article intéressant de France 2 :
Les Suisses dans le piège turc
Supporteurs, joueurs et services de sécurité ont agressé les Suisses. Frappé dans le vestiaire, Stéphane Grichting a été hospitalisé avec le canal urinaire perforé. La Commission de discipline de la FIFA va ouvrir une enquête, et Sepp Blatter, son président, estime que la Turquie pourrait être exclue des éliminatoires du Mondial-2010.
Thierry TAZE-BERNARD
Publié le 17/11 à 13:10
Une envolée de violences
Comme souvent en Turquie, la défaite amène débordements et violences. Terre de passion, comme peut l'être également la Grèce, ce pays s'est illustré contre la Suisse par des agissements inqualifiables. Vainqueurs (4-2), les Turcs restaient en effet en rade de la Coupe du monde 2006, battus qu'ils avaient été en Suisse (2-0). Le coup de sifflet à peine retenti, ce sont des dizaines de personnes qui ont fondu sur les joueurs helvètes. Agressions, coups, malgré leur rapidité à regagner la protection espérée des vestiaires, les Suisses ont été malmenés. Et on passes le jets en tous genres venant des tribunes. Johann Vogel, Benjamin Huggel et l'entraîneur des gardiens Erich Burgener ont subi les foudres des joueurs adverses mais également des membres des services de sécurité. Mais c'est Stéphane Grichting qui a été le plus durement touché. Dans le vestiaire suisse, l'Auxerrois a reçu un coup de pied dans le bas ventre, nécessitant son transport pour être hospitalisé avec le canal urinaire perforé. Il est sorti de l'hôpital jeudi matin, et sera indisponible entre 7 et 10 jours. il devra également porter un cathéter.
"C'est un véritable scandale", a fulminé l'entraîneur Köbi Kuhn. "Je n'ai pas vu tout ce qui s'est produit dans ce vestiaire, mais le fait de constater que les policiers turcs n'ont pas hésité une seconde à frapper aussi les gens de la télévision turque pour les empêcher de filmer la scène est révélateur du climat dans lequel nous avons baigné la fin de ce match". La fin d'un voyage pour le moins désagréable. A son arrivée, la sélection suisse avait en effet subi les insultes du personnel de l'aéroport, patientant une heure et demie avant de passer la douane, ce qui est certainement un record pour une délégation étrangère arrivant dans un pays. Du coup, leurs bagages avaient mystérieusement disparu, nécessitant une nouvelle attente de 45'. Puis, leur bus était la proie de jets d'oeufs et de tomates. Une belle entrée en matière.
La FIFA réagit
En début de matinée, le porte-parole de la FIFA, Andreas Herren avait indiqué que l'organisme attendait d'avoir récupéré les preuves des faits pour saisir la Commission de discipline. Les choses se sont accélérées dans les heures suivantes.
Joseph Blatter, président de la FIFA, précisait que la Turquie pourrait être exclue des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, ajoutant qu'il avait été "fou de rage" à la vue des événements. "Quelque chose ne fonctionne pas dans le football, je n'ai encore rien vu de pareil", a-t-il indiqué. "Ce qui m'énerve le plus, c'est la manière irrespectueuse avec laquelle la Turquie a accueilli une équipe visiteuse", rappelant les tracasseries administratives et douanières subies par la délégation helvète. Et de conclure: "Tous ceux qui ont été impliqués seront sur la liste des personnes qui seront entendues".
Des propos qui n'ont pas plu en Turquie, où Sekip Mosturoglu, vice-président de la Fédération turque de football, a réagi rapidement: "C'est une déclaration très malencontreuse", d'un "supporteur de l'équipe suisse" et non du président de la FIFA. "N'oublions pas que les incidents ont débuté en Suisse. Nous avons également des plaintes contre la Suisse. Elles sont bien documentées et nous saisirons la Fifa". Et d'ajouter que deux agents de sécurité avaient été blessés dans les vestiaires par les joueurs suisses: "M. Blatter n'a pas évoqué le cas de ces deux personnes, elles n'ont sûrement pas été attaquées par nos joueurs". Une guerre des mots qui ne se terminera que devant la Commission de discipline de la FIFA.
Car l'organisme se doit de réagir fermement. A midi, Sepp Blatter confirmait que la Commission de discipline de la Fédération internationale de football (FIFA) allait ouvrir une enquête sur ces violences auprès de tous les intervenants: joueurs, encadrement, reponsables des fédérations... C'est elle, après auditions, qui décidera des sanctions. Cela pourrait aller des sanctions financières à l'exclusion pure et simple.
La presse suisse partagée
Entre joie de la qualification et indignation des violences. Voilà comment se résume l'humeur de la presse aux lendemains de la qualification pour le Mondial 2006. "Le paradis après l'enfer", titre le quotidien 24 heures, qui écrit que "héroïque, l'équipe de Suisse a résisté à la furia turque", ajoutant que "jamais la Suisse n'avait connu un pareil enfer pour décrocher sa place au paradis".
Le journal Basler Zeitung est beaucoup plus virulent, estimant que les circonstances dans lesquelles ce match s'est joué "sont proprement scandaleuses". "La triste fin d'un happy-end suisse doit être punie à sa juste mesure par la FIFA". Pour le Tribune de Genève, "la joie de la qualification est gâchée par ces évènements aux conséquences certaines". Et de qualifier les événemnts de "véritable scanddale"", ajoutant que le match s'est joué dans une "atmosphère de haine" et que de "graves dérapages se sont déroulés dans les vestiaires".