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Francis Gillot sera au Haillan ce lundi, en compagnie de son fidèle adjoint René Lobello, pour signer son contrat de deux ans avec les Girondins. Face à son nouvel univers, il réalisera combien il change de monde et de standing, en passant de Sochaux à Bordeaux. Il pourra aussi commencer à mesurer toute l'attente que suscite son arrivée auprès des supporters, unanimes à se dire que l'ex-coach sochalien est l'homme qu'il faut, pour relancer une équipe endormie sur la conviction illusoire de son potentiel.
Car son crédit est immense. Plus élevé que bien d'autres entraîneurs plus huppés, comme Paul Le Guen pourtant triple champion de France avec Lyon. Qu'a-t-il donc de plus, cet homme discret, au profil de sage placide, qui ne murmure que quelques mots rares, au fil d'un discours monocorde ? Pourquoi fait-il l'unanimité sur sa personne, dont les médias réalisèrent subitement l'existence, lorsque le FC Sochaux pointa son nez dans le premier tiers de la Ligue 1 ?
Des miracles à Sochaux
C'est précisément sa réussite avec le club franc-comtois, que tous les spécialistes avaient désigné comme « favori » à la descente, qui décupla l'intérêt autour de lui. En deux ans et demi, Francis Gillot a en effet réalisé des miracles dans le Doubs. Arrivé en janvier 2008, il sauva de la relégation, grâce à l'éclosion de Mervut Erding et quelques victoires convaincantes, un club pourtant relégable à la pause hivernale. Son aventure avec Sochaux se résuma pendant deux ans à l'angoisse d'une lutte permanente, pour éviter le plongeon en enfer, au bout de printemps conclus chaque fois à la 16e place.
Finir 6e cette année constituait une sorte d'exploit. Mais cela révélait surtout les aptitudes d'un entraîneur à obtenir le meilleur de ses hommes, à les convaincre de se battre autour d'un projet de jeu, à donner le meilleur d'eux-mêmes. C'est ainsi que s'épanouirent Marvin Martin, meilleur passeur du championnat et Ryad Boudebouz, les deux moteurs de la belle saison sochalienne. Francis Gillot sait sans doute mieux que d'autres instaurer un climat de confiance dans sa relation avec les joueurs, basée sur le respect mutuel et la nécessité de l'apport collectif. Il nous confiait cet hiver que beaucoup de ses anciens joueurs l'appelaient toujours, comme Seydou Keita à Barcelone.
Sans langue de bois
Au-delà, le plus étonnant, dans sa réussite est son discours. Lui ne manie jamais la langue de bois. Il n'utilise jamais ces artifices d'entraîneur pour se protéger du jugement de leurs dirigeants, par des phrases convenues masquant les vérités du terrain. Il ne cherche jamais les excuses fallacieuses et ne craint pas d'affirmer que son équipe a été mauvaise, quand c'est effectivement le cas, même en cas de victoire, comme devant Caen (3-2). Ainsi dit-il réserver son jugement à ses hommes mais sans doute n'enlève-t-il pas de ses propos, le respect qu'il leur porte. Lui-même, originaire de Maubeuge, fut un joueur solide de Première Division, élément de devoir et de fidélité, qui porta surtout les couleurs de Valenciennes (1974 à 82) et de Lens (1982-88, puis 89-93), en passant par Strasbourg (1988-89) et Mulhouse (1993).
Il débuta sa carrière d'entraîneur à la formation en 1996, au FC Sochaux, où il fut également l'adjoint de Philippe Anziani et Jean Fernandez. Il partit une saison (2003-2004) aux Emirats arabes unis, pour s'occuper du centre de formation d'Al Ayn. L'expérience fut brève car il préféra accepter de devenir, à Lens, l'adjoint de Joël Müller, dont il prit la suite en janvier 2005. En 2004-2005, il qualifia l'équipe artésienne pour la coupe UEFA (4e), puis finit 5e en 2005-2006, à un point de Toulouse et de la 3e place qualificative pour la Ligue des Champions. Il quitta son poste à la fin de la saison suivante, touché par l'échec de son équipe, qui manqua encore la C1 lors de la dernière journée, après avoir figuré sur le podium pendant toute la saison… Confiné à un rôle de superviseur, il préféra assumer la suite de Frédéric Hantz sans le doubs. Aujourd'hui, sa carrière change de standing