(Est Républicain @ 24 février 2007)
SOS fantômes
ON croit tout savoir de la chose politique. On pense avoir tout vu de la tragi-comédie du pouvoir. Et puis d'un seul coup les éléphants qui, c'est bien connu, apportent énormément, retrouvent la piste et se placent sagement derrière Ségolène Royal.
Bon d'accord, cette réapparition des vieilles gloires laisse perplexe. Mais quand le temps électoral est incertain, mieux vaut se serrer les coudes et oublier pourquoi on s'est tant haï. L'important, c'est de figurer sur la photo de famille. Alors la candidate qui voulait changer la politique a ressorti la génération d'avant. Pour le fun, il y a mieux que l'éternel retour de Lionel Jospin. Mais s'il a piégé tout le monde, en se déclarant disponible pour une mission d'assistance, l'ex-premier ministre possède une stature dont l'équipe de campagne du PS peut tirer profit.
Les militants socialistes attendaient que de nouveaux talents s'ébrouent dans le sillage de Mme Royal. Seulement chasser l'éléphant n'a jamais été une garantie d'expérience et de crédibilité. D'ailleurs, même s'il a un côté SOS fantômes, il faut avouer que le renfort de Jospin a tout de même une autre allure que le ralliement d'André Santini à Nicolas Sarkozy.
Bien sûr, ce rassemblement de quelques icônes et vieux crocodiles sortis de leur retraite ou de leur bouderies, c'est un peu « au secours les socialistes reviennent », mais au moment de passer la surmultipliée, Ségolène Royal avait besoin de mains secourables pour donner des vitamines à son projet. Surtout elle ne pouvait plus se contenter de travailler avec une petite équipe, pendant que les poids lourds regardaient ailleurs.
Aujourd'hui, la stratégie des socialistes est claire : se rassembler. Condamnés à valser ensemble au bal des hypocrites, Ségolène Royal et les plus gradés des éléphants ont conclu un pacte : oublier les egos et les enjeux personnels, pour s'engager dans un combat commun. Mais quand on sait ce que certains ont dit, ou connaissant ce qu'ils ont fait, lorsque les différentes ambitions s'affrontaient, la composition de ce premier cercle, surprend. Sauf que l'union n'a jamais été un handicap et l'addition des compétences une erreur.
Pierre TARIBO