Hooligan : six mois de prison ferme
Le procureur avait requis un an ferme avec mandat de dépôt à l'encontre d'un mineur, coupable d'avoir planté un poteau de corner dans l'oeil d'une stadière de Bonal.
MONTBELIARD. L'émotion est trop forte en ce mercredi après-midi. Il est 13 h 30. Rachel Copin craque. La frêle étudiante de 24 ans vient d'apercevoir celui qui l'a agressée, le 21 mai 2005. Ce jour-là, la jeune femme était au bord de la pelouse de Bonal, au sein du personnel chargé de la sécurité.
A quelques instants de la fin du match opposant les Sochaliens aux Nantais, une poignée de hooligans bretons, frustrés par le résultat (1-0) et la perspective d'une relégation en L2, envahit le terrain pour un déferlement de violence encore jamais vu en terre sochalienne. Trois cent cinquante sièges sont arrachés. Tout ce qui tombe sous la main d'une soixantaine de pseudo-supporters est lancé en direction des stadiers. Jean-Luc Spoerndle reçoit une pancarte publicitaire en plein visage. Ce qui lui vaudra la pose de 17 points de suture.
Rachel Copin est encore plus durement touchée. Elle voit fondre sur elle un jeune armé d'un poteau de corner qu'il utilise comme une hallebarde. La jeune femme est touchée à l'oeil droit. Hospitalisée, elle est opérée en urgence. Aujourd'hui encore, elle conserve des séquelles. Avec une vue qui se dégrade régulièrement. Psychologiquement, elle avoue avoir peur de la foule et ne plus pouvoir entrer dans les gradins d'un stade.
En larmes
Hier, trois Nantais qui étaient mineurs au moment des faits étaient renvoyés devant le tribunal des enfants de Montbéliard. Avant que ne débute l'audience, Rachel Copin avouait attendre « quelque chose d'exemplaire. Il faut empêcher ces gens d'approcher d'une enceinte sportive. Ce ne sont pas des supporters. Ils n'aiment pas le sport. Il n'y a que la violence qui les anime ». Elle espérait aussi comprendre et entendre des excuses.
Deux heures plus tard, alors que l'audience est loin d'être achevée, elle quitte brièvement la salle. « Un seul s'est excusé, mais pas celui qui m'a agressé », lâche-t-elle dépitée, regrettant au passage que « personne du FC Sochaux ne soit venu aujourd'hui ».
Les débats, à huis clos, ont finalement duré trois heures trente. A l'issue, l'auteur principal sort en larmes. Le procureur Pucheus vient de requérir un an de prison avec mandat de dépôt à son encontre. Il a aussi réclamé une interdiction de stade pour une durée de cinq ans. Les deux autres mineurs, mis en examen pour destructions, violences en réunion ayant entraîné une incapacité de travail de moins de huit jours, introduction de fumigènes (pour l'un des deux) ont droit à un réquisitoire moins élevé : trois et cinq mois de prison avec sursis. Mais l'interdiction de stade sollicitée est la même : cinq ans.
Interdits de stade pour 5 ans
Dans le contexte des violences enregistrées à l'intérieur et aux abords des stades de football -comme le rappellent les événements de Paris et Nancy-, le ministère public entend adresser un message fort. « Je me demandais si on parlait de mon affaire ou d'une autre », lâche l'un des jeunes, aujourd'hui majeur, en sortant de la salle.
Le jugement est intervenu à 20 h 30. Les deux mineurs les moins impliqués sont condamnés à un et cinq mois de prison avec sursis et une interdiction de stade pour cinq ans. Le principal écope, outre la même interdiction pour cinq ans, d'un an de prison dont six mois avec sursis mise à l'épreuve durant trois ans. Le mandat de dépôt n'est pas délivré.
Anne Gentilini, la juge des enfants, a précisé au mineur qu'elle allait prendre contact avec son homologue nantaise, pour lui expliquer « l'esprit du jugement ». Elle a laissé entendre au jeune hooligan (dont le casier judiciaire comporte déjà quatre condamnations) qu'il pourrait ne pas aller du tout en prison à condition de remplir certaines obligations.
Demain, neuf majeurs comparaîtront devant le tribunal correctionnel pour y répondre des violences perpétrées ce 21 mai 2005, dans l'enceinte de Bonal.
Sam BONJEAN
L'Est d'aujourd'hui Je regrette juste l'utilisation récurrente du terme "hooligan" qui est un concept bien différent, mais voilà.
Sinon son avocate, c'est elle qui avait géré mon divorce (c'est bon pour TLSMB ça)