Mon point de vue est simple, l'équilibre de l'enfant dépend de tellement de critères différents que la notion de "deux papas/deux mamans", ne serait qu'une goutte d'eau de plus dans un océan qui ne mérite pas qu'on prive les gens qui ont l'envie vicérale d'être parents, de l'être. Entre les parents qui ne s'entendent plus, les difficultés financières, le père qui traîne toute la journée à la maison, le fait d'avoir deux ou trois frères et soeurs et toutes les conséquences que ça peut engendrer, le fait d'être timide, moche, noir, roux, et donc montré du doigt à l'école, le fait d'être entraîné par ses copains dans la fumette et l'alcool dès 13 ou 14 ans, l'influence de la télévision, du cinéma etc. eh bien je le dis, je le redis, et je le redirai, c'est enculer les mouches que de s'insurger contre l'adoption homoparentale sous le prétexte de l'équilibre de l'enfant. Et le pire c'est que c'est tellement aléatoire que même dans les familles très structurées où tout se passe bien, l'enfant peut partir en live.
Je respecte ceux qui y croient sincèrement, mais je leur conseille en toute amitié de s'insurger alors dans le même contre les centaines d'autres influences néfastes qui peuvent venir perturber le sacro-saint équilibre de l'enfant, sans quoi ça pourrait franchement passer pour de la mauvaise foi.
Même au chômage, le père garde son image de père. Le gosse a l'image d'un père fainéant ou déprimé (selon le chômeur qu'il est), mais d'un père.
Pour prendre un exemple extrême, les enfants abusés ou violentés éprouvent les pires difficultés à haïr leur père/mère. Une femme ne sera jamais un père et un homme jamais une mère. Un bon père (pédé, donc) vaut-il une mauvaise mère ? S'il n'était question que d'amour, d'affection et d'attention, peut être. Mais l'éducation n'est qu'une partie de ce qui fonde l'individu. Même si la mère "naturelle" est mauvaise, pour le petit garçon elle est la mère. Même alcoolique, même violente, c'est sa mère et la figure de la mère transcende ces défauts alors qu'il se structure. Après, il pige.
Ton gosse ayant deux mères aura des bonnes notes et sera sûrement bien poli comme il faut : ça, ça relève de l'éducation. Avant l'éducation il y a quelque chose, une structure qui s'ébauche bien avant que le petit garçon / la petite fille soit capable de communiquer et donc de comprendre quoi que ce soit, par exemple que son père est au chômage ou sa mère une connasse. Le père et le fils, la mère et la fille sont connus l'un de l'autre puisqu'ils sont du même genre. Que se passera t-il lorsque le petit garçon comprendra qu'il est le fruit de l'inconnu (pas au sens de la PMA mais du genre) ? Evidemment il ne finira pas dans le caniveau pour autant, mais on ne peut occulter au mieux le manque, au pire le traumatisme que ça peut engendrer.
N'ayant jamais eu de mère (ou de père, mais j'imagine mal deux mecs adopter une fille, ou alors avec toutes les catastrophes que ça implique); il aura en lui un vide qu'il ne comblera jamais. La (fameuse) figure de la mère, et/ou celle du père, et tout ce qu'elle comporte, c'est ça le vrai équilibre de l'enfant, je devrais dire du nourrisson. C'est bien plus profond, ça va bien au delà des moqueries de cour de recré que subit le petit rouquin ou les dérapages de l'ado délinquant. Sur ces choses-là on a une prise, sur la structure, aucune. Une forme d'inné / acquis si on veut bien.
On parle du divorce, ne pas oublier que ce sont les mauvais couples qui font les mauvais mariages ; un couple c'est deux personnes, si l'une des deux a connu le schéma que je viens de décrire, il ne fera pas long feu, donc divorces, donc enfants potentillement malheureux (pas néessairement déséquilibrés ; potentiellement malheureux). Mauvais couples entre autres formés par de mauvais Hommes car féminisés, et mauvaises femmes car masculinisées - la parité, le sexisme, la mysoginie n'ont rien à voir là dedans, merci (j'anticipe).
Malgré tous les débats frénétiques que nous connaissons depuis 50 ans, malgré notre dérive sociétale vers l'immédiateté et le superficiel (si je dis consommation ça fait cliché) qui voudrait faire croire à chacun qu'il a vocation à entrer dans l'Histoire et à se croire plus important qu'il ne l'est (je consomme donc je suis), une Nature (celle de l'Homme, celle de la Femme) ne mue pas en un claquement de doigts, que ce soit dans les rangs de l'assemblée ou sur les plateaux télé.
Qu'un tel sujet soit devenu un enjeu politique pur me donnerait la nausée si j'en avais quelque chose à foutre.