Guy Lacombe sur un siège éjectable ?
La venue de Guy Lacombe, le 27 décembre 2005, un entraîneur formateur à succès, promettait de beaux jours au Paris Saint-Germain. Quant est-il de la situation un an après ? Les mauvais résultats à la tête du Paris Saint-Germain, des choix tactiques contestables, font ils de M.Lacombe, un entraîneur menacé ?
zoom - galleria Continuons notre série des bilans sur la Ligue 1, en nous intéressant plus précisément sur l'un des entraîneurs les plus controversés de notre championnat. Guy Lacombe a fêté mercredi 27 décembre sa première année à la tête du Paris Saint-Germain. Sa nomination, en remplacement de Laurent Fournier, avait suscité une vague d'optimisme parmi les fans de l'équipe parisienne. En effet, Guy Lacombe a connu une vague de succès dans tous les clubs qu'il a fréquenté par le passé, que ce soit avec Cannes, Guingamp ou Sochaux. Mais, le moins que l'on puisse dire, c'est que sa nomination n'a pas entraîné une amélioration des résultats du club de la capitale en championnat, une déception que le victoire en Coupe de France, contre le voisin honni de l'OM, est à peine venue atténuer. Guy Lacombre dresse lui-même ce constat qualifiant ses résultats de : "Médiocres en championnat, très bons en coupe (de France gagnée contre l'OM)." Le bilan se résume pour le moment à seulement 8 victoires en championnat, 16 matchs nuls et 13 défaites en 37 matchs à la tête de l'équipe. Un bilan indigne de l'un des plus gros budget de notre championnat. Cherchons à comprendre les raisons d'un tel insuccès.
Parfois considéré comme une personne psychorigide, Guy Lacombe est avant tout un stakhanoviste du ballon rond, une sorte de perfectionniste, ce qui parfois provoque l'ire de ses joueurs ou de ses proches. C'est ainsi que l'on trouve trace de certains propos tenus par un de ses anciens joueurs à Guingamp qui n'hésitait pas, à l'époque, d'affirmer de Lacombe que : « Rien qu'aux entraînements, Guy est un fou furieux. Il est toujours à fond. Tactiquement, il a tellement de tempérament qu'il va parfois trop loin. Il peut également parler très mal et cela a été limite, chaud, très chaud avec certains joueurs. Sur le plan relationnel, ce n'est pas forcément le meilleur. » On touche du doigt les limites de sa gestion humaine d'un groupe de professionnels. En effet, certains pourraient voir derrière ce moustachu, un être caractériel, une personne qui abuse du verbe et de sa faconde malheureusement, pas forcément à bon escient. On pourrait croire que le conflit ouvert est le seul moteur et la seule méthode de management de cet entraîneur. On retrouve une telle idée dans des propos tenus par Laurent Battles, un de ses anciens joueurs à Toulouse, quelques jours seulement avant l'intronisation de Guy sur le banc du Parc : "Si je devais le comparer à quelqu'un ce serait à Halilhodzic. Un gros caractère. Avec le temps, je suppose qu'il a dû évoluer, retenir certaines leçons. Je me demande d'ailleurs s'il va parler à Pauleta et Dhorasoo, comme il nous parlait à nous dans le temps... " Pour ceux qui ne savent pas en quoi consiste la "méthode" du conflit ouvert, on pourrait la définir comme un enchaînement de propos et d'agissements hostiles qui pourraient sembler anodins si on les prenait isolément, mais dont la répétition peut "briser" psychologiquement la personne qui en est la cible et la victime ou au contraire la conduire à se surpasser dans un excès d'orgueil. ce que renie avec véhémence le coach parisien pour lequel : "Tout cela est faux, s'exclame-t-il. Je déteste le conflit. Sur le plan relationnel, j'ai même énormément évolué. Mais quand on me cherche, c'est sûr, je ne refuse pas le combat. En fait, je peux accepter le compromis. En revanche, je n'accepte pas que l'on transgresse les valeurs fondamentales. (mais qui dicte ces valeurs fondamentales ? lui-même ! Ce qui est totalement contradictoire avec ses propos)" Cette méthode à double tranchant ne semble pas avoir eu des échos positifs au sein de l'effectif du Paris Saint-Germain. En effet, un an après sa prise de fonction au Camp des Loges, Guy Lacombe a réussi "l'exploit" de se mettre à dos une grande partie des cadres de l'équipe. Les premiers, à en faire les frais, ont été Jérome Rothen et Yépes qui ont momentanément rejoint le banc pour le second, voir l'équipe réserve pour le premier. On trouve trace ensuite, d'une pique lancée par le coach envers l'Ivoirien, Bonaventure Kalou. Tout ceci, finissant en apothéose, avec le licenciement, pur et simple, de Vikash Dhorasoo le 11 octobre dernier pour "faute grave". Ce dernier ayant eut le courage de démentire la version officielle de son entraîneur quant à son maintient en équipe réserve. En dépit du fait que l'entraîneur parisien ne soit plus soutenu par tous ses joueurs, Alain Cayzac, qui n'a pas engagé Guy Lacombe, le défend encore, contre vents et marrées, souhaitant ainsi mettre fin à l'instabilité chronique du club, qui a déjà vu passer six entraîneurs en huit ans. Guy Lacombe se justifiant d'un : "On est parti pour un bail ensemble, au moins un an. Le président et les actionnaires sont des gens d'entreprise et ils savent qu'avant de démarrer, on a du mal parfois. On est fautif de la situation mais qui aurait dit que Pierrot (Frau) aurait pris 11 matches de suspension et qu'il se blesserait au moment de revenir ? Qui aurait dit qu'un joueur partirait (Dhorasoo) ? Il y a tout un tas de choses qui ont joué contre nous" alors que son club n'occupe qu'une médiocre seizième place, à deux points du premier relégable.
A sa gestion humaine déplorable, on peut rajouter une gestion sportive et tactique totalement incompréhensible. Par exemple, lors de la débâcle à domicile contre les Israéliens de l'Hapoël Tel Aviv, pour contrer le côté gauche de l'équipe adverse, son point fort, il a aligné un milieu défensif au poste d'arrière droit, Edouard Cissé, et Paulo César, meilleur latéral droit du championnat brésilien en 2005, au poste de milieu défensif, allez comprendre pourquoi ! Lors de ce même match, on a retrouvé David Rozehnal en défense centrale, alors que depuis le début de la saison, il jouait milieu défensif, aux côtés de Sylvain Armand, arrière gauche de formation. On pourrait également citer le cas de David Hellebuyck, recruté pour être la doublure de Jérôme Rothen, brillant milieu gauche à Saint-Etienne, qui est chargé de la récupération du ballon. Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres qui ne sont que le reflet d'une inconstance dans ses choix tactiques, ainsi que le reflet d'un véritable flou artistique dont les joueurs sortent totalement déconcertés. Interrogé sur le site officiel du club parisien, Guy Lacombe a expliqué vouloir continuer la saison avec son groupe actuel, ne souhaitant pas de nouvelles recrues. "Le seul joueur que je souhaite remplacer et celui qui est parti lors des six derniers mois (Vikash Dhorasoo). Je crois en mon groupe et je pense qu’il peut réaliser de belles choses. Les prochains mois vont nous offrir des jours meilleurs. Maintenant, si certains ne se sentent pas bien et qu’ils ont des propositions, nous ne les retiendrons pas. Le Président prendra toutefois la décision finale". Affirmant que : "Il faut s’adapter au PSG ! Certains joueurs prestigieux ont eu encore plus de difficultés à s’intégrer dans la capitale. Je pense qu’ils vont revenir plus forts après la trêve ! Avec le travail que nous fournissons, cela va venir." Espérons seulement pour lui que les dirigeants lui laisseront le temps nécessaire pour mettre en place une véritable équipe, car comme le reconnaît Guy Lacombe : "La situation n'est pas florissante mais les joueurs sont à même de relever le challenge. Il y a des signes, des petits trucs qui font que je crois au destin du PSG. On se comporte pas mal à l'extérieur". Ce formateur dans l'âme aura au moins eut le mérite de croire en ses idées et d'incorporer des jeunes du centre de formation, ce que n'ont pas pris le temps de faire ses devanciers, comme par exemple, les excellents Boukary Dramé, Clément Chantôme ou encore Youssouf Mulumbu.
A la lumière de notre article il semblerait que Guy Lacombe ne soit pas forcément la personne adéquate pour redorer le blason parisien. Cependant, l'acharnement de l'entraîneur et du président à vouloir continuer coûte que coûte dans cette direction, pourrait finir par payer un jour. Francis Gillot n'a pas toujours eut ses résultats actuels à la tête de Lens, seul le soutient de Gervais Martel, lui a valu de garder sa place, avec la réussite que l‘on connaît aujourd’hui. On pourrait trouver d'autres exemples dans ce style, qui donneraient raison aux dirigeants parisiens de maintenir leur entraîneur malgré l'ire de la vox populi.
Ca chauffe, ça chauffe !