Posté 20 janvier 2007 - 15:59
Plessis Robinson
Seul sur son île, le président du FC Sochaux espérait-il sincèrement que son coup de gueule contre l’omniprésence médiatique de clubs moins bien classés que lui aurait le moindre effet positif sur la sous médiatisation de son club ? En confiant ses états d’âme dans L’Équipe du 12 janvier (1), Jean-Claude Plessis cherchait probablement plus à faire un coup de communication interne qu’à tenter pour de bon d’infléchir la courbe d’audimat de son club, pourtant en compétition pour une place en C1.
Car le dirigeant sochalien est un trop vieux roublard de la L1 et des médias qui gravitent autour d’elle pour ignorer les ficelles qui président à la mise en avant de tel ou tel club. À l’image d’un Béarnais célèbre, il sait qu’un large éclairage médiatique amène inexorablement à ce qu’on s’intéresse peu au fond, et qu’on donne au peuple ce qu’il est venu chercher: une histoire. N’importe quel scénariste vous le dira : une bonne histoire, ce sont des personnages très attachants et/ou très repoussants, auxquels on prend le temps de s’identifier et que l’on confronte lors de crises inattendues. Et si la réalité refuse un tel affrontement, le concevoir de toutes pièces est d’une simplicité enfantine. Une bonne histoire fait peu de cas de la compétence et un personnage qui se contente d’être efficace dans ce qu’il fait n’est en général bon qu’à donner un coup de main au héros avant de mourir dans d’atroces souffrances.
La question corollaire est un vrai casse-tête : le public s’intéresse-t-il aux histoires plutôt qu’au jeu parce que c’est ce qu’on lui propose, ou propose-t-on des histoires au public parce que c’est ce qui l’intéresse? Qui est coupable: l’œuf ou la poule?
(1) "C’est déprimant, c’est fatigant pour l’entraîneur, les joueurs et les dirigeants. (…) À part quelques allusion, il n’a pas du tout été question de Sochaux. Sans doute notre classement en L1 et la qualité du match livré à Saint-Étienne en Coupe de France ne méritent-ils pas que l’on revienne sur nos performances. Pour une fois qu’on était diffusés en primer time un samedi soir, on a pourtant montré quelque chose de bien aux amateurs de foot (…) Mais bon, je comprends que les projecteurs médiatiques aient préféré se focaliser sur les formidables parades de Barthez, les exploits de Gallardo contre Nîmes et de Marseille à Cambrai. J’en ai parlé avec Gervais Martel, mon ami de Lens. Il a ressenti la même frustration après la qualification de son équipe face à Nancy".