(ajoulot @ Vendredi 14 Janvier 2005 02:40)
Il y a de quoi s'offusquer pour ça, c'est clair.
Mais c'est encore gentil par rapport à la nouvelle déaclaration fracassante de Le Pen hier...
Bon, il y aurait beaucoup à dire sur ce que je pense de Le Pen, il faudrait sans doute commencer par là pour expliquer mon état d'esprit, mais ce serait un peu long et je sais pas si ça intéresserait grand monde ! Disons rapidement que pour moi, si Le Pen n' existait pas, les politiques l'auraient inventé ( je devrais dire" l'ont inventé"), parce qu'il leur est très utile à tous (Miterrand l'a compris le premier, Chirac n'a fait que suivre l'enseignement du vieux maitre). Ceux avec qui j'en ai déjà discuté comprendront ce que je veux dire, si ça en intéresse d'autres, on peut en parler plus longuement, mais peut-être dans un autre sujet. Bref, c'est l'épouvantail de la république, le Goldstein du monde moderne, l'ennemi public tout désigné dont on a bien besoin. Cette utilisation me révulse ; j'ai l'impression de vivre dans une mauvaise adaptation de 1984 .
D'autre part, je suis très attaché à la liberté d'expression ; pour moi, c'est ce qui fonde la démocratie. Et la démocratie, j'y crois fort, enfin je crois que son avènement est possible. Pour celà, il faut faire confiance évidemment à l'intelligence populaire, et non pas prendre les gens pour des cons jusqu'à ce qu'ils le deviennent vraiment. Celà afin que le débat démocratique, serein, appaisé, responsable, intelligent quoi, soit possible. Sinon, autant chercher un autre système politique, et rapidement ! A notre époque, je pense qu'on pourrait avoir un tel débat, si on arrêtait un peu d'infantiliser le peuple ; ça me désole qu'il existe encore parmi les citoyens une partie adulte, qui décide pour la partie enfant de ce qu'elle a l'autorisation ( parentale) de regarder ou de savoir. La liberté d'expression, on ne peut pas transiger avec ; nous vivons dans le pays de Voltaire qui disait : " je déteste ce que vous écrivez, mais je suis prêt à me faire tuer pour que vous ayez le droit de l'exprimer" ; et de l'exprimer où ? Le philosophe n'entendait certainement pas par là : "sous votre douche " ou "en rase campagne", mais bien "sur la place publique"! Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'il est complètement ridicule de prétendre défendre la liberté d'expression, mais à quelques exceptions près( car finalement, ce sera toujours à l'exception de ce avec quoi je ne suis pas d'accord !) ; on est soit pour, soit contre ! Moi, je suis pour.
En France, il y a des lois qui limitent la liberté d'expression, afin de ne pas heurter certaines catégories de la population, une sorte de pudeur républicaine ; pourquoi pas, mais jusqu'à quand ? Moi, j'ai pas envie de me trimbaler sans cesse les casseroles de ce que les français ont honte d'avoir fait ( et dont je ne me sens pas responsable), sans en plus se regarder franchement en face ! Car l'air de rien, la liberté d'expression et de penser sont illusoires en France sur des domaines précis, et notamment sur le regard que la France porte sur son Histoire ; ce n'est pas simplement stupide, mais aussi assez dangereux.
Je refuse donc l'instrumentalisation en politique, parce que celle ci ne doit pas fonctionner sur le mode cape et épée, chevalier servant, pourfendeur du mal.
Je refuse aussi que les tribunaux puissent condamner les simples paroles d'untel ou untel, ce n'est pas leur boulot, ils n'ont pas la compétence pour le faire, il ne devrait même pas à avoir à y penser ! La réflexion ne supporte pas ce genre de mesures.
Dans le débat politique français, dès que Le Pen dit quelque chose, il faut absolument dire son contraire, sous peine d'être infecté par la peste brune et de devenir paria à son tour. Ce qui montre bien la faiblesse, la frilosité du débat "démocratique". Voilà où nous en sommes très précisément !C'est très grave je trouve ; peu à peu, des pans entiers de la pensée sont frappés par l' interdit.
Ainsi de ce qu'il vient de dire ; désormais, si je sors la même chose dans un article, on va me soupçonner de monter un argumentaire fallacieux, de comploter ou pire,... d'être d'Extrême-Droite", l'anathème par excellence !!!
Or, que dit-il exactement ? Tout simplement que si l'on compare le comportement des nazis en France à ce qu'il a été dans d'autres pays, on s'aperçoit que, à part quelques bavures, ils n'ont pas eu un comportement particulièrement inhumain. ESt ce parce que c'est lui qui le dit, et malgré les précautions qu'il prend quand il le dit ? En tout cas voilà une déclaration qui est reprise sur tous les toits, exposée aux huées de la ville avec le sceau : attention, ceci est choquant, prière de vous montrer outrés et pourquoi pas de lancer une pierre ou deux ( allez y madame, c'est gratuit !).
Mais en fait, c'est vrai : l'occupation en France n'a pas été particulièrement inhumaine : y a qu'à comparer à ce qui s'est passé pendant la première guerre mondiale, ou pendant la deuxième dans les pays de l'est, pour s'en rendre compte. Car si c'était le cas, que dire alors de ce qu'a subi, par exemple, l'URSS ?! Mais à présent, avant de dire celà, je devrais m'entourer de multiples précautions, nuancer au maximum, jusqu'à rendre mon discours aussi intéressant qu'un cours de sociologie politique sur la cinquième, autant dire inaudible, et c'est bien là l'effet recherché. Car voilà, l'Histoire française, c'est celle du mythe que De Gaulle a eu la présence d'esprit ( et il avait un sens de l'Histoire bien trop développé pour ne pas l'avoir fait sciemment) de faire croire à son arrivée à Paris : la France victime, mais la France résistante ; la France souffrante, mais la France valeureuse ; elle fut au contraire la France collaboratrice et apathique. Il la fallait orgueilleuse ; elle aurait dû être honteuse. Mais ça, à l'époque, ç'aurait pas été très politique de le dire. Soixante ans après, de l'eau a coulé sous les ponts, il est temps, au moins possible, de se regarder en face...
Il y a bien les lois sur les juifs ; mais le gouvernement français de l'époque avait mis en place les mêmes, devançant, comme seule la Norvège de Quisling l'avait fait, les pressions allemandes. Ce qui est arrivé aux juifs en France, les Français en sont tout aussi responsables que les allemands, je veux dire en fait que la responsabilité française, en dépit des tentatives des Français de la reporter sur les épaules allemandes, est très lourde ; atroce en vérité ; à l'inverse, au Danemark, où la population y était opposée, la très grande majorité des juifs a survécu. Ainsi, à l'époque, cette politique nazie n'était sans doute pas considérée comme inhumaine par les français : au pire, elle leur paraissait normale ( et bien méritée !), au mieux, un moyen de rendre l'occupation pas particulièrement inhumaine...pour eux ! Qui plus est ceci ne faisait pas à proprement parler partie de la politique d'occupation, mais seulement de la politique juive générale en vigueur d'abord en Allemagne. Cette politique juive est inhumaine ; mais l'occupation, elle, ne l'était pas particulièrement à proprement parler, et pour cause, on voit que les deux vont ensemble...
Mais voilà, les troupes allemandes étaient bien tenues en France dans le cadre d'une occupation armée, certes, il n'y a pas d'occupation dans la joie et la fraternité, mais bien tolérée quand même, et en tout cas jusqu'à l'instauration du STO. Beaucoup d'historiens le disent ( enfin, l'ont dit jusqu'à présent, ce sera peut-être plus difficile désormais !) ; il faudra bien que la France le sache, dommage que ce soit Le Pen qui le lui fasse savoir !