Posté 26 décembre 2004 - 18:46
pour ceux qui veulent des explications sur le calcul des magnitudes
Difficile pour les scientifiques d'évaluer la magnitude des séismes
STRASBOURG (AFP) - Près de 70 ans après l'invention par Charles Richter d'un outil scientifique, "l'échelle ouverte de Richter", permettant de mesurer l'énergie libérée par un séisme, la magnitude d'un tremblement de terre reste difficile à évaluer et peut nécessiter plusieurs corrections.
La magnitude est calculée soit à partir de l'amplitude du signal enregistré, soit à partir de la durée du signal lu sur le sismogramme. Son calcul nécessite des révisions tenant compte du type de sismographe utilisé, de la distance entre le séisme et la station d'enregistrement, de la profondeur du séisme et de la nature du sous-sol où se trouve la station.
Au final, les corrections permettent de calculer partout dans le monde la même magnitude pour un même séisme.
La magnitude du violent séisme survenu dimanche au large de l'Indonésie était diversement évaluée quelques heures après le tremblement de terre. Elle atteindrait 8,9 sur l'échelle de Richter selon l'Institut géologique américain, 8,1 selon l'Observatoire des sciences de la terre de Strasbourg ou encore 6,8 selon le Bureau de géophysique de Jakarta.
"Le rêve de tous les sismologues a toujours été de trouver une mesure unique, mais malheureusement le séisme est un phénomène compliqué qu'on ne peut résumer à un seul chiffre", explique Michel Cara, directeur de l'Ecole et Observatoire des sciences de la terre (EOST).
"En termes de magnitude, l'écart peut atteindre 0,5, voire 1, ce qui est énorme", reconnaît le scientifique, citant l'exemple du séisme d'Alger qui avait fait plus de 2.100 morts et près de 9.000 blessés le 21 mai 2003.
Evaluée dans un premier temps à 6 par l'EOST, la magnitude de ce séisme - c'est-à-dire l'énergie émise à l'épicentre, calculée à partir du signal enregistré sur un sismographe - avait par la suite été établie à 5,2 par le Centre algérien de recherche en astronomie et astrophysique, avant d'être revue à la hausse, à respectivement 6,6 et 6,7 par deux observatoires, l'un européen, l'autre américain.
Selon M. Cara, ces différences ne sont guère surprenantes dans la mesure où les agences sismologiques locales ne sont pas les mieux placées pour évaluer des séismes importants. "Elles donnent en général des chiffres fiables pour des séismes de magnitude inférieure à 5, relève-t-il, mais ont en revanche tendance à sous-évaluer les séismes importants en raison de problèmes de saturation".
Pour éviter ce problème, les sismologues ont depuis les années 1950 mis au point de nouvelles échelles de magnitudes, tenant compte de la durée du signal lue par le sismographe (Md), mais aussi de la localisation ou de la profondeur de la secousse (Ml, Ms ou Mb) ou la nature des ondes (Ms ou Msz).
Les sismologues corrigent également leurs propres évaluations. Dimanche, pour le séisme survenu au large de l'Indonésie, le Bureau de géophysique de Jakarta a ainsi réévalué plusieurs fois sa mesure, calculant une magnitude d'abord à 6,4, puis à 6,6 et enfin à 6,8. De même, l'Institut géologique américain a révisé en hausse la magnitude de ce séisme, la portant à 8,9 contre 8,5 dans un premier temps.
Contrairement aux mesures d'intensité, évaluant subjectivement les secousses à partir des dégâts subis, sur des échelles allant généralement de I à XII, comme c'est le cas de l'échelle de Mercalli, de MSK (Medvedev, Sonpkener et Kamik) ou de la norme européenne EMS (échelle macrosismique européenne), la magnitude n'est pas une échelle en degré mais une fonction continue, qui peut être négative ou positive et qui, en principe, n'a pas de limite, d'où le terme "échelle ouverte de Richter".
Un séisme de magnitude 6 est ainsi dix fois plus fort qu'un séisme de magnitude 5 et cent fois plus fort qu'un séisme de magnitude 4. Cette échelle a été élaborée par l'Américain Charles Richter en 1935. Docteur en physique, M. Richter (1900-1985) était professeur en séismologie au California institute of technology.