En plus d'être champion du monde, Maradona a une chose que Messi n'aura jamais, et une seconde que Messi n'est pas près d'avoir.
La première : il est devenu un grand joueur dans son championnat, puis en équipe nationale, avant de partir en Europe. Tout pour être un enfant du pays. Messi est sorti adolescent d'un centre de formation espagnol, le pays colonisateur. L'Argentine voit de temps en temps un des meilleurs joueurs du monde atterrir sur son continent pour honorer son devoir envers la sélection nationale, à court de forme parce que fatigue, décalage horaire, altitude parfois, peut-être l'envie de s'économiser en vue d'un match important pour son employeur-payeur, etc. Difficile de vénérer un joueur qui se fait taper 2-0 en Equateur, fait 1-1 à domicile contre l'Uruguay en marquant sur penalty puis retourne "chez lui" en Europe.
D’accord avec la dimension « enfant du pays », c’est tout à fait ça, et au sens strict. Néanmoins précisons qu’en Amérique Latine on ne voit pas l’Espagne comme le pays colonisateur, terme péjoratif, mais plutôt comme l’aîné d’une nombreuse fratrie, qui serait parti de la maison très jeune et qu’on a peu, voire pas, connu. On est proches et loin à la fois, mais il n’y a ni jalousie ni ressentiment. L’Argentine adorerait adorer Messi mais pour cela il faudrait qu’il soit en effet, en quelque sorte de la famille, un titre de champion du monde n’y changerait rien. Là bas il n’y a rien au dessus de la famille, pas même une coupe aussi dorée qu’elle soit. D’ailleurs de nombreux footballeurs argentins reviennent finir leur carrière dans leur club formateur. Dernièrement, Lisandro Lopez, Milito, Civelli par exemple. Il y a de très nombreux exemples. Parce que c’est la famille.
Pour moi aussi Diego restera le plus grand même si je l’aurai finalement peu vu jouer. Je crois avoir ressenti, à l’annonce de sa mort, la même tristesse que celle qui fut la mienne à la mort de Michael Jackson. Pourtant je n’écoutais pas tant que ça MJ non plus (voire pas du tout).
Les deux avaient beaucoup de points communs, très (voire très très) jeunes présentés comme des prodiges, sous les feux des projecteurs, ou de la rampe, et donc soumis aux influences néfastes, dès l’enfance, tous deux avaient leur part d’ombre ... mais pourquoi une telle tristesse pour ces deux hommes ?
Hé bien je crois que c’est parce qu’ils étaient restés des enfants, de mon point de vue en tous cas. Et on ne se résout pas à voir partir un enfant.
Diego est resté un gosse toute sa vie, avec ses caprices, ses incohérences, voire son inconséquence, mais aussi sa créativité débridée, zéro complexe, tout en spontanéité. Il l’est resté dans sa tête en partie, je ne sais pas je n’étais pas dedans ... mais surtout il l’est resté dans les yeux des gens qui l’adoraient. C’est sans doute aussi pour ça qu’ils lui pardonnaient presque tout.
Imaginons que l’Angleterre ait éliminé l’Argentine en 1986, que ce but de la main ait été refusé. Imaginons même que les Anglais aient été champions du Monde. Quel impact sur l’histoire du foot ? Cette « histoire » qu’on nous sert a toutes les sauces pour mieux nous vendre un spectacle de plus en plus éloigné de ce qu’il devrait être, « Machin entre dans l’histoire, nous vivons un moment extraordinaire qui vaut bien un abonnement de 54€ par mois, en effet il est le 1er joueur Polonais à faire 4 passes décisives dans le même mois en 1ère division Hollandaise depuis que le championnat est à 18 clubs ».
Bref quel impact ? Moi je dis : minime. Pas « mimine » hein ! Minime. Les Anglais pensent peut être différemment, mais ce n’est même pas sûr (ben oui, ils sont Anglais, ce qui implique beaucoup de choses).
Un Neymar qui plonge et simule, c’est à la fois grotesque et agaçant au plus haut point, une plaie pour le foot. Des Neymar on en verra encore des dizaines, alors qu’un Maradona ... À l’heure des agents omniprésents, des médias omnipotents, de la VAR, de la technologie, des statistiques ... hé bien les Diego c’est fini, on n’en verra plus jamais.