Ineos équipe plus faible qu’à l’accoutumée mais ils font 1 et 2.
En effet, c'est bien la première fois depuis 2012 que les Sky-Ineos ont donné des signes de faiblesse collective sur le Tour de France. Des cadors comme Moscon ou Kwiatkowski ont été à la ramasse pendant quasiment toute l'épreuve. Du coup, le crédit qu'on pouvait légitimement leur apporter sur la précision millimétrée à préparer leurs coureurs, prend cette année un sérieux coup de plomb dans l'aile.
Le talent individuel de Bernal aura fait beaucoup plus durant ce Tour 2019, que leur maîtrise collective et les aura sauvés finalement.
En revanche, sur le fait que Portal doit son succès au travail, c'est un facteur mais pas unique. Tout comme le foot, le mec besogneux réussit plus facilement dans un club à gros moyen. Rien ou presque n'entrave sa marche en avant. Avec de plus petits moyens, ce n'est pas la même musique.
Il y a une grand quantité d'argent supplémentaire certes, mais il y a aussi le fait que les Sky s'affranchissent depuis 2012 de toute éthique sportive en flirtant au maximum avec les limites réglementaires, en les franchissant parfois, comme on l'a vu dans le scandale des AUT de Wiggins ou bien quand on a chopé leur leader emblématique Christopher "Ventolino" Froome, la main dans le pot de confiture. Plus que le fait que Portal soit un couche tard, toute cette daube doit certainement mieux l'aider à concrétiser son travail.
Dans l'article de ce matin qui lui est consacré, on apprend qu'il habite à Andorre, mais "promet que ce n'est pas une affaire de fiscalité"
Doit-on en rire? Est-ce avec la même sincérité qu'il nous raconte que ses coureurs ont toujours été cleans quand on lui parle dopage? Comment à partir du moment où deux leader successifs ont été pris par la patrouille en 5 ans, continuer à faire confiance à ces types?
On peut juste désormais espérer qu'avec l'arrivée de Bernal dans leur équipe, un gars talentueux, au profil bien plus classique que ceux des mulets transformés en chevaux de courses, le team Ineos n'ait plus besoin de jouer avec les limites de l'éthique sportive pour rentabiliser la manne financière d'un des plus grands pollueurs de la planète ( Raison de plus pour ne pas forcément apprécier cette équipe...)
(Cocasse de voir que ce soit un fabricant de plastique pour remplacer la Sky qui abordait fièrement l'an passé un orque sur son maillot, symbôle de la lutte contre...le plastique à usage unique. Les coureurs n'y sont certes absolument pour rien, mais quel cynisme)
Article du Monde au sujet peut-être d'une nouvelle ère qui s'annonce.
« Le Tour 2019 va peut-être se jouer à vitesse réelle » 22/07/2019 - lemonde.fr - Antoine Vayer
Un des 1 023 fichiers que m’a transmis un lanceur d’alerte sur l’équipe Sky, devenue Ineos, portait sur la première victoire de Christopher Froome sur une étape du Tour, au sommet de la Planche des Belles-Filles, le 7 juillet 2012. Ce fichier est révélateur d’un cyclisme appelé « à deux vitesses ». Ses coéquipiers, Richie Porte et Michael Rogers, se sacrifient. Ils finissent quand même 13e et 14e. Chris gagne l’étape devant son leader Bradley Wiggins. Il commente ce fichier, surpris par sa fréquence cardiaque (180 pulsations par minute) : « Au final, avec Brad, on aurait pu aller plus vite sur le haut. Je suis sûr qu’on aura l’occasion de vraiment mettre les gaz. » Ils le font collectivement et individuellement, plusieurs fois. Ils finissent aux deux premières places à Paris. Le dixième, le novice Thibaut Pinot, 22 ans, termine à plus de dix-sept minutes malgré un profil de puisance de grimpeur hors norme dans les cols. Pinot gagne une étape, finit près des Anglais en montagne.
L’équipe Sky réveille les spectres de doublés ou de triplés de tricheurs. J’ai utilisé cette expression « cyclisme à deux vitesses » la première fois début 1999, à la suite du scandale Festina en 1998. Les différences de résultats, vitesse et puissance développée, entre ceux qui essaient d’arrêter de se doper et les équipes ou individus qui continuent, sont flagrantes. Le débat s’ouvre alors. Mais Lance Armstrong gagne le premier de ses sept Tour de France en suivant le train de son équipe US Postal, surpuissante. On se tait. Puis Lance tombe. L’expression est restée. Tyler Hamilton et d’autres expliquent comment, après traitement, en six mois, ils ont augmenté de 10 % leurs records de puissance pour changer de régime moteur. Voilà le train Sky qui arrive en 2012. Il roule trop vite. Sky tue chaque Tour, froidement.
Découragement
Depuis le début de cette saison, nombreux sont les coureurs que je scrute depuis leur adolescence qui me témoignent, fichiers à l’appui, de leur découragement. Ils ont essayé d’accroître leurs possibilités humaines grâce à un travail acharné, à la pointe de tous les progrès, sans tricher. Ils me parlent d’us louches et d’équipes qui, sur le plat, les obligent à mettre un plateau (avant) de 55 dents pour espérer suivre. Ils évoquent des vitesses ascensionnelles qui les interrogent sur leur talent. Ils me reparlent de ce cyclisme « à deux vitesses » que je constate, comme eux, sur le terrain.
Je leur dis de ne pas se décourager. Certes, des collectifs se sont gavés en première partie de Tour. Et Alaphilippe a battu de manière stupéfiante son record de puissance de 6 % dans des montées qu’on pensait trop longues pour lui et où il craquait, d’ordinaire. Mais hier, à force de repousser des limites insoupçonnées jusqu’alors, Julian semble les avoir atteintes. Le train Ineos a presque déraillé. C’est tout aussi incompréhensible que sa vitesse folle de ces dernières années. D’autres trains sont devenus des TER d’où certains sont descendus en marche. Mais pas tous.
Pinot, fidèle à son profil de puissance de 2012, grimpe comme il a toujours fait. Il est aidé par David Gaudu, plus talentueux au même âge que son aîné. Le Colombien Egan Bernal développe des puissances conformes à ses habitudes. Le Tour de France va peut-être se jouer à vitesse réelle, la même pour tous en troisième semaine ? Sans recharge de dopants ou méthodes illicites : ceux qui trichent devraient rétrograder. Enfin, logiquement.
5141 personnes ont été prénommées Ilan en France depuis 1900.
Source des données : Insee
(Mis à jour le 20 septembre 2008)