En parlant de Rock en Seine, j'ai fait 4 jours sur l'édition 2024. C'est la première fois depuis très longtemps que je n'avais pas pris un pass multi-jours, tant les progs m'ennuyaient récemment. J'y avais mis un orteil l'an dernier pour les Strokes et leur concert absolument infâme. Mais cette année m'a réconcilié ; c'était assez bien organisé, le son était généralement bon, RAS. Les concerts que j'ai vus :
- The Last Dinner Party : un des rares groupes que je suis allé voir sans trop connaître, et très belle surprise. Ils repassent à l'Olympia dans 2 mois, c'est déjà complet mais je vais essayer de récupérer une place en seconde main. La chanteuse met beaucoup d'énergie et de confiance sur scène, et l'accoutrement du groupe en robes à l'ancienne donne l'impression de voir un roman de Jane Austen.
- Kasabian : j'ai enfin pu les voir (même si je n'ai jamais essayé très fort non plus). Je ne m'attendais pas à cette gestuelle très "rappeur" du chanteur, mais il a su conquérir la foule qui n'était, je pense, pas constituée de connaisseurs de leur discographie. Un peu déçu par la balance du son sur certaines chansons, notamment Fire où la guitare et le chant étaient étouffés sur le refrain, et par l'absence de Empire mais ils ne la jouent pas à toutes les dates. Pas très fan de leurs productions récentes. L'un dans l'autre, je ne m'interdis pas de retourner les voir.
- The Hives : 4è ou 5è fois que je les vois, c'est mon concert doudou. Toujours aussi efficace, quand bien même ils jouent la même partition sur scène depuis des années ; le chanteur y met tellement de conviction que ça ne me lasse jamais. Pour une fois il n'a pas fait s'asseoir la foule sur Tick tick boom, il a essayé sans succès de la diviser en deux groupes et créer une allée centrale ; peut-être que passer juste derrière Kasabian qui avait employé cette animation a changé leurs plans ?
- Maneskin : j'étais curieux de la hype, car je ne suis pas fan de leurs chansons. Beaucoup mieux en live, sans la prod un peu dégueu de leurs albums, mais ça me fend un peu le coeur de voir à quel point la foule était en fusion versus les autres groupes ci-dessus. Mais bon, tant mieux pour eux.
- Gossip : première fois que je les vois, comme tout le monde je ne connais qu'une ou deux chansons. La chanteuse a une sacrée voix y compris sur scène, mais dans l'ensemble je n'ai pas été emballé. Ils projetaient une personne filmée à traduire les paroles en live en langage des sourds ; ça sent la coquetterie woke vu le nombre de sourds qui doivent se pointer à un festival, mais p'têt que je me suis médisant et validiste.
- Jungle : putain ce que je me suis fait chier, quelle soupe ! J'aime bien 2-3 chansons sur album, mais en live ils auraient aussi bien fait de poser un lecteur mp3 branché sur les enceintes et diffusé les animations visuelles en fond ; c'était mécanique, rien ne dépassait à part la chanteuse qui parfois sortait du lot (et de la version album je suppose). Zéero interaction avec le public. Bon, la foule était en délire sans surprise, c'était programmé le vendredi où il n'y avait pas vraiment de rock mais du rap et de l'electro pop.
- The Kills : première fois que je les vois, je ne connais que 3-4 chansons et je n'en attendais pas grand chose. J'ai pourtant été captivé et transporté, je ne crois pas déjà avoir ressenti autant de complicité sur scène entre des artistes (2 en l'occurrence) qui tournent pourtant depuis bientôt 20 ans. Une chanson s'est terminée avec les deux assis au bord de la scène, les jambes pendues, le guitariste finissait tranquillement la chanson et la chanteuse alternait les regards vers la foule et lui avec un sourire suspendu aux lèvres ; j'avais l'impression d'être transporté au milieu de nulle part, seul avec eux. Incroyable.
- The Offspring : deuxième fois que je les vois cette année, c'était la fois de trop je pense. La setlist est toujours aussi efficace, la foule se laisse emporter naturellement par les chansons, mais revoir exactement les mêmes sketchs des deux larrons m'a un peu usé. Ils sont très bons comédiens, mais c'est trop à l'américaine pour moi. Le parallèle fait mal avec The Hives dont on pourrait faire le même reproche, mais avec qui ça passe crème pour moi.
- Inhaler : j'étais curieux et j'espérais passer un bon moment, car j'aime beaucoup leur single Honest Face même si le reste de l'album est plus tiède. Bah je me suis bien fait chier et me suis demandé à plusieurs reprises par quelle injustice des groupes comme ça font le plein sur la 2ème scène de Rock en Scène, alors qu'un The Silver Lines pas beaucoup plus novateur mais tellement plus charismatique est condamné aux bars-concerts de 500 places. Le fait que le chanteur de Inhaler soit un beau gosse musclé (qui le montre) ET le fils de Bono comme je l'ai appris par la suite doit aider, mais attendons la suite de leur carrière.
- Massive Attack : deuxième fois que je les vois dans ma vie, la première était également à Rock en Seine vers 2015 et sans Elizabeth Fraser je crois. J'étais curieux de voir si j'allais faire les mêmes reproches à MA qu'à Jungle, car dans mes souvenirs c'était également un groupe assez froid et distant sur scène, qui se contente de jouer ses chansons en utilisant le fond d'écran pour animer le tout. Mais la comparaison tourne à l'humiliation pour Jungle, j'ai passé un moment vraiment intense. Effectivement le duo ne parle pas à la foule, en dehors d'introduire les guests et de remercier la France pour son soutien à l'Ukraine et la Palestine, mais les guests justement ont une telle présence (Horace Andy, Elizabeth Fraser cette fois - incroyable voix y compris en live et à son âge, et un ou deux autres que je n'ai pas retenus) et la musique combinée aux messages politiques fait entrer dans une sorte de transe particulière. Je pense que tout le monde n'adhère pas, c'est même sûrement jugé pédant, mais j'étais pénétré. Il y a eu une chanson de 5-6 minutes pendant laquelle défilaient des dizaines de "faits" anti-Israël, ça a été la seule vague de départ notable que j'ai observée dans la foule pendant le concert ; tout le monde n'a pas apprécié...Ironique aussi de voir les gens se filmer tout heureux avec leur smartphone quand leur visage était affiché à l'écran de la scène avec une mise en scène qui dénonçait la reconnaissance faciale et les travers de la tech.
- Ghinzu : je les ai vus en juillet au théâtre antique de Arles (en double concert avec Warhaus, qui était merveilleux). J'ai poncé Blow dans mes années fac, j'étais refait de les voir en live mais au final je n'ai pas été emballé les deux fois. On est même partis avant la fin à Arles. C'est efficace, la setlist est bonne, le chanteur a la forme et sa voix caractéristique, mais ça n'a pas pris pour moi ; peut-être car la balance laissait à chaque fois trop la part belle au chant par rapport aux musiciens ?
- PJ Harvey : ça fait parti des artistes auxquels j'ai (avais) du mal à accrocher alors qu'on n'est pas censé aimé le rock / folk indé si on ne les vénère pas. J'ai révisé ses setlists avant le concert pour être préparé et ne pas rater ma meilleure occasion d'adhérer ou non à PJ, et l'essai a été transformé. Sa musique prend réellement une dimension supérieure en live, et son groupe comme elle ont une élégance de tous les instants. Elle est distante et a très peu communiqué par les mots avec le public, mais elle l'entraîne dans son monde avec ses scénettes muettes et sa musique.
- Pixies : ils ont remplacé The Smile, ce qui m'a chagriné, mais m'a permis de redonner sa chance à un groupe qui m'avait laissé assez tiède à une précédente édition. J'écoute une bonne douzaine de chansons des Pixies régulièrement dans mes playlists et "radios" Spotify, je ne m'en lasse jamais, mais en live il y a quand même un truc qui m'empêche de m'éclater, je ne sais pas dire quoi. Cette fois-là c'était mon dernier concert après 4 jours, donc la lassitude peut expliquer je suppose.
Sinon déception d'avoir raté Glass Beams, que je ne connaissais pas, mais on est arrivé à la toute fin du concert et la foule était très enthousiaste. Leur musique orientale et leurs masques sur scène m'intriguent.
Ha, et anecdote amusante sur Massive Attack : j'ai 2-3 dates Tinder qui sont passés à la casserole sur fond de Teardrop il y a quelques années (quelle originalité, n'est-ce pas ?), du coup voir en live E.Fraser et sa dégaine de gentille sexagénaire peut-être déjà grand mère, ça m'a fait un décalage surprenant.