J'aurais besoin d'éclaircissement (parce que je suis vraiment un béotien sur ces sujets) sur le poids réel dont bénéficiera l'actionnariat populaire au sein de la structure professionnelle :
Sociochaux bénéficie-t-il d'un droit de veto dans le cas où un nouvel investisseur se présenterait ?
Si dans 5 ans, quand l'eau aura coulé sous les ponts et emporté avec elle les souvenirs des stigmates de 2023, un Chinois se présente avec de la maille fraîche, beaucoup de maille fraîche, les investisseurs privés nous jouant alors la sérénade du bien, de la nécessité à injecter de l'argent pour faire passer un cap au club, peut-on concrètement s'y opposer même contre le monde entier ?
En gros, faire ce que les supporters strasbourgeois n'ont pas eu les moyens de faire ...
Si ces mêmes privés décident que, finalement, le centre est un poids, ça ne les intéresse plus, jouer les faire-valoir de la Super League, c'est quand même pas mal, peut-on s'opposer à ce que la SA se décharge de la SCIC et donc du Centre ?
Merci de reformuler sous forme de question ce qui semble évident et parfaitement intolérable.
J'entends, et je m'excuse par avance de la déception que je susciterai chez toi, mais je ne peux pas partager la rudesse de tes convictions, qui ont le mérite d'être sincères, mais peut-être un peu trop - et je sais bien que tu considéreras cette position, la mienne, comme une désertion de plus.
Ces questions m'apparaissent légitimes et elles révèlent une inquiétude, chez moi, dont je ne me déferai pas, parce que je n'ai pas assez confiance en l'être humain pour croire que le traumatisme de cet été restera suffisamment vif dans l'intégralité des esprits pour que les mêmes erreurs ne soient pas commises à nouveau dans 5, 10, 15 ans.
Dans un monde idéal, j'aurais aimé être certain que jamais, ô grand jamais, le FCSM ne puisse être la cible d'ambitions contraires à son histoire et ses valeurs.
Pour autant, il faut composer avec le réel et garder à l'esprit un élément contre lequel même les plus belles convictions ne pourront rien : nous ne sommes pas propriétaires du club et notre apport de 770'000 euros, aussi bienvenu soit-il, reste moindre par rapport à ce qu'ont injecté de nombreux autres actionnaires.
Ce qui nous oblige à composer avec eux. C'est jamais rigolo de composer avec des gens qui n'ont pas nécessairement la même vision des choses que toi, je pense que nous y sommes tous plus ou moins confrontés dans nos quotidiens, mais c'est nécessaire, parce qu'une micro-société comme une société plus large ne peut pas se charpenter autour de postures idéologiques intransigeantes. Un monde qui se limiterait à une position Mélenchon versus Zemmour nous enverrait dans le mur plus rapidement encore que ne le fait le pouvoir en place, c'est dire.
On vit dans un monde cadré par le capitalisme et, malheureusement, la loi du plus fort et du plus riche. Je suis opposé idéologiquement à ce modèle et j'aimerais que notre voix pèse autant que celle du mec qui a mis un million sur la table. Lui va raisonner autrement, parce qu'il n'a pas le même logiciel que moi à la base. Est-ce que ça me déçoit ? Toujours un peu. Est-ce que je remets tout en cause pour autant ? Non. Parce que ma seule préoccupation, c'est la survie du FCSM. Nous avons tous foncé tête baissée cet été sans réfléchir, parce que c'est notre instinct de survie qui nous guidait. On s'est peut-être vu très beaux, trop, et la réalité nous rattrape à un moment. Il faut composer avec d'autres, oui, c'est ainsi. C'est chiant mais c'est ainsi.
Sociochaux a donc fait le choix de la solution la plus pérenne pour le FCSM en fonction de ce que nous pouvions mettre, nous, sur la table.
L'essentiel, pour moi, est là : les supporters sont un contre-pouvoir au FCSM. Leur voix compte. Ce qui nous distingue de 98% des clubs en France. C'est notre coup de pied au cul du capitalisme et du foot business globalisé.
Étant acquis que ce n'est pas une raison, pour autant, d'avaler toutes les couleuvres. DB en a cité une. Il y a un personnage particulièrement casse-couille dans ce collège et il faut s'en prémunir. Comme il nous faudra, collectivement, rester vigilants quand une somme d'investisseurs oubliera d'où l'on vient et jugera profitable au FCSM d'ouvrir le capital à des fonds étrangers.
Aujourd'hui, on peut se rassurer quant au fait que les gens en CA sont des locaux qui n'ont aucun raison de voir le club retomber dans ses travers. C'est une soupape de sécurité renforcée par la présence de Sociochaux.
Seuls, nous ne pourrions rien aujourd'hui. Notre charpente n'est pas celle de Bastia, nous sommes une composante parmi 40 autres et il faut admettre que nos voix individuelles puissent s'effacer derrière le collectif. Je pense qu'il faut vraiment que tu l'acceptes, pour ton cœur (et ton foie).
Maintenant, je vais être transparent, et dire ici ce que j'ai dit par ailleurs à certains membres de Sociochaux, je pense que prévenir c'est guérir, et qu'au-delà de ce sujet bien précis, il m'apparaît prudent et nécessaire d'impliquer les Socios en amont de telles décisions, pour leur exposer quels sont les problèmes rencontrés, et éviter ainsi au maximum que certains - comme c'est ton cas ici - se sentent lésés, voire trahis.
Je suis pour ma part reconnaissant à d'autres de faire un travail dont je ne peux qu'imaginer ce qu'il implique en terme de temps, d'énergie nerveuse, dans un monde où nous avons tous autre chose à faire par ailleurs.