 12 septembre, les Mamoyan seront reçus en préfecture. « Ils ont très peur. Ce qui est arrivé aux Musanovic inquiète tout le monde. Cela crée une psychose. Beaucoup de familles d'origine étrangère nous appellent. Elles craignent d'être expulsées à leur tour ».
Source : L'Est Rep'
Des Arméniens menacés d’expulsion
Une nouvelle famille d’origine étrangère est sous le coup d’une décision de reconduite à la frontière dans le pays de Montbéliard.
Le couple Mamoyan et leur fils aîné auraient dû quitter la France vendredi. Cette famille arménienne déboutée du droit d’asile est renvoyée à la clandestinité. Le plus jeune garçon qui n’est pas touché par la mesure d’expulsion, doit reprendre l’école, à Sochaux, mardi.
Les Mamoyan appartiennent à la minorité kurde d’Arménie. Leurs ennuis commencent quand le père refuse de joindre la milice nationaliste pour aller se battre dans le Haut-Karabakh. Région convoitée par la Russie et l’Arménie. « Ils sont alors persécutés. Le père en a gardé des séquelles. Ils ont perdu un enfant. C’était un véritable calvaire » précise Colette Faivre du Réseau Éducation sans frontières (RESF). La suite, c’est le fils aîné, 22 ans, qui la raconte dans un français impeccable. La famille choisit l’exil, s’enfuit en Ukraine d’où elle décide de payer un passeur pour gagner l’Europe. Elle ignore tout de la destination finale mais le bus « touristique » les lâche en France. Entretemps Mraz, le père, est bloqué en Ukraine et seuls peuvent embarquer le fils et la mère, enceinte. Ils arrivent à Besançon en 2001. Le père les rejoindra trois ans plus tard. « Pendant toute cette période, nous étions sans nouvelles de lui et c’est grâce à une émission de télé que nous avons pu retrouver sa trace ».
Déboutée à trois reprises
La famille Mamoyan qui compte désormais un deuxième fils, né en France, s’engage alors dans le labyrinthe administratif pour obtenir le droit d’asile. Elle est déboutée à trois reprises malgré des promesses d’embauche. Le couperet tombe le 31 juillet dernier : obligation de quitter le territoire dans un délai d’un mois.
Depuis les Mamoyan, envoyés dans le pays de Montbéliard en 2003, ont quitté le logement du foyer Amat de Sochaux. Ils sont hébergés dans des familles de la région.
Avec le soutien de la Cimade, de Réseau Éducation sans frontières et du MRAP, ils veulent à nouveau tenter leur chance et pensent détenir un nouvel élément qui pourrait permettre la réouverture du dossier : le grand-père adoptif qui occupait la maison familiale vient de mourir. La maison a été réquisitionnée pour être convertie en bureau.
« C’est une preuve qu’ils sont toujours en danger dans leur pays » poursuit Colette Faivre qui reconnaît que la situation en Arménie est complexe et que les minorités y sont menacées.
À trois reprises, la France a estimé que l’Arménie était un pays sûr. « L’administration a jugé que les preuves que fournissaient les Mamoyan n’étaient pas probantes et que le papier prouvant que Mraz a déserté n’était pas fiable car ce n’est qu’une photocopie ».
La famille a introduit un recours gracieux pour raison humanitaire et familiale auprès du préfet. Elle sera reçue le 12 septembre prochain.. Un deuxième recours a été introduit devant le tribunal administratif. Recours qui n’est pas suspensif.
Quatre autres dossiers
Le plus jeune fils scolarisé à Sochaux depuis trois ans, devrait en principe pouvoir retrouver ses camarades de classe mardi. Il n’est pas concerné par l’Obligation de quitter le territoire. « Ce qu’on fait vivre à ce petit garçon est de la maltraitance » proteste Rémi Fauvernier, psychologue scolaire qui a rejoint le combat de Réseau Éducation sans frontières. Avec la Cimade, RESF estime que l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer sur toute décision administrative.
La Cimade est saisie des dossiers de quatre autres familles dans le pays de Montbéliard.
Source : LePays