Dagano à Sochaux : Les secrets d’un transfert
mardi 23 août 2005.
Moumouni Dagano a signé pour 4 ans à Sochaux en Ligue 1 française. Guingamp (L2) l’a laissé partir pour ne pas tout perdre finalement. Sochaux l’a pris parce que le Burkina risque de ne pas participer à la CAN 2006.
Le tout Burkina depuis l’annonce du transfert de Moumouni Dagano n’arrête pas d’applaudir des deux mains. Le retour de Dagano en Ligue 1 est l’unique chance pour les fans nationaux du ballon rond de revoir un des nôtres à la télé. Le joueur lui-même est heureux comme un bébé de trouver enfin un preneur à la hauteur de ses ambitions. Guingamp depuis sa descente en Ligue 2 collait à la peau de l’international burkinabè tel du chagrin.
Juste après la relégation du club breton, le président Noël le Graët n’avait pas délivré un bon de sortie à son joueur burkinabè.
Par contre, tous les autres cadres de l’équipe ont pris le large avec bien sûr la bénédiction du club. Dagano avait mal avalé cette injustice. Mais contraint, il est resté une saison de plus. Guingamp échoue dans sa montée et se sent obligé de laisser partir son buteur.
La saison 2005-2006 venait de reprendre et Dagano n’avait toujours pas trouvé preneur. Dans une interview publiée sur le site de l’En-avant Guingamp, le président du club semblait savourer sa victoire, celle de conserver le Burkinabè. « Dagano a son bon de sortie mais encore faut-il qu’il trouve un preneur », a-t-il déclaré. En fait, les 4 millions d’euros que demandait Guingamp pour laisser filer Dagano semblaient décourager les clubs en concurrence.
Strasbourg qui ne proposait que 2,5 millions d’euros et Le Mans ont dû abandonner leurs options sur le buteur burkinabè face à la gourmandise du club breton. Le PSG et l’Olympic de Marseille se sont eux aussi intéressés à Dagano mais pour des raisons outre que financières. Ces pistes aussi se sont refermées.
Le cas Dagano semblait désespérant. A deux semaines de la fermeture de la période des transferts (fin août) « Momo » comme l’appelle le Graët, était toujours Guingampais. Il avait même repris les entraînements et disputé des matchs sous les couleurs bretonnes. Mais soudain, Sochaux se manifeste avec plus d’arguments. En fait, c’est la deuxième fois que le club doubiste ouvre ce dossier.
Lors de la relégation de Guingamp en D2, Sochaux alors entraîné par Guy Lacombe avait manifesté le désir d’enroler Dagano. En vacances au Burkina, Lacombe n’arrêtait pas de passer des coups de fil au joueur pour le convaincre à signer chez lui. Puis entre temps, Sochaux abandonne la piste. Mais avant, Guy Lacombe a pris soin d’informer Dagano qu’il a été sommé par le Graët de le laisser tranquille. Il faut savoir que le président de l’En-avant-Guingamp se trouve être aussi le vice-président de la Fédération française de football.
Il a donc un poids non négligeable en France. Finalement, Guingamp a laissé partir Dagano à Sochaux pour 3 millions d’euros au lieu de 4. En cela, deux raisons.
Premièrement, Sochaux a proposé mieux que toutes les autres offres reçues jusque-là.
La deuxième raison, les dirigeants de Guingamp se sont retrouvés face à une situation du quitte ou double. Moumouni Dagano s’il restait encore une saison à Guingamp, se retrouverait libre à la fin du championnat. Son contrat de trois ans s’achève en 2006. En fin de saison prochaine, le Burkinabè serait libre de partir là où il veut. Mais ce qui sera plus dramatique pour Guingamp, c’est qu’il n’encaissera plus le moindre kopeck, le joueur n’étant plus sous contrat avec lui. Le montant du transfert sera reversé sur le compte personnel du joueur.
Le club breton a perçu ce risque. Et il a préféré prendre 3 millions d’euros (près de 2 milliards de F CFA) cette année que zéro franc la saison prochaine. Voilà pourquoi Guingamp a été contraint pratiquement de laisser partir Dagano.
Et si Sochaux aussi a fait tant d’efforts pour acquérir le Burkinabè, il a sa raison majeure qui n’est pas forcément celle que nous croyons. Sur le site web de Sochaux, on explique l’enrôlement du buteur burkinabè. Les Etalons ont de fortes chances de manquer à la CAN 2006. « Nous ne voulions pas recruter un joueur africain supplémentaire en raison de la CAN », a clairement signifié le directeur sportif du club, Bernard Genghini. Autrement dit, si le Burkina était bien positionné pour se qualifier à la prochaine CAN, Dagano ne serait pas Sochalien. Comme on le dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Jérémie NION
Sidwaya